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20 octobre 2011

La convention sur le projet PS : le naufrage de l’UMP ?

Sur MARIANNE

Variae - Blogueur associé | Jeudi 20 Octobre 2011 à 05:01 | Lu 2883 fois

 Derrière son président Jean-François Copé, l'UMP organisait mardi soir une convention retransmise à la télévision et intitulée « Le projet socialiste à la loupe : le grand malentendu ! » Notre blogueur associé Variae, soutien du candidat socialiste à la présidentielle François Hollande, y a vu un « interminable et ubuesque spectacle » et souligne que cet exercice « aussi improbable que fastidieux, mélange baroque entre talk show et émission caritative avec « compteur des dons » en arrière-plan, a déchaîné les quolibets des internautes ».

 

C’est l’histoire d’une machine exemplaire, citée comme un modèle de réussite politique lors de la dernière élection présidentielle, qui subit un long et apparemment inexorable démembrement, jusqu’au non-sens. Que n’avait-on pas entendu – à raison – sur les mérites de l’UMP, parti unique présidentiel, capable à la fois de rassembler largement un camp politique et de servir de bras armé plus qu’efficace au candidat puis président Sarkozy !

C’était l’époque de la mise au pas par le maire de Neuilly, de sa cérémonie d’investiture grandiose, des conventions du projet sous l’égide de la redoutée Emmanuelle Mignon. Aujourd’hui, le parti, aux mains d’un ex-opposant du locataire de l’Elysée, organise une convention … sur le projet du Parti socialiste. Parfaite métaphore du chemin parcouru – en descendant – depuis 4 ans.
L'impossible consensus à droite
A quoi tenait la force de Nicolas Sarkozy lors de la dernière élection ? Premièrement, à sa capacité à imposer son « agenda » politique et ses concepts-slogans (le travailler plus pour gagner plus en premier lieu), forçant commentateurs et adversaires politiques à faire la course derrière lui et à se positionner en réaction.

Deuxièmement, au tour de force réalisé en unifiant derrière sa bannière toutes les droites, du centre à la droite dure. Ce double siphonage – partidaire sur sa « gauche », avec le dépeçage de l’ex-UDF entre MoDem et Nouveau Centre, et idéologique sur sa droite, avec le captation d’une partie des voix FN – reposait sur un alliage programmatique complexe, citant les grands anciens du socialisme et parlant en même temps « d’immigration et d’identité nationale ».

Cette posture d’équilibriste, sorte de synthèse jaurésienne à la sauce UMP, n’aura pas tenu le choc de l’exercice du pouvoir. La non-réalisation de la promesse économique et sociale d’une part, la dérive sur des thématiques de plus en plus droitières (identité nationale, hystérie sécuritaire sans mesures concrètes, Roms …) d’autre part ont progressivement écartelé puis disloqué l’impossible consensus. Implacable mécanique qui, partant de la placardisation précoce des ministres d’ouverture, débouche aujourd’hui sur la reconstitution de mouvements idéologiquement distincts à droite, « Droite populaire » contre « Droite humaniste ».
Caricaturaux et un brin obsessionnels
Ce morcellement du camp sarkozyste rend beaucoup plus délicate l’élaboration d’un projet présidentiel, déjà rendue périlleuse par le bilan très négatif du sortant. Jean-François Copé et ses troupes se retrouvent donc les bras ballants, et réduits, pour ne pas disparaître des écrans radars, à se transformer en commentateurs caricaturaux et un brin obsessionnels des idées socialistes.

Car de leur côté, les primaires citoyennes ont mis un certain nombre de propositions et de concepts forts sur la table, de la démondialisation montebourgeoise au contrat de générations de François Hollande. S’il serait sans doute exagéré de dire que la primaire a construit une victoire culturelle et idéologique de la gauche, elle a au minimum contribué à façonner le débat autour des positions des candidats. Ce qui est déjà beaucoup, quand on se rappelle de quelle période omniprésidentielle on sort.

Ce contexte explique l’étrange convention organisée ce jour. Mais il ne la justifie pas. Car c’est à un interminable et ubuesque spectacle que nous avons assisté, le ban et l’arrière-ban des élus (et apparatchiks plus obscurs de l’UMP) se succédant à la tribune pour exp(l)oser une à une les propositions socialistes, avec le nom du parti honni en grosses lettres dans leur dos.
UMPanique
 
Exercice aussi improbable que fastidieux, mélange baroque entre talk show et émission caritative avec « compteur des dons » en arrière-plan, qui a déchaîné les quolibets des internautes au point de faire monter le hashtag moqueur #UMPanique au premier rang des tendances françaises sur le réseau. Mais par-delà la bizarrerie de la mise en scène, le procédé en lui-même constitue une grossière erreur tactique.

Il met la droite, sans bilan ni projet, en position de (mauvais) parti d’opposition. Il remet aussi une pièce dans le jukebox : en attaquant le PS et son candidat sur leur projet, il va appeler en retour des demandes de réactions de socialistes par les médias, et donc un nouveau tour de piste médiatique pour la gauche et ses idées. Le piège des primairesse referme une fois de plus sur la majorité présidentielle.

Maintenant, que faire ? Organiser des grands débats ? On se souvient sans doute, à droite, du calvaire de celui sur l’identité nationale. Lancer des mots d’ordre qui font mouche ? Il faudra trouver un peu mieux que le « éclairer le chemin » quasi-mystique tenté ce soir par Copé. Multiplier les boules puantes ? L’UMP collectionne les affaires comme autant de boulets. La route de la présidentielle est encore longue, mais elle démarre sous de bien sombres nuages pour l’UMP.

Retrouvez Romain Pigenel sur son blog.

 

 

 

 

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