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18 novembre 2011

Exclusif : la face cachée de l'accord Hollande-Duflot

Jean-Claude Jaillette - Marianne | Vendredi 18 Novembre 2011 à 12:38

 

Des documents internes à Europe-Ecologie-Les Verts que Marianne s'est procurés, révèlent que le parti était au bord de la faillite au moment où ses responsables négociaient avec François Hollande. Explications.

 

Ah ! si François Hollande avait eu connaissances de la situation financière d’Europe-Ecologie-Les Verts que nous publions ci-contre. Il aurait su qu’il disposait d’une carte maîtresse, l’argent, pour maîtriser l’intransigeance de ses partenaires sur le nucléaire. Il aurait compris qu’il pouvait tendre à l’extrême les négociations sans risquer la rupture finale, sans se soucier des menaces et des ultimatums lancés par Eva Joly. Il se serait ainsi épargné les conséquences politiques désastreuses des bricolages de textes d’après signature de l’accord. Car pour sauver leur organisation de la débâcle financière et pour soutenir la campagne de leur candidate Eva Joly, EELV a besoin d’un accord électoral avec le PS qui leur garantisse un nombre de voix important et un groupe parlementaire.

En effet, les finances d’Europe Ecologie les Verts (ELV) sont au plus mal. « La faillite menace même si un plan d’apurement des dettes n’est pas mis en place d’urgence. » C’est en substance le discours qu’a tenu la trésorière nationale, Eva Sas aux membres du conseil fédéral présents le 17 septembre dernier à Paris. Elue à ce poste à la mi-juin après que son prédécesseur a jeté l’éponge sur un constat de cessation de paiement, elle a mis quelques semaines à bâtir un plan d’attaque. Les salaires de juin n’ont pas été payés à temps. Ceux de juillet non plus, car la banque du parti, le Crédit Coopératif, s’est fait tirer l’oreille. Il avait pourtant promis un prêt de 1,5 millions d’euros quelques mois auparavant. Oralement. Mais devant la gravité de la situation, il a exigé… de la rigueur. Il a obtenu trois hypothèques sur les locaux de la fédération du Nord Pas-de-Calais et sur ceux de l’Ile-de-France, puis a imposé que les régions contribuent à renflouer les finances nationales en avançant 400.000 euros.

Pour la trésorière, l’urgence est donc d’augmenter les capacités d’autofinancement. Or, dans un parti, une part essentielle des recettes provient de la République qui accorde environ 1,70 euro pour chaque voix gagnée lors des élections législatives. Et, si le-dit parti parvient à constituer un groupe parlementaire rassemblant au minimum 15 députés, il dispose de moyens supplémentaires.

La « motion d'urgence-finances »

C’est ainsi qu’à EELV, les finances ont rattrapé la politique. Marianne s’est procuré « la motion d’urgence finances » présentée les 17 et 18 septembre dernier au conseil fédéral. Impossible, selon les calculs d’Eva Sas, de retrouver une autonomie financière en quatre ans sans un minimum de 1,5 million de voix aux législatives de 2012 rassemblées grâce à un score moyen de 6%. Le plus confortable (hypothèse considérée comme moyenne) étant d’atteindre 1,8 millions de voix qui permettrait, d’honorer les échéances bancaires (près de 400.000 euros), tout en dégageant 1,3 millions d’euros par an. Mais pour atteindre l’idéal, « il nous faut, explique la trésorière, 80 circonscriptions réservées dans lesquelles un score moyen de 35% doit être réalisé, à quoi s’ajoute un score moyen de 5% dans les circonscription autonomes », celles dans lesquelles un autre candidat PS se présentera. Elle conclue : « ces projections ne pourront être valablement étayées qu’après signature de l’accord législatif. » Quelques jours plus tôt, elle était allée s’expliquer devant ses camarades du Pas-de-Calais, sévèrement mis à contribution sous la pression du banquier (hypothèque de locaux, avance de trésorerie sous forme d’un prêt) : « Un budget a été fait pour les trois ans à venir, qui n’est pas encore affiné car il dépendra beaucoup de l’accord des législatives (on récupérera toutes les voies des circonscriptions réservées) » peut-on lire dans le compte-rendu de la réunion. Sans accord, point de salut. Et sans le soutien opérationnel du PS, la charge des dettes étranglera le parti. Comme elle étrangle les Etats, cruel clin d’œil à l’actualité…
Michel Sapin ignorait tout de la situation financière d'EELV 

Que valent dès lors les professions de foi d’Eva Joly « Nous ne sommes pas prêts à brader nos idées pour quelques dizaines de circonscriptions » ? Michel Sapin, chef de fil des négociateurs pour le PS, nous a assuré « qu’il ignorait tout de la situation financière de ses partenaires ». Dont acte. Mais de l’autre côté de la table, les comptes étaient dans toutes les têtes. François Hollande n’a rien cédé sur l’EPR mais il a réservé à ses partenaires verts 60 circonscriptions, gagnables à coups sûrs – un peu moins que l’idéal calculé par la trésorière - leur garantissant « 25 à 30 députés » en cas de victoire de la gauche à la présidentielle et « 15 en cas de défaite », soit l’assurance d’un groupe parlementaire. Ainsi, le trou financier du parti pourra être comblé. Mais surtout, la campagne d’Eva Joly - qui semble « prendre de la hauteur » sauf dans les sondages - pourra être financée. Et même, comme le prévoit le budget prévisionnel en notre possession, digéré par le parti en cas de score inférieur à 5%. Si la candidate Eva Joly n’atteignait pas ce niveau, elle serait en effet privée du remboursement de ses frais de campagne par l’Etat. Selon la trésorière, le dispositif de campagne présidentielle sera forcement marqué par la sobriété. Il en coûtera néanmoins entre 1,7 millions d’euros et 4 millions selon le nombre de meetings tenus (entre 3 et 8 selon les hypothèses), et le nombre de sondages réalisés (entre 75000 euros et 150.000 euros). Ce qui n’est pas le moindre des paradoxes pour un parti qui se fait le chantre de la critique de la politique sondagière.
A lire ce budget prévisionnel de campagne que nous publions (voir ci-dessous), il apparaît une fois encore, que l’hypothèse basse, conséquence probable d’une absence d’accord avec le PS, contribuera à tirer le score de la candidate vers le bas tout en creusant le déficit. Comment en effet espérer franchir le seuil des 5% des voix déclenchant automatiquement le remboursement des frais de campagne en ne tenant que trois grands meetings, en se contentant d’un minium d’affiches et de tracs et en limitant les déplacements ? Réponse samedi 19 novembre, quand l’accord de mardi dernier sera présenté aux responsables d’EELV. S’il le refuse, les pires projections financières deviendront réalité. 
Signe que, décidément l'heure est aux économies de bout de chandelle: lors de son voyage éclair au Japon pour visiter le site de Fukushima, la candidate a dû se contenter d'un fauteuil de classe économique. Selon son entourage, elle en est revenu épuisée. L'inconfort du siège s'ajoutant aux conséquences du décalage horaire.

Article actualisé à 12 h 50.
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Commentaires
V
Je redis : lamentable, ordurier, insultant, navrant, abominable, minable, pour les militants de base, une horreur !! EELV, un parti identique aux autres, sauf le front de gauche qui ne demande rien à personne et se donne la gestion qu'il faut pour rester dans la somme allouée à la présidentielle sans la dépasser : bravo aux communistes !
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