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22 juillet 2011

Une gauche très « primaire »

le 14/06/2011 à 00:00 par Patrick Fluckiger

 
 
Au Parti socialiste, chez les écologistes et même au PC, où ce n’était pas prévu, les militants, et parfois les sympathisants, sont appelés aux urnes pour choisir le candidat à la présidentielle 2012.

Hollande, Montebourg, Royal, Valls et peut-être Aubry au Parti socialiste, Hulot, Joly, Stoll et Lhomme chez Europe Ecologie-Les Verts, Mélenchon, Chassaigne et Dang-Tran au Parti communiste : les partis de gauche ont décidé de se tourner vers leurs adhérents pour choisir leur candidat à la présidentielle. C’est une première. Du temps de François Mitterrand et de Georges Marchais, il n’y avait pas besoin d’en appeler au corps électoral pour trouver un champion ! Tout juste les militants ratifiaient-ils le nom du candidat « naturel » lors d’un congrès ou d’une Conférence nationale.

Les temps changent avec la disparition des monstres sacrés qui s’imposaient d’eux-mêmes. La première primaire socialiste date de 1995. Cette année-là, le PS compte sur Jacques Delors pour succéder à François Mitterrand. Mais le père de Martine Aubry déclare forfait en toute fin d’année 1994, quelques mois à peine avant l’échéance, laissant un parti désemparé. Le PS est alors dirigé par Henri Emmanuelli, pas vraiment connu des Français… et qui, de surcroît, ne fait pas l’unanimité dans sa propre boutique.

Un vote interne est organisé en catastrophe, qui voit Lionel Jospin battre Emmanuelli. À l’époque, Ségolène Royal, qui se sent déjà pousser des ailes, s’oppose à ces primaires en donnant un aperçu du style qui va être le sien. Elle démissionne de son poste, honorifique, de présidente du conseil national du PS, le 24 janvier (video)  et convoque les caméras pour lancer : « J’appelle les militants à rester à l’écart de ces funestes querelles. Deux trains sont lancés à toute allure l’un contre l’autre, pilotés par les mêmes acteurs du détestable congrès de Rennes. Je dis aux militants : écartez-vous des voies ! »

Mal vu : Lionel Jospin, vainqueur de la primaire, arrivera en tête du 1 er tour de la présidentielle et fera un score honorable au deuxième, où il sera battu par Jacques Chirac. Deux ans et une dissolution malencontreuse plus tard, il sera Premier ministre.

La première primaire écologiste est plus ubuesque. Elle a lieu au printemps 2001 pour désigner le candidat Vert à la présidentielle de 2002. Alain Lipietz est élu par 50,3 %, le 21 juin, contre 49 % à Noël Mamère. Mais Lipietz ne chantera qu’un été : après une déclaration fracassante en faveur d’une amnistie totale pour les prisonnier corses, la direction des Verts le remplace d’office, par… Noël Mamère. Celui-ci avait affirmé, quelques jours auparavant, que sa décision de ne pas se présenter était « irrévocable ». La pantalonnade est totale.

La deuxième primaire socialiste est beaucoup plus dévastatrice que la première. Trois candidats à la candidature s’opposent en novembre 2006 : Ségolène Royal triomphe dès le 1 er tour de Dominique Strauss-Kahn et de Laurent Fabius, mais l’atmosphère au sein du parti est plombée. La madone du Poitou a gagné le cœur des militants, elle n’arrivera pas à s’imposer à l’appareil socialiste et pas même à François Hollande, qui est alors toujours officiellement son compagnon. Quand un socialiste remarque, à l’issue de la primaire, que « désormais, le général c’est Ségolène », Hollande rétorque, grinçant : « Le général c’est moi. » Ambiance, ambiance…

C’est pour éviter la réédition de la primaire 2006 qu’Arnaud Montebourg a proposé, et réussi à faire passer, l’idée d’une « primaire ouverte ». Cette fois-ci les militants socialistes ne seront pas seuls à choisir leur candidat : l’élection s’adresse à tous les sympathisants de gauche. Il suffira de verser un euro symbolique et de signer un papier affirmant se reconnaître dans « les valeurs de la gauche » pour participer au scrutin, les 13 et 20 octobre prochains. Arnaud Montebourg, lui-même candidat, affirme avoir pris modèle sur les primaires au sein de la gauche italienne. Romano Prodi avait été désigné ainsi par quatre millions d’électeurs de gauche de la Péninsule en 2005, et avait remporté en 2006 les élections contre Silvio Berlusconi.

Problème : toute l’opposition italienne avait alors joué le jeu, des communistes aux centristes. En France, on en est loin, puisque le Front de gauche va présenter son propre candidat, ainsi que les écologistes, le MoDem, le NPA, Lutte Ouvrière et sans doute d’autres encore. Les « primaires ouvertes » se sont déjà refermées sur les anciens schémas.

le 14/06/2011 à 00:00 par Patrick Fluckiger

 

Mon commentaire: Pas du tout d'accord avec cette analyse qui prétend que la première primaire fut une réussite... elle a mis  en évidence  le panier de crabes et les luttes d'influence meurtrières , qui se jouent au sein du parti des socialistes (car on peut penser que  le parti, normalement, appartient aux socialistes, n'est-ce pas?) que se font les prétendants.
Erreur aussi d'affirmer que la deuxième primaire fut un échec: le PS était passé en quelques mois de 120 000 militants à 230 000, parmi lesquels plus de 60%  ont choisi leur représentante : à souligner que ces luttes d'influence se sont déroulées après pendant la présidentielle, "sous le tapis", de manière feutrée,  pour arriver au résultat que nous savons: l'échec est de la responsabilité des "chefs" de courant... Aujourd'hui, le risque est de voir la responsable du parti utiliser l'appareil pour se faire de la pub et se faire apparaitre comme légitime pour ces primaires, courcircuitant -  encore - la démocratie  au sein du PS et de la gauche...

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