Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Vu au MACROSCOPE
Visiteurs
Depuis la création 1 378 945
Newsletter
22 juillet 2011

Hébergement d'urgence à Paris : "une situation explosive"

Sur METROFRANCE

La démission de Xavier Emmanuelli de la présidence du Samu social a mis en lumière la crise qui traverse actuellement le secteur de l'hébergement d'urgence dans la capitale. Tous les professionnels dénoncent une situation extrêmement tendue. Metro s'est rendu dans un centre d'hébergement pour femmes, dans le XIIIe arrondissement.

Depuis un mois déjà, les élus et les associations alertaient les pouvoirs publics sur la réduction des crédits apportés à hébergement d'urgence. En mai dernier, l'Etat, qui finance le Samu social à 92%, a en effet décidé de réduire les moyens alloués à l'hébergement d'urgence. Conséquence immédiate : 3 500 nuits par jour d'hébergement en hôtel sont supprimées pour les familles sans abris rien que pour la ville de Paris (5 000 sur la région). 

Plusieurs centres ont également dû fermer leur service d'accueil d'urgence. Comme le centre israëlite de Montmatre, qui disposait de places d’accueil de nuit, contraint de cesser son activité au 31 mars. "On nous a coupé les budgets, explique une employée. Alors qu'on a toujours fait de l'urgence". Idem dans le XIe arrondissement où c'est le centre Yves Garrel,le seul dans la capitale à accueillir des femmes en situation d’urgence, qui a dû fermer ses portes fin juin, provoquant la colère des associations.

Visite de la maison Coeur de femmes, dans le 13ème arrondissement

Pour l''association Aurore, la baisse des budgets va représenter un trou de 80 000 euros. " On distribue des repas chauds tous les jours, explique Bruno Berthelot, directeur du pôle Urgence.On ne sait pas comment on va pouvoir continuer après le 30 septembre". L'association gère aussi 4 centres d'hébergement à Paris. 

La maison Cœur de femmes accueille, dans le XIIIe arrondissement, des femmes seules en grande précarité. "l'idée est de les accueillir sur un temps long, pour qu'elles se reconstruisent et de les accompagner progressivement vers l'autonomie", explique Angélique Bérengé, responsable. "Alors qu'on était confrontées à un public exclu socialement, on a de plus en plus affaire à des femmes qui ont un travail", continue-t-elle. 

Travaillant en parallèle avec un bâtiment du XVIIIe arrondissement, Angélique Bérengé explique que les places d'hébergement d'urgence – 8 lits – sont tout le temps saturées. Et alors que le centre de Tolbiac veut davantage travailler sur des séjours longs, "Il nous arrive d'héberger des femmes parce qu'elles ne savent pas où aller. Elles dorment sur le canapé dans le salon", explique Angélique Bérengé.

Les huits salariées reçoivent des appels "tous les jours" pour des demandes d'hébergement, mais la demande a fortement augmenté ces six derniers mois. En 2009, la structure refusait 945 personnes. En 2010, 1049. et pour les six premiers mois de 2011, Cœur de femmes a déjà refusé d'accueillir 975 personnes. Une situation "inédite" pour Angélique Bérengé, qui dénonce une situation "explosive". La coupe des budgets (moins 4%, soit un total de 40 000€) a déjà obligé l'association à supprimer un poste.

Les urgences des hôpitaux engorgées

Confrontées à de plus en plus de demandes, Angélique Béréngé reconnaît qu'elle les dirige vers les urgences des hôpitaux de Paris. Conséquence : les services doivent faire face à un afflux de familles qui cherchent un abri pour la nuit. Une situation que dénonce à Metro Patrick Pelloux, président du syndicat des médecins urgentistes. " Depuis quatre mois, la situation a pris une envergure inédite. Le week-end dernier, les urgences ont dû accueillir 11 familles. Du jamais vu !", s'exclame-t-il. Et le médecin est formel : "nous sommes face à une crise sociale monstrueuse. Il faut déclarer un état d'urgence sociale".

Lucia, 50 ans, est arrivée dans la maison Cœur de femmes depuis quelques jours. "J'ai dormi la nuit juste avant la fermeture au Centre Garrel. Après, je n'avais plus aucun endroit où aller". Entre la gare de Lyon et l'hôpital Saint Antoine, elle a finalement trouvé refuge dans le XIIIe arrondissement. "Mais elle a eu de la chance, parce qu'une place se libérait", tempère Angélique Bérengé. Il reste encore de nombreuses femmes à la rue".

La politique du "logement d'abord"

Benoist Apparu, secrétaire d'Etat au logement a lui, défendu sa politique en expliquant que le gouvernement défend une nouvelle stratégie, basée sur le principe du "logement d’abord""Le logement d'abord, d'accord , critique Angélique Bérengé. Mais pour la plupart des personnes qu'on accueille, ce n'est pas une situation envisageable à court terme. Il faut d'abord leur apprendre à se réinsérer dans la société. Le logement est l'étape suivante. Sans ce travail, ça ne marchera pas".

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Vu au MACROSCOPE
Derniers commentaires
Archives
Publicité