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14 septembre 2011

Le président du Parti populaire européen dévoile son plan choc pour l'Europe

Sur LA TRIBUNE

 

Joseph Daul, patron du PPE (centre et droite), premier groupe politique au parlement européen, pense que c'est le moment de "frapper fort" en appelant d'ici peu et le même jour les différents pays à augmenter l'âge de la retraite, le temps de travail hebdomadaire et à harmoniser la fiscalité. Plusieurs des dix-sept chefs d'Etat appartenant au PPE seraient d'accord.

Copyright Reuters
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Joseph Daul, patron du Parti populaire européen (PPE), le premier groupe politique au Parlement européen, compte appeler ce mercredi à un "Big bang" fédéral européen lors d'un débat à Strasbourg consacré à la crise de la dette. Proche de Nicolas Sarkozy et d'Angela Merkel, cet ancien agriculteur alsacien devenu l'homme le plus influent du parlement européen entend bien convaincre Herman Van Rompuy et José Manuel Barroso, tous deux PPE, ainsi que les deux tiers des chefs d'Etat et de gouvernement européens, également membres de sa famille politique, de faire preuve de courage politique pour enfin ramener le calme sur les marchés. Sa proposition : "frapper fort" en décidant d'ici peu, le même jour et tous ensemble, d'augmenter l'âge de retraite et le temps de travail hebdomadaire, ainsi que d'harmoniser la fiscalité. L'idée séduirait déjà plusieurs dirigeants.

Depuis le début de cette crise de la dette, l'Europe a notamment créé un Fonds de sauvetage et jeté les bases d'une gouvernance économique commune. Des avancées à peine imaginables il y a moins de deux ans. Mais cela ne suffit pas à calmer les marchés. Que faut-il faire de plus ?

L'Europe a beaucoup progressé depuis le début de la crise. Pourtant, en effet, les marchés demeurent insatisfaits, dubitatifs et particulièrement volatiles, sensibles à la moindre rumeur, même la plus fantaisiste. Il faut donc à la fois rassurer les investisseurs, dont l'économie a besoin, et marquer plus fortement la primauté du politique. Nos concitoyens aussi sont inquiets car ils ne voient pas la fin des efforts qui leur sont demandés. Ils ont le sentiment de combler un puits sans fond et se posent des questions sur la capacité des dirigeants nationaux et des institutions européennes à mettre un terme durable à cette crise de confiance et de croissance. Dans ces conditions, il est plus que temps pour l'Europe de retrouver sa crédibilité, d'affronter la réalité, et de reprendre le contrôle de ses finances publiques. Bref, l'Europe doit procéder a un big-bang : qu'on l'appelle « fédération », « Etats-Unis d'Europe », ou tout simplement « intégration ».

 Que proposez-vous?

C'est très simple: sur la base d'une proposition de la Commission, les gouvernements de la zone euro, et tous ceux de l'Union qui le souhaitent, devraient décider de s'attaquer de façon drastique à leur endettement en prenant, en bloc et le même jour, des mesures telles que la convergence vers le haut de l'âge de la retraite et de la durée hebdomadaire du travail, ou encore l'harmonisation de leur fiscalité, en particulier sur les entreprises. En faisant du gouvernement économique une réalité soudaine, assumée par tous les Etats de la zone euro, l'Europe ferait coup double: elle démontrerait sa capacité à agir sur le long-terme, et elle renforcerait la cohésion entre ses citoyens, enfin soumis aux mêmes droits et aux mêmes devoirs. En prenant des mesures coordonnées de discipline budgétaire tout en favorisant l'indispensable croissance de nos économies, les 17 donneraient un signal clair et fort de leur volonté de renforcer leur intégration.

 

Franchement, cela vous paraît-il réaliste, dans ce contexte, de demander un âge minimum européen pour la retraite, un nombre minimum d'heures de travail et des taux minimum d'imposition directe ?

C'est justement le moment de le faire ! Sur la question de la retraite par exemple, l'objectif n'est pas forcément d'imposer le même âge de la retraite partout, car la situation démographique des pays européens est très différente (les deux extrêmes étant sans doute la France et l'Allemagne), mais d'assurer partout la soutenabilité des systèmes de retraite. Mon message, c'est qu'il est indispensable d'aller plus loin dans l'intégration de la zone euro, et d'y aller ensemble.

 

Les deux tiers des dirigeants européens, 17 sur 27, appartiennent à la famille PPE. Cela vous permettra-t-il de faire avancer vos idées?

Bien entendu ! Etre au pouvoir, comme l'est la famille du Parti Populaire Européen, dans la majorité des capitales, mais aussi à Bruxelles, cela implique de grosses responsabilités. Nous ne pouvons y renoncer. J'ai déjà pris mon bâton de pèlerin, depuis quelques semaines, pour convaincre les chefs d'Etat et de gouvernement du bien-fondé de ma démarche, et croyez-moi, je trouve beaucoup d'oreilles attentives. La plupart me disent que de telles mesures ne peuvent être acceptées que si elles sont décidées en bloc, dans les 17 pays de la zone euro. Et ils ont raison ! D'autant plus qu'avec des élections en Espagne, en France ou en Allemagne d'ici à 2013, prendre des mesures aussi courageuses au seul plan national sera forcément difficile, voire impossible.

 

Ces derniers jours, l'hypothèse de l'exclusion d'un pays de la zone euro a été évoquée ouvertement par de hauts dirigeants, de même que la mise sous tutelle européenne des pays laxistes ou encore la mise en berne de leurs drapeaux à Bruxelles? Que pensez-vous de ce climat?

Je pense que le temps n'est pas aux exclusions, et encore moins aux plaisanteries, s'agissant de la situation actuelle de la zone euro. Ce qui est en jeu dans les trois mois à venir, c'est ni plus ni moins la capacité de l'Europe à retrouver le chemin de la croissance et de l'emploi, à préserver son mode de vie et a défendre ses valeurs. Et ce n'est que par un acte majeur d'intégration que nous serons, enfin, à la hauteur des enjeux.

 

Propos recueillis par Yann-Antony Noghès, à Bruxelles - 13/09/2011, 19:38

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