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4 août 2011

M Aubry et F Hollande s’égarent au FMI

Hervé NATHAN sur MARIANNE2

Ce week-end les deux principaux dirigeants socialistes ont eu un moment de faiblesse et ont approuvé la candidature de Christine Lagarde au FMI. Retour sur une erreur de jugement qui rappelle de mauvais souvenirs.

 

(capture d'écran Dailymotion - BFMTV - cc)
(capture d'écran Dailymotion - BFMTV - cc)

Dimanche midi, Martine Aubry stupéfiait d’une phrase les téléspectateurs de gauche, en adoubant, il n’y a pas d’autre terme,  la candidature de Christine Lagarde à la direction générale du FMI.  Sur France-2, la première secrétaire du PS trouvait que  la nomination de la ministre de l’Economie à Washington« serait une très bonne chose pour notre pays et pour l'Europe ». Et de s’expliquer :  « Si l'Europe peut avoir ce poste et si une Française peut l'obtenir, je crois que cela serait une très bonne chose pour notre pays et pour l'Europe  (...)Mme Lagarde, au-delà des divergences que l'on peut avoir je pense à la politique économique, à ce qui est fait en
matière salariale et le pouvoir d'achat
, est une femme respectable ». François Hollande  n’était pas loin non plus, affirmant sur RTL : « sur la personne (de Christine Lagarde), je n’ai aucune réserve sur la compétence ».

 Et voici qu’en un week-end, Martine Aubry et François Hollande, l’un déjà candidat à la primaire, l’autre s’apprêtant à l’être,  effaçaient deux combats menés par son camp. Le premier tient à la « respectabilité » de Christine Lagarde. Outre les quelques casseroles révélées récemment, comme le licenciement de Lynda Asmani, pas assez dans la ligne de l’UMP pour travailler à Bercy, Christine Lagarde est sous le coup d’une enquête lourde sur l’abus de pouvoir éventuel dans l’affaire Tapie, qui a permis à « Nanard » d’empocher 230 millions d’euros nets, aux dépens des contribuables. Martine Aubry a semblé ignoré que le renvoi devant la cour de justice de la République, dont la commission des requêtes dira le 10 juin prochain s’il y a matière à poursuivre, est consécutif à l’action menée par neuf députés dont Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l’Assemblée d’une part, et  d’autre part par Didier Migaud, premier président de la cour des comptes, et socialiste.

Le second combat, plus général, tient à l’orientation de Christine Lagarde. On oublie, tant Nicolas Sarkozy capte toute l’action gouvernementale à son profit, que la ministre est une des plus libérale que la Vè République ait connu.

Il suffit de se rappeler que récemment encore elle prônait la suppression de l’ISF, et qu’elle s’est débrouillée pour tordre la directive européenne  sur les bonus des banquiers dans un sens favorable à ses derniers. Le député écologiste Pascal Canfin rappelait dans Marianne que Bercy s’était opposé au niveau européen à une meilleure réglementation de la spéculation sur les marchés, et avait imposé ses vues. Christine Lagarde est intelligente, charmante, parle un américain excellent, mais c’est aussi une femme politique, avec des convictions. 

Jérôme Cahuzac, président socialiste et strauss-kahnien, de la commission des finances de l’Assemblée,  interrogé par Marianne2.fr  met en garde : «  avant d’approuver sa candidature, posons les bonnes questions : va-t-elle continuer à faire prévaloir les idées de régulation que portait DSK au FMI ? Je n’en suis pas sûr. Et pour être plus précis encore : dans la crise actuelle en Europe est-elle pour l’augmentation de l’impôt sur les sociétés en Irlande, pour la mise à contribution de la propriété foncière de l’Eglise orthodoxe en Grèce ? »

Alors comment expliquer  chez les deux dirigeants socialistes une telle tolérance à Christine Lagarde. Les proches de Martine Aubry expliquent que son intervention n’était pas préparée sur ce sujet. Elle aurait été surprise, et la prise de parole de Benoît Hamon, très critique le lendemain, et avec son accord, montre qu’elle avait pris conscience de l’enjeu. Ceux de Hollande pointe la « réserve » exprimée sur « l’orientation ». Un simple bug, donc chez des socialistes un peu sonnés par l’affaire DSK. « Vous comprenez, glisse l’un d’entre eux, comme c’est l’un des nôtres qui est à l’origine de cette pagaille, cela nous interdit d’être trop critiques sur son successeur ».

L’autre explication est hélas plus convaincante :   d’un coup on a vu revenir les mauvais réflexes de la « gauche de gouvernement ». L’idée qu’étant « présidentiable », il faudrait être capable de sacrifier les principes politiques (la différence entre une politique ultra libérale et une politique social-démocrate) sur l’autel de « l’intérêt général » de la France qui ne doit pas laisser échapper un poste prestigieux que son élite squatte depuis de dizaines d’années ou que le concert des gouvernants européens mérite toujours d’être entendu avant  la rumeur des peuples. On se croirait renvoyé  13 ans en arrière, lorsque Jacques Chirac, Lionel Jospin et DSK, appuyaient en 1998 la nomination du néerlandais Wim Duisemberg à la présidence de la BCE, en parfaite connaissances de ses orientations très libérales, parce qu’elle permettait quatre ans plus tard  au français Jean-Claude Trichet d’occuper le poste.  Déjà on avait assisté à un consensus national derrière un candidat pour le moins controversé ! Il vaudrait mieux, pour la gauche, qu’elle évite de reproduire la même bourde.

 

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