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30 novembre 2011

Il n'y a pas d'autre solution que la monétisation

Par Jean Christophe Bataille

 

Faillites bancaires ou production de monnaie ?

 

http://u4ya.ca/blog/wp-content/uploads/2011/01/081013_krugman.jpg

 

Si les banques centrales restent inactives, une faillite bancaire privée généralisée se produira nécessairement lorsque les investisseurs se rendront compte que le bilan des banques européennes est plombé à hauteur de 4000 milliards d'euros, soit deux fois le budget de la France. Pensez-vous vraiment que les états vont laisser leurs banques faire faillite avec disparition totale de la liquidité et arrêt complet de l'économie ? Ce serait la cessation brutale de toutes les transactions, de l'octroi de crédit et une panique beaucoup plus épouvantable que celle de 29. C'est impossible ! La BCE ou les banques nationales finiront donc par monétiser les dettes européennes avec un effet inflationniste inévitable. La BCE le fait déjà en coulisse car la dette allemande est, elle aussi, en danger ! Nous rejoindrons donc le statut américain et britannique avec, je l'ai déjà dit, un avantage, nous sommes en retard dans ce processus et l'Allemagne limitera la production de monnaie à la quantité utile. Dans le même temps, l'économie va se contracter et le pouvoir d'achat, obéré par l'inflation et la récession, va décroître. Il ne faut pas rêver, nous ne sortirons pas de la crise de la dette sans souffrir. Mais l'inflation sera un moindre mal et ne sera pas nécessairement à deux chiffres. Cette crise devrait être limitée par la croissance des émergents qui vont continuer à tirer l'économie mondiale. Mais ces pays vont, eux aussi, subir la cyclicité des matières premières et auront donc une croissance plus chaotique.

L'Argentine qui a vécu le pire des scénarios a fait repartir son économie en 2002 lorsqu'elle a décidé de réinjecter de la monnaie pour permettre une reprise de la consommation et de la production. Il n'y a pour moi pas d'autre issue. La BCE devra acheter 1000 Md€ de nouvelles obligations pour répondre aux besoins de refinancement de l’Italie et de l’Espagne sur 2012-2015. Les USA approchent déjà les 3000 milliards de monétisation, leur inflation ne dépasse pour l'instant pas 4% et le dollar se porte beaucoup mieux que l'euro. L'explosion de la masse monétaire va donc se poursuivre. Les rentiers obligataires se feront donc lessiver car si les taux longs peuvent rester artificiellement bas, les biens tangibles vont s'apprécier en valeur faciale et le pouvoir d'achat de la monnaie va diminuer. Possédez beaucoup de biens tangibles et diversifiez ! 

Attention ! Les actions sont des parts de sociétés donc des biens tangibles. Elles vont remonter avec la monétisation. N'attendez pas de baisse majeure en euros courants. Elles pourront rebaisser ensuite avec la récession associée à la stagflation car les résultats ne suivront pas mais la monnaie aura moins de valeur et les actions ne baisseront pas autant qu'on l'imagine en monnaie courante, en tout cas beaucoup moins que ne le pensent les déflationnistes, partisans d'une faillite bancaire généralisée, soit disant organisée, mais non monétisée, donc d'une destruction globale de l'économie, punition suprême pour ces peuples occidentaux qui ont osé s'endetter pour pallier les effets de la mondialisation.

Je réfléchis depuis longtemps sur ce sujet. C'est Krugman, prix Nobel d'économie, pourtant fustigé par tous les déflationnistes, qui propose la bonne stratégie, car il est bien trop tard pour faire autrement.

 

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Sur LE CERCLE LES ECHOS

Monétiser (monétisation)


En langage courant: les banques centrales créent de la monnaie contre de la dette publique et alimentent les risques d’inflation au contraire de leurs missions.

Depuis le mois d’août, de façon fort active, la BCE a acheté pour prés de 150 milliards d’euros d’obligations publiques sur le marché secondaire. Elle a agi dans le cadre du programme qui l’autorise à soutenir les cours des obligations publiques italiennes et espagnoles et de les rendre plus liquides. Ces achats, très critiqués par les « nordistes » de son Conseil, correspondent à une facilité mise en place en 2010 pour soutenir les dettes publiques faisant l’objet d’attaques spéculatives sur les marchés.  Ces opérations sont accusées de « monétiser » la dette publique. En langage courant, cela signifie que les banques centrales créent de la monnaie et contribuent à alimenter les risques d’inflation.

Il faut, en effet, garder en tête que, dans la conception « contemporaine » des Banques centrales et des systèmes bancaires, la monnaie est créée par les Banques de second rang, suivant les besoins formulés par les agents économiques, entreprises, particuliers… et institutions publiques (Etat, collectivités locales etc.). Les Banques centrales interviennent sur les marchés interbancaires et monétaires pour réguler, l’offre et la demande de monnaie. Lorsqu’elles interviennent via leur rôle de Banque de dernier ressort, elles « refinancent » : la monnaie est déjà créée, les Banques centrales, peuvent accepter de fournir des liquidités aux banques secondaires… Elles peuvent aussi s’y refuser.

Elles sont, dans cette conception, indépendantes des pouvoirs publics. En effet, rien de plus facile, si rien ne s’y opposait, pour un Etat peu scrupuleux des règles de l’orthodoxie financière, que d’imposer à la Banque Centrale des achats d’obligations ou de bons du trésor, à leur émission, pour financer les dépenses publiques quelles qu’elles soient. C’est dans ce genre de conditions que les grands mouvements inflationnistes sont nés.

En économie comme dans bien d’autres domaines, il y a la façon élégante et la façon rustaude, pour ne pas dire « malséante », de dire les choses. Monétiser, c’est la façon élégante. Planche à billets est la façon malséante. Dire au Président de la FED, Ben Bernanke, « vous utilisez la planche à billets » au lieu de dire vous « monétisez la dette publique » relève de la mauvaise éducation. En fait, vous devriez utiliser la dénomination anglo-saxonne : aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne, on ne monétise pas, on pratique le « Quantitative Easing ». Quand on le fait une deuxième fois, on dit que c’est un « QE2 »… Notons aussi que la technique dite de monétisation ne doit pas être confondue avec celle de refinancement, appuyé sur des valeurs en garantie, qui peuvent être des créances sur des débiteurs privés. Comme on l’a indiqué plus haut, la création monétaire a déjà eu lieu !

Mais dans tous les cas c’est, ne nous y trompons pas, c’est bien de « planche à billets » qu’on parle ! Cette expression populaire caricature le fait pour un Etat de financer ses dépenses sans se soucier des recettes. Elle est imagée : les pouvoirs publics passeraient commande de billets à une imprimerie fiduciaire comme on le ferait de billets de Monopoly. Une fois munis de cette monnaie, les fonctionnaires seraient payés, les fournisseurs aussi etc. Vision un peu primitive de la planche à billet qui a eu cours dans l’histoire. Il n’est pas certain qu’on n’en voie pas actuellement de nouvelles manifestations. Un cas doit être mis à part qui n’a pas dépassé le plan des idées : Ben Bernanke, l’actuel Gouverneur de la FED, suggéra, il y a quelques années, que pour stimuler le redémarrage de l’économie Japonaise, la Banque Centrale du Japon lançât des liasses de billets par hélicoptère sur les principales villes du pays !!! Il lui suggérait par là même un altruisme total puisqu’il n’évoquait pas les contreparties à cette émission monétaire !  

En ce sens, « monétiser la dette publique » n’est pas absolument équivalent à « faire fonctionner la planche à Billets ». La création monétaire est causée. Elle a pour contrepartie de la dette publique. Au surplus, de nos jours, cela ne conduit pas à fabriquer des billets, mais à faire circuler de la monnaie scripturale. Les Banques centrales créeraient de la monnaie en faisant crédit à l’Etat. Tout serait donc normal….

Quand les banques centrales « monétisent » les dettes publiques en souscrivant à leur émission, elles font crédit aux administrations publiques. Ces dernières peuvent ainsi ou bien financer de nouvelles dépenses publiques (investissement, recrutement de fonctionnaires, paiement des intérêts des dettes antérieures) ou rembourser les dettes antérieurement souscrites et venues à leur échéance. Lorsque l’achat de dettes publiques est faite sur le marché secondaire, sous forme d’achats en bourse, comme l’ont pratiqué la BCE sur une large échelle, mais aussi la FED et la Banque d’Angleterre, les achats « monétisent » les dettes au sens purement technique du terme : on transforme en actifs liquides des titres à échéance lointaine. Pourquoi ne pas dire qu’il s’agit de refinancement ? La différence tient aux volumes concernés et au fait que les titres de dettes achetées sortent des bilans des banques à l’inverse des  opérations de refinancement où ils sont des garanties.

Ces deux formes de la monétisation des dettes publiques ne sont pas qualifiées de la même façon. Les opérations sur le marché secondaire sont accusées d’être une forme détournée de soutien aux Banques qui se débarrassent de dettes dont le marché est devenu illiquide et présente des risques de décote. Cela consisterait, selon eux, à faire transférer les risques de pertes sur les Banques Centrales. Les opposants à l’intervention des Banques centrales à la souscription de titres de dette publique dénoncent non seulement les risques inflationnistes mais une forme d’absolution donnée au laxisme des pays bénéficiaires des ces financements.  

Pourquoi prêter aux collectivités publiques, s’il y a vraiment urgence ? Parce qu’en général, dans une période économique déprimée, leurs aptitudes dépensières ne sont pas trop atteintes ! Ce qui n’est pas le cas des entreprises et des ménages. Ce qui veut dire que si la situation le permettait rien n’empêcherait les Banques centrales, (si ce n’est parfois leurs statuts) de se substituer aux établissements financiers et aux banques dans le cas où le crédit est défaillant, lorsque, taux d’intérêt élevés ou non, ces établissements ne veulent plus prendre de risques ou n’ont plus l’opportunité de prêter faute d’emprunteurs. Alors, elles procéderaient au rachat d’obligations privées ou de papier commercial sous toutes ses formes. Cela consisterait aussi à fournir des liquidités systématiquement au système bancaire en contrepartie de créances remises en garantie. C’est ce qu’on nomme les mesures « non conventionnelles ».

Les programmes dits « TARP » aux Etats-Unis, mais aussi leurs homologues en Grande-Bretagne n’avaient pas d’autres objectifs.

 


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