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5 décembre 2011

Merkel, Bismarck et la leçon d'histoire d'Helmut Schmidt

Sur Libé

 

RTR2UTOQ_Comp

 

 

Dommage qu’Arnaud  Montebourg et Jean-Marie Le Guen ne soient pas du voyage  de François Hollande aujourd’hui à Berlin. Ils y auraient trouvé de quoi affiner leurs jugements sur la politique allemande. Auprès de leurs camarades du SPD, ils auraient pu découvrir que l’on peut critiquer Merkel sans convoquer Bismarck et Hitler donnant ainsi aux dirigeants de l’UMP de bonnes raisons de s’indigner. Devant le congrès social-démocrate réuni dimanche à Berlin, l'ex-Chancelier Helmut Schmidt a donné dimanche une impressionnante leçon d'histoire.  

Dans un long discours qui a fait chavirer d’émotion le congrès du SPD, le vieil homme de 92 - Chancelier fédéral de 1974 à 1982 - a donné une leçon d’histoire Allemande et européenne.  Depuis sa chaise roulante,  le témoin de la furie national-socialiste, le compagnon de route de Jean Monnet dans le comité pour les Etats-Unis d’Europe a prononcé un réquisitoire très dur contre Merkel et sa majorité CDU dont le chef de file Wolfgang Kauder a cru pouvoir annoncer que,  désormais, « on allait parler en Allemand en Europe ». Façon de dire que le sérieux germanique allait enfin s’imposer à tous. Une fanfaronnade qui illustre selon Schmidt l’incapacité à reconnaître que   «les excédents allemands ne sont en réalité que les déficits des autres Etats européens »


Quand il renvoie à l’histoire, le vieux Chancelier Schmidt évoque plutôt les errements de la république de Weimar que le Reich de Bismarck ou celui de Hitler. Il invitait dimanche ceux qui prétendent qu’il n’y a de salut que dans l’austérité « à étudier les conséquences désastreuses » de la politique déflationnistes conduite au début des années 30 par le dernier chancelier de la république de Weimar Heinrich Brüning. « Il a conduit rien moins qu’à l’échec de la première démocratie allemande ».

« L’Allemagne n’est pas un pays normal et ne le sera pas avant longtemps » a-t-il expliqué  aux milliers de militants venus boire ses paroles.  Pourquoi ?  « Parce qu’il y a chez presque tous  nos voisins une défiance latente vis-à-vis des Allemands ».  Schmidt rappelle que c’est de cette défiance que procède le projet d’intégration européenne, une obligation constitutionnelle, inscrite depuis 1992 dans la loi fondamentale.

Très dure avec la Chancelière, la gauche allemande lui reproche son immobilisme entêté et non pas son prétendu nationalisme. Jusque dans son propre camp, on se désole de l’attentisme de Merkel : « elle est sur le plongeoir et n’en finit pas d’hésiter avant de sauter. Il faut un peu la pousser » confiait récemment un ministre allemand à l’un de ses homologues français.

 Samedi à Royaumont,  François Fillon a dénoncé «la dérive stupide aux relents germanophobes » de ces socialistes qui prétendent « défendre l'intérêt national en caricaturant nos amis allemands ». Selon le Premier ministre, un responsable politique Français doit « s'interdire toute attitude qui pourrait créer un fossé entre la France et l'Allemagne, qui pourrait libérer des forces enfouies aux tréfonds de notre histoire et enclencher la mécanique infernale de la division».  Le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé a dit craindre, lui aussi, les errements de ceux qui « prennent les risques de ressusciter en France les vieux démons de la germanophobie », par « pure tactique politicienne ».

Les socialistes refusent les leçons de morale et de diplomatie d’une majorité qui tolère ou encourage  le discours de Claude Guéant sur l’immigration.   « Ce n'est pas le premier ministre et le Président qui ont fait honte à la France dans le monde et en Europe avec le discours de Dakar, la chasse aux Roms et la panne du moteur franco allemand, qui peuvent prétendre donner des leçons d'internationalisme et d'esprit européen » a ajouté Harlem Désir.

Vendredi, devant le Bundestag, la Chancelière comparait le combat contre la crise à un marathon, justifiant par là sa prudence et son refus de se précipiter dans l’urgence pour le sauvetage de l’euro.  Elle s’est attiré les sarcasmes du chef de file des députés écologistes Jürgen Trittin : « nous sommes dans une situation dramatique et madame Merkel, assise sur sa chaise,  se demande quand elle va sortir du placard ses chaussures du jogging ». Dans la même veine, le chef des députés du  SPD  Frank-Walter Steinmeier s’est exclamé: « la maison brule et madame Merkel a peur de se bruler les doigts ».

  
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