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22 août 2011

L’opposition est-elle prête à gouverner ?

Le gouvernement provisoire qui représente les rebelles suscite la méfiance dans les pays occidentaux. Pourtant, il fait preuve de transparence et d’ouverture.

 

01.06.2011 | Hanan Ghosheh*Sur Courrier international

 

Alors que la riposte meurtrière du colonel Kadhafi contre le soulèvement populaire, commencé le 17 février, entre dans son quatrième mois, l’opposition libyenne suscite de nombreuses interrogations. Sa nature fait l’objet de diverses rumeurs et suppositions, d’informations partielles et tronquées ou de soupçons d’accointance avec Al-Qaida ou le Hezbollah. On évoque même une guerre fratricide entre forces tribales. Voilà pourquoi le Conseil national de transition (CNT), gouvernement d’opposition par intérim de la Libye, a dû dépenser autant d’énergie à se défendre contre de fausses informations diffusées par les médias occidentaux et les cercles politiques que contre les assauts répétés des forces de Kadhafi.

La création du CNT a été une réponse improvisée à une crise inattendue. Qui aurait pu prédire que les manifestations du 17 février 2011 se transformeraient en une révolution de grande ampleur, conduisant à la libération de Benghazi et d’autres villes ? Après quarante-deux ans d’une dictature étouffante, les Libyens n’étaient de toute évidence guère préparés à cette soudaine vacance du pouvoir. Afin de préserver leur liberté toute neuve et d’empêcher le pays de s’enfoncer dans le chaos, un gouvernement provisoire a donc été formé et installé officiellement le 5 mars. Les 31 membres du CNT sont des universitaires et des professionnels, dont plusieurs femmes. Ils ont été nommés par les conseils locaux qui représentent plusieurs régions du pays.

L’objectif immédiat du CNT était de restaurer l’ordre et d’assumer au jour le jour ses responsabilités dans les régions libérées du pays, tout en se présentant comme le porte-parole légitime du peuple libyen auprès de la communauté internationale. Son objectif ultime étant le départ du colonel Kadhafi du pouvoir et la transition vers un gouvernement démocratique, pluraliste et laïc.

Moustapha Abdeljalil, ancien ministre de la Justice du régime Kadhafi, a été désigné pour présider cet organe gouvernemental encore balbutiant. Selon Ali Zeidan, représentant du CNT en Europe, ce choix s’explique par sa réputation d’honnêteté auprès du peuple libyen. Avant les manifestations de 2011, Moustapha Abdeljalil était connu auprès de diverses organisations de défense des droits de l’homme pour ses positions très critiques à l’égard des détentions arbitraires dont le gouvernement Kadhafi est coutumier.

D’autres personnalités éminentes se retrouvent à la direction du CNT. Abdel Hafiz Ghoga, ancien président du syndicat des juristes de Benghazi, aujourd’hui vice-président du CNT, et Mahmoud Jibril, directeur du comité exécutif, qui représente le CNT sur le front diplomatique. Ce dernier était à la tête de la délégation libyenne qui a rencontré Nicolas Sarkozy le 10 mars et emporté la reconnaissance officielle du CNT par la France. Le CNT fait preuve de transparence et d’ouverture en matière d’exercice du pouvoir mais aussi dans sa vision de l’après-Kadhafi. Dans son projet de gouvernement démocratique, il est stipulé que la Libye “refusera la violence, le terrorisme, l’intolérance et l’isolement culturel, tout en respectant les droits de l’homme”. Du point de vue économique, il a promis de préserver les accords internationaux en vigueur et de protéger les intérêts occidentaux en Libye, mais aussi de mettre en place une économie de libre-échange.

Avec des fonds qui s’amenuisent et des ressources limitées, le CNT a du mal à défendre sa population contre les attaques des forces de Kadhafi. D’autant plus qu’il lui faut également soutenir et diversifier ses activités au sein du pays et à l’étranger tout en essayant de répondre aux besoins primordiaux de ses citoyens. La communauté internationale doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour permettre au peuple libyen de réaliser son rêve de liberté.

Note : * Militante américano-libyenne, elle a lancé plusieurs pétitions en faveur d’un soutien américain à l’opposition libyenne.
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