Un défilé de critiques après les dires d'Eva Joly

16 juillet 2011

Un défilé de critiques après les dires d'Eva Joly

La candidate d'Europe Écologie-Les Verts s'est attiré les foudres de la majorité de la classe politique après avoir proposé la suppression du défilé militaire du 14 Juillet

En proposant le remplacement du défilé militaire par un défilé citoyen, Eva Joly a fait réagir. Ph Afp

C'est une véritable volée de bois vert qui s'est abattue sur Eva Joly après ses propos tenus la veille, lors de la fête nationale du 14 Juillet.

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La fraîchement intronisée candidate d'Europe Écologie-Les Verts (EELV) se trouve place de la Bastille, à Paris. Elle participe à une manifestation en compagnie de Stéphane Hessel (« Indignez-vous ! » ; « Engagez-vous », écrit sur invitation de la Ligue des droits de l'homme). Passe alors une colonne de chars et de blindés qui provoque chez Eva Joly la réaction suivante : « Je pense que le temps est venu de supprimer les défilés militaires du 14 Juillet parce que ça correspond à une autre période. » Avant de proposer à la place « un défilé citoyen, où nous verrions les enfants des écoles, où nous verrions les étudiants, où nous verrions aussi les seniors défiler dans le bonheur d'être ensemble, de fêter les valeurs qui nous réunissent ».

Comme on dit souvent, elle a certainement perdu une occasion de se taire. Il fallait écouter Boris Vian dans son « On n'est pas là pour se faire engueuler, on est là pour voir le défilé ». Mais, cette fois, c'est d'un défilé de critiques qu'il s'agit. Hervé Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, a ouvert le tir : « C'est pathétique. Dire ce qu'elle a dit est pour moi une insulte à tous ceux qui, depuis des siècles, meurent pour ce pays. » Le ton est donné, et il convient pour les indignés de la petite phrase d'appuyer là où cela fait mal, avec l'actualité pour témoin. « Alors qu'en Afghanistan six soldats français viennent de tomber dans la lutte contre le terrorisme, ces propos sont une insulte à nos armées, à nos anciens combattants qui ont fait le sacrifice de leur santé ou de leur vie pour défendre notre territoire et les valeurs de la République », assure Michel Grall, secrétaire national de l'UMP aux anciens combattants.

Une binationalité gênante

Ces réactions à chaud ont reçu l'assentiment d'une grande partie du Parti socialiste. Laurent Fabius s'est dit « attaché au défilé ». Idem pour Ségolène Royal et Manuel Valls. Seule Martine Aubry, qui compte bien sur le soutien d'EELV en cas de second tour à la présidentielle, a nuancé le propos : « Je pense qu'il faut garder ce défilé. Mais rien n'empêche en même temps de faire une Fête de l'égalité chaque 14 Juillet. »

Hier, le débat a dérapé dans les pas de Lionel Tardy, député UMP, qui a déclaré : « Il est temps pour elle de retourner en Norvège ! » Marine Le Pen a repris le flambeau avec un « Cela démontre qu'Eva Joly ne comprend rien au lien extrêmement profond qui existe entre le peuple français et son armée, peut-être parce qu'elle est née en Norvège ».

Même le Premier ministre, François Fillon, s'est laissé aller à l'exercice à sa façon : « Je pense que cette dame n'a pas une culture très ancienne des traditions françaises, des valeurs françaises, de l'histoire de France. »

Tout le monde aura compris que ce qui est mis en cause est la binationalité d'Eva Joly, née norvégienne et française par alliance depuis 1967. Ce qui fait dire à son directeur de campagne, Sergio Coronado : « Elle est française depuis plus longtemps que Marine Le Pen, qui est née en 1968. M. Fillon nous avait habitués à des positions plus modérées. Nous ne renions pas ce qu'a déclaré Eva. Elle dit de façon claire et structurée la position de la majorité des Verts, soit que la République ne peut pas se résumer à un défilé militaire. »

Parmi les soutiens, on compte aussi l'indéfectible Noël Mamère : « Je m'élève contre ceux qui aujourd'hui parlent d'anti-France en citant Eva Joly. J'y vois des relents pétainistes chez des gens qui ont invité Bachar al-Assad l'an dernier pour le 14 Juillet. » Quant à Cécile Duflot, la secrétaire nationale d'EELV, elle s'est contentée d'un laconique : « Je ne suis pas au courant, et je suis en vacances. »

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