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16 juillet 2011

Et si on supprimait le défilé militaire du 14 juillet ?


Au-delà de la polémique sur la présence d'Assad, la France pourrait fêter la nation autrement qu'en exhibant des canons.

Et si on se passait du défilé militaire annuel sur les Champs-Elysées ? Je vous jure que cette suggestion n'a rien à voir avec le fait que Nicolas Sarkozy présidait ce lundi aux cérémonies, ou que Bachar el-Assad applaudissait en voyant passer la promotion de Saint Cyr portant le nom d'un officier assassiné au Liban par les sbires de son père.

Non, il s'agit d'un sentiment déjà ancien qui me met mal à l'aise quand on me dit d'être fier de voir défiler des chars AMX-30 sur les Champs-Elysées, et que le passage des élèves des écoles militaires des trois armes plus la gendarmerie, la police et les pompiers me remplit d'ennui plus que d'orgueil.

N'oublions pas, de surcroit, que seules de rares démocraties organisent encore des défilés militaires, outre la Corée du nord, la Russie, et tous ceux qui ont encore intérêt à bomber le torse vis-à-vis de leurs voisins. La France n'en est plus à l'époque -1880- où cette pratique du défilé a été introduite, et maintenue ensuite par des chefs d'Etat, de droite comme de gauche, qui se sentent valorisés par la parade des forces armées.

Je ne demande pas la dissolution de l'armée française

Qu'on m'entende bien, il ne s'agit pas du cri d'un pacifiste bêlant, je ne demande pas la dissolution de l'armée française, et j'applaudis au symbole d'avoir mis en tête de cortège ce 14 juillet les Casques bleus français portant le drapeau bleu des Nations Unies.

Je suis bien conscient que le monde actuel contient plus de menaces que d'espoirs : lorsque j'étais correspondant à Jérusalem, à l'époque des accords d'Oslo, Shimon Pérès, l'un des inspirateurs de cet effort de paix, prophétisait qu'un jour « le seul général dont on entendra parler au Proche Orient sera General Motors » ! Une beau jeu de mots, mais suivi de quinze années supplémentaires de sang et de larmes. Et ce n'est pas fini malgré la belle « photo op. » de Paris.

Non, c'est juste que dans la France actuelle, ce symbole d'unité nationale autour de son armée me semble non seulement désuet, mais, surtout, ce n'est pas de ce côté que le bât blesse dans la société française.

Les Français n'ont pas (contrairement à Sarkozy) de problème avec leur armée, comme l'ont répété à satiété les généraux interviewés sur toutes les chaînes de télé -ils en ont un avec la cohésion sociale, avec le modèle de société républicain construit depuis un siècle, dont chacun sent aujourd'hui qu'il craque, qu'il prend l'eau, sans savoir s'il est mortellement atteint, et surtout, ce qui va suivre.

Réinventer le 14 Juillet, en réaffirmant la solidarité de la nation

La vraie modernité ne serait-elle pas de réinventer un 14 Juillet qui, chaque année, serait la réaffirmation de la solidarité de la nation, une solidarité dont on sait bien qu'elle ne passe pas par une riposte militaire mais sociale. Ça distrairait sans doute moins les touristes, et il serait difficile d'y inviter Bachar el-Assad, mais la fierté collective d'appartenir à une société plus fraternelle et solidaire y gagnerait sans doute.

Voilà, c'est juste une idée personnelle, comme ça, après avoir subi deux heures de commentaires lénifiants à la télé et surtout en entendant une journaliste poser à Carla Bruni-Sarkozy cette question : « pensez vous que ce défilé soit le symbole d'une France plus fraternelle » ? Je vous laisse deviner la réponse.

Rectifié le 14/7 à 17h45. Saint Cyr au lieu de Polytechnique dans le premier paragraphe, merci à l'internaute qui a signalé cette erreur d'inattention.

► A lire aussi : Au défilé du 14 Juillet : au fait, il a fait son service, Nicolas Sarkozy ?

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