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8 septembre 2011

Affaire Guérini: Montebourg cible Aubry

Par , publié le 08/09/2011 à 14:14

 
Affaire Guérini: Montebourg cible Aubry

Le député de Saône-et-Loire ne s'est pas senti soutenu par l'ex-première secrétaire du PS lorsqu'il a mis en cause les pratiques du président du conseil général des Bouches-du-Rhône.

LEXPRESS.fr

Le député de Saône-et-Loire a le premier ouvert le feu sur les dossiers judiciaires marseillais qui empoisonnent la primaire. Chacun se renvoie la responsabilité de la situation. 

"J'adore cette campagne, je n'ai jamais été aussi heureux de ma vie publique." Arnaud Montebourg savoure. En ce samedi 3 septembre, le candidat s'offre un moment de répit pendant la campagne. Assis dans une brasserie face à la gare Saint-Lazare, à Paris, il avale un croissant, lunettes de soleil posées sur la table, avant d'aller célébrer l'anniversaire de son fils.  

La veille, rapportent les journaux, des militants UMP malicieux ont distribué à Marseille des tracts qui disaient: "Socialistes, votez Arnaud Montebourg, le seul candidat qui ne met pas la poussière sous le tapis." Une allusion au combat obstiné du député de Saône-et-Loire pour obtenir la mise à l'écart de Jean-Noël Guérini, président du conseil général des Bouches-du-Rhône, convoqué par la justice le 8 septembre pour une éventuelle mise en examen pour "association de malfaiteurs". "Je n'ai pas besoin que la droite me fasse de la publicité", remarque Montebourg, en rigolant. 

>> Lire aussi notre article Jean-Noël Guérini face au juge>> 

Plus remonté que jamais, le flamboyant tribun tient sa revanche. Pendant des mois, il était seul à exiger que le PS nettoie les écuries d'Augias marseillaises -aujourd'hui, la plupart des caciques réclament que Jean-Noël Guérini soit suspendu des instances nationales et quitte la présidence du conseil général en cas de mise en examen; quant à Martine Aubry, elle demande des sanctions s'il est reconnu "coupable". 

"Dans l'heure, j'ai reçu un coup de fil d'Aubry"

"Au début, en mars 2010, quand on m'a parlé pour la première fois de menaces, d'intimidations, je pensais que c'étaient des pagnolades", raconte Montebourg. Un soir de juin, à Nice, après moult réflexions, il se décide à ouvrir les hostilités. Lors d'un meeting, devant des militants, il clame: "La rénovation commence par la remise en question des pratiques de Jean-Noël Guérini." La réaction du PS ne se fait pas attendre. "Dans l'heure, j'ai reçu un coup de fil d'Aubry, qui venait d'être prévenue de mes propos", se souvient Montebourg. La première secrétaire, excédée, lui demande d'arrêter ses attaques. 

Le bras de fer avec la direction va s'envenimer à la suite du rapport d'enquête rédigé par Montebourg - sans l'aval de Martine Aubry. Dans une lettre confidentielle du 19 novembre 2010, il s'en prend carrément à son bras droit: "François Lamy m'avait demandé de ne pas déposer ce rapport sur ton bureau. Je le ferai néanmoins, car cela t'aidera à prendre les bonnes décisions vis-à-vis de la fédération des Bouches-du-Rhône." Ambiance. On est à la veille de la déclaration de candidature de Montebourg. Le sujet de la rénovation des pratiques ne va pas tarder à être brandi comme un étendard pour le député de Saône-et-Loire, qui veut marquer des points à la primaire. 

Au fil de son rapport, que la direction affirme avoir reçu seulement en février 2011, le candidat à la primaire dénonce, pêle-mêle, "la colonisation par des employés du conseil général des postes sensibles", la "violation [...] des statuts du PS", "brimades arbitraires", etc. Dans sa posture favorite de chevalier blanc, le socialiste laisse entendre que la mainmise de Jean-Noël Guérini sur la fédération départementale du PS aurait été un élément essentiel d'un trafic d'influence, qui concerne également Alexandre Guérini, le frère de Jean-Noël, un entrepreneur soupçonné de malversations. 

"Jean-Noël Guérini n'est pas un de mes soutiens"

La convocation de Jean-Noël Guérini, président (PS) du conseil général des Bouches-du-Rhône, en vue d'une possible mise en examen, marque le tournant d'une affaire sous haute tension, qui a débuté voici deux ans et demi. 

Jusqu'à présent, Alexandre Guérini, son entrepreneur de frère, désormais sous contrôle judiciaire, occupait seul le devant de la scène judiciaire. Les centaines d'heures d'écoutes opérées par les gendarmes, à partir de février 2009, mettent à nu le comportement de l'homme d'affaires, spécialiste du traitement des déchets et adhérent du PS. Les enquêteurs sont persuadés qu'il se servait de son patronyme comme d'un moyen de pression pour rafler des marchés publics, éloigner un concurrent ou encore placer ses proches dans le parc HLM... 

Et voici maintenant que s'ouvre le second volet de la saga... En convoquant Jean-Noël Guérini et en retenant notamment la qualification d'"association de malfaiteurs", les juges d'instruction, avec le soutien du parquet de Marseille, montrent qu'ils ne visent plus seulement la dérive personnelle d'Alexandre. Ils ciblent ouvertement un système bicéphale, mélange, selon eux, d'intérêts affairistes et politiques bien compris. Un signe révélateur : l'enquête a été confiée à la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS), pôle régional de magistrats spécialisés dans la lutte contre le grand banditisme. 

D'ici à deux ou trois ans - au mieux -, un tribunal dira s'il valide l'orientation d'enquête actuelle ou abandonne tout ou partie des charges. "Il n'est pas question d'enrichissement personnel en ce qui concerne mon client", fait déjà valoir Me Patrick Maisonneuve, avocat du président du conseil général. Mais il apparaît que les instances nationales du Parti socialiste ont fermé les yeux sur les dérives marseillaises. Elles se sont bouché les oreilles pour ne pas entendre les mises en garde d'Arnaud Montebourg. Les voilà réduites à se pincer le nez, rattrapées par les effluves du système Guérini. 

Eric Pelletier

"Il n'y a aucune preuve dans ce document", explique-t-on Rue de Solferino. Mais le rapport au vitriol est révélé dans Le Point, au début de mars 2011, à quelques jours des élections cantonales. Jean-Noël Guérini accuse en privé le journaliste qui a sorti l'information d'être un intime de Montebourg. Celui-ci lui aurait communiqué les pièces du dossier judiciaire concernant le frère de l'homme fort de la fédération des Bouches-du-Rhône. "J'ai été invité au mariage de ce journaliste, mais c'était quand j'étais jeune parlementaire, il y a quinze ans. Il n'est pas ma source", se défend Montebourg. Qui n'échappe pas à la curée, accusé de jouer contre son camp. En visite à Rennes, il se fait huer par des militants: "C'est toi qui as donné le rapport? Ton rôle n'est pas de nous affaiblir!" 

Sur son compte Twitter, Montebourg canarde à tout-va ("Il faut poursuivre la lutte contre la guérinisation de Solferino, car réussir contre le FN suppose de se débarrasser des frères encombrants"). Mais il est tout seul. Le 5 juillet, une commission d'enquête, réclamée, cette fois, par Martine Aubry, rend ses conclusions. Les affirmations de Montebourg y sont qualifiées, par l'ancien ministre Alain Richard, qui préside la commission, d'"accusations péremptoires". Une direction collégiale est imposée à la fédération des Bouches-du-Rhône, mais aucune sanction n'est prise. Le texte est adopté à l'unanimité, moins une voix: celle de Montebourg, forcément. Qui dégaine: "Aubry a fait le choix il y a un an de soutenir, d'épargner et de protéger Jean-Noël Guérini."  

Faux, ripostent les amis de la maire de Lille. "C'est elle qui, la première, a osé mettre en place une commission d'enquête sur cette fédération", rappelle le député Olivier Dussopt, porte-parole de la candidate. Celle-ci finit par prendre ses distances avec l'encombrant Marseillais. "Jean-Noël Guérini n'est pas un de mes soutiens", lâche-t-elle, le 28 août. La maire de Lille ajoute regretter qu'aucune remise en ordre de la fédération des Bouches-du-Rhône n'ait eu lieu "avant". Comprenez: à l'époque de son prédécesseur, François Hollande.  

C'est pourtant Martine Aubry que Guérini s'apprêtait à soutenir dans la primaire. "J'ai découvert une femme d'une force de conviction extraordinaire, elle m'a épaté, confiait-il, au début de juillet. Elle est bosseuse, travaille ses dossiers sérieusement et demande aux responsables du parti de s'investir comme elle le fait." Son ralliement ne sera jamais effectif. "Bernard-Henri Lévy et Mme de Fontenay aussi ont choisi de soutenir Aubry, rappelle un membre de l'équipe de campagne de l'ex-première secrétaire. On ne choisit pas toujours ses soutiens."  

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