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21 janvier 2012

Pourquoi la gauche peut perdre une élection imperdable

Note : une analyse qui en vaudra une autre …

Par exemple qui pourra me dire les réelles différences entre le projet « Sarkoziens » de l’UMP et « Hollandistes » du PS ?

Le seul parti , à condition que l’électorat en prenne conscience, incitant le PS à inclure du social dans son programme actuellement axé sur le social libéralisme , est le Front de Gauche …

Pour cela il faut à ce denier, un très gros pourcentage d’électeurs au 1er tour de la Présidentielle afin d’influer et de faire réviser le programme actuel d’Hollande et obtenir de nombreux élus à l’assemblée nationale pour les législatives afin qu’une majorité de gauche ne soit pas uniquement rose, soit une pâle copie d’un rouge révolutionnaire. MC.



La « machine à perdre » tourne de nouveau à plein régime. Le PS, en retombant dans les guerres de clans, en s’abîmant dans les petitesses partisanes, en marchandant sur les législatives, va-t-il réussir à plomber son candidat ?


C’était un beau roman, c’était une belle histoire.


Une romance de ce jour du 22 octobre 2011, halle Freyssinet, à Paris.
Le sacre de François Hollande, le prétendant comblé qui embrassait sa compagne sous les vivats des socialistes réunis. Le désir de victoire, le rejet de Sarkozy, semblaient les rassembler, ces ennemis d’hier comme ces jaloux d’aujourd’hui, dans un mouvement irrésistible autour de leur champion transcendé par un succès si large qu’il lui promettait un triomphe.

Trois millions d’électeurs à la primaire, des sondages au pinacle, un tsunami d’alternance qui emporte tous les gouvernements d’Europe sur son passage : mais comment la gauche pourrait-elle cette fois perdre l’imperdable ?


Eh bien, justement, en retombant dans ses guéguerres de clans, en s’abîmant, elle et son « impétrant », dans ses petitesses partisanes quand la présidentielle appelle, exige, une relation singulière entre un homme et le peuple. Les leaders du PS eux-mêmes se font partout attraper à l’épaule, au bras, à l’inconscience, par des militants, des sympathisants qui s’inquiètent : « Vous n’allez quand même pas de nouveau vous battre vous-mêmes ? »
Et 1 ! Et 2 ! Et 3–0 ? Après Jospin, après Royal, y aura-t-il Hollande, un troisième échec, un nouveau suicide de la gauche finalement la plus sotte du monde ?
Rien que des crânes d’oeuf qui ne cessent de faire des omelettes ratées. Depuis François Mitterrand, qui n’était pas socialiste, du moins à l’origine, tous les postulants à la magistrature suprême s’écrabouillent dans les urnes après des simulacres d’envol dans les sondages et les cœurs. Hollande aussi nous a fait l’avion, en décollage horizontal, dès avant le verdict de la primaire. Souvenirs, souvenirs, c’était un jeudi 13 octobre, sur la scène du Bataclan, sourire aux lèvres, béat, les bras en ailes déployées, en communion avec la salle pour ce dernier meeting. Le candidat qui sait qu’il va gagner semble vouloir s’élever au-dessus de lui-même et d’une compétition qui a menacé à plusieurs reprises de le tirer vers le bas. « Trop mou, trop flou », lui reprochaient ses « camarades », alors qu’il se redressait de la crête pour obtenir le salut par la foule, sa chaleur, sa force de propulsion.
Les applaudissements retombent-ils ? A chaque fois, ce soir-là, il les relance en faisant de grands moulinets de ses mains ouvertes. Le Corrézien se nourrit de ces ovations, s’en inspire, s’en gave même, à la manière d’un boulimique qui a fait le régime maigre pour ça, pour ce corps à coeur. Il sait que, d’ici à trois jours, il sera désigné face à Martine Aubry. Il a conscience aussi que, pour lui, le plus dur va commencer. Il n’a pas été déçu !


Ficelé par les vaincus


Car, si François Hollande apparaît encore les bras en croix, ce n’est pas en communion avec les Français, mais crucifié par les siens. Lui, le maître de l’esquive et des tours de passe-passe, s’est laissé supplicier comme un vulgaire amateur. Attrapé par les pieds quand il pensait toucher au ciel, hors d’atteinte de ceux qu’il avait battus mais qui n’étaient point abattus. Le vainqueur, ce maladroit, s’est fait ficeler par ses vaincus.

A commencer par Martine Aubry, qui a repris ses activités de patronne de parti comme si de rien n’était, plombant ainsi le candidat qu’elle aurait dû hisser sur le pavois. Toute son équipe, ou presque, a repris son traintrain partisan, comme si la conquête du pouvoir n’impliquait pas un train d’enfer, en tout cas autre chose que ce pathétique tortillard. Allez donc faire un tour au siège du PS, rue de Solferino.Les grilles y sont certes grandes ouvertes comme les visages des permanents à l’accueil, mais les affiches sont encore celles de la primaire : « Les 9 et 16 octobre 2011, donnez un nom au changement » ! Ce nom, en théorie, est connu, il devrait être mis en avant.

Or, pas un slogan, pas une affiche avec le visage de Hollande. On dirait que ce parti est en deuil. Pas la moindre mobilisation pour son champion. Et pour cause, on s’y est démobilisé hardiment pour mieux s’occuper de sa petite cuisine, les législatives, l’accord avec Les Verts et les affaires sordides transformant en papillon punaisé le candidat aux 1,6 million de voix qui s’est imposé un quasi-silence mortifère jusqu’au dévoilement de son programme.

C’est le retour de la « machine à perdre », la renaissance de la « gauche cannibale », cette gauche qui dévore ses enfants, et ses parents, jusqu’à l’indigestion, qui excelle dans l’art délicat de tout paumer au moment même où elle va tout gagner.


Disons les choses comme elles bruissent de partout : et si le parti jouait contre Hollande ?
Et si sa chef, Martine Aubry, lui savonnait sciemment la planche ?
Et si, finalement, elle misait, mais Laurent Fabius aussi, sur une défaite à la présidentielle et une victoire, dans la foulée, aux législatives ?
Martine Aubry en Premier ministre de cohabitation, ou « Fafa » !

C’est le scénario fou qui tourne en boucle sur Radio Moquette. Une « connerie monstrueuse », répliquent aubrystes et fabiusiens, pour qui tout ça « relève du fantasme » de quelques journalistes et personnes influentes à Paris qui « pensent qu’ils peuvent écrire l’histoire ». Ils le jurent : « Martine Aubry n’est pas dans ce scénario-là. » Tant pis pour cet affreux lapsus dans Libération qu’ils balaient comme un moucheron gênant : « Mon seul souci, déclare alors Martine Aubry, c’est que François Hollande soit élu. » Le dérapage qui tue : elle aurait dû dire : « Mon seul objectif, c’est que François Hollande soit élu. » Comme si ce pouvait être un « souci »...

François Hollande apparaît les bras en croix, ce n’est pas en communion avec les Français, mais crucifié par les siens. Supplicié comme un amateur. Pour tenter de dissiper le malaise, chacun en appelle à la raison. « Qui peut imaginer que le Parti socialiste pourrait survivre à une défaite à la présidentielle et se relever immédiatement après pour remporter les législatives ? Personne ! » assure un proche d’Aubry. Il est vrai que la logique monarchique de la Ve République impliquerait d’écarter cette hypothèse abracadabrantesque : le peuple donne au roi qu’il porte sur le trône une majorité pour régner. Mais qu’on puisse accorder du crédit à cette calembredaine révèle le trouble qui s’est emparé des esprits, et des meilleurs.
Qu’il existe un doute, et même plusieurs, sur la loyauté de la première secrétaire suffit à fragiliser le parti, ce qui est déjà préoccupant, mais aussi son candidat, ce qui est dramatique.

Aubry à la manœuvre. Chaque mot prononcé par Martine Aubry, chacun de ses silences, vient accroître le trouble. La manière dont elle a géré l’affaire de la fédération du Pas-de-Calais est venue apporter de l’eau au moulin des partisans de la théorie du complot.
Le 21 novembre, Arnaud Montebourg adresse à Martine Aubry un courrier confidentiel dans lequel il explique qu’une affaire de corruption est sur le point d’éclater. Il lui demande, histoire de protéger le candidat Hollande, d’agir vite et bien. « Contrairement à ta gestion calamiteuse du dossier des Bouches-du-Rhône dans lequel tu as préféré ne rien voir », écrit sèchement Montebourg. Il recommande notamment que soient écartés des désignations aux législatives deux députés, Jean-Pierre Kucheida et Albert Facon. *
Montebourg prend soin de préciser que, « cette fois, [il] ne rédiger[a] pas de rapport et ne [s]’exprimer[a] pas dans la presse », la laissant seule face à ses « responsabilités ». François Lamy, le bras droit de Martine Aubry, conseille à Arnaud Montebourg de se tourner vers la justice et de porter l’affaire devant le bureau national du parti. Il s’y refuse. C’est à elle de faire le job. Et... rien !

Martine Aubry n’a rien entrepris, alors même que la droite livre à plein la bataille de boules puantes. Elle n’a pas bougé, du moins jusqu’au 7 décembre. Ce matin-là, alors que le magazine les Inrockuptibles fait sa une sur « le scandale du Pas-de-Calais » , Aubry reçoit dans son bureau Rue de Solferino des journalistes triés sur le volet pour un entretien informel.Elle leur fait lire la lettre de Montebourg..., exigeant qu’il n’en soit pas fait état !
Le soir même, la lettre est transmise à l’AFP et, le lendemain, Martine Aubry, plus réactive que jamais, annonce la création d’une commission d’enquête sur le fonctionnement de la fédération PS du Pas-de-Calais et le gel de l’investiture de Kucheida.


Deux jours plus tard, lors de la convention d’investiture du Parti socialiste, elle tape à bras raccourcis sur Montebourg et son « ego », pendant que la majorité applaudit à cette bastonnade entre amis. Cette sordide affaire ne pouvait évidemment en rester là ! Chez Montebourg, on dénonce aujourd’hui une « très grave manipulation d’Aubry ». « S’il n’y avait pas la campagne présidentielle, on s’exprimerait publiquement et l’on appellerait à sa démission», explique un proche du député de Saône-et-Loire. Mais ils parlent avec la bouche fermée.

Comme dans les chahuts de classe où les élèves ridiculisent leurs professeurs par des bourdonnements lèvres closes, on entend qu’Aubry a manqué de « courage » : « Elle avait besoin d’un alibi public pour agir et elle s’est servie de la lettre d’Arnaud. Ça lui a permis de faire diversion sur lui parce qu’elle connaît tous les élus du Pas-de-Calais. » La suite coule de source : « Elle vise la défaite de François Hollande. Elle a fait passer des messages à Nicolas Sarkozy. Laurent Fabius lui-même se répand dans tout Paris pour dire que la cohabitation est possible ! »

Retour, par le Pas-de-Calais, de ce scénario fou de la « cohabitation » et du machiavélisme supposé de la fille de Jacques Delors, « la menteuse » qui conduirait la gauche et son champion à leur perte ! On n’en est pas encore là, mais on progresse... vers le suicide collectif ! Cet étalage de linge douteux fait désordre et met Hollande dans de sales draps. Si les faits de corruption sont avérés, l’ancien premier secrétaire – onze ans à la tête du PS ! – aura du mal à prétendre qu’il n’était pas au courant des dérives Pas De-Calaisiennes.
En attendant que la lumière judiciaire soit faite, la manière dont l’affaire a été gérée par le PS et par Aubry joue contre lui.
Car la droite peut ainsi faire oublier ses magouilles d’Etat face à ces turpitudes de parti. S’agit-il d’ailleurs encore d’un parti ou d’une maison de fous avec, au plafond, François Hollande qui s’accroche au pinceau, pendant que les autres lui retirent l’échelle ?


Fi de l’indépendance !

S’il ne tombe pas, c’est miracle ! Car on voudrait que ces dirigeants du parti aient agi par maladresse, par inconscience, mais il semble bien que tout ait été mis en oeuvre pour faire dégringoler le candidat du haut de ses prétentions d’indépendance et pour en faire l’otage d’un parti dont il s’émancipait.

L’accord avec Les Verts, par exemple.

Dans son principe même, cette négociation partisane, cette entente entre apparatchiks doublée d’une complicité de femmes était une mauvaise manière, au minimum, faite à celui et à celle, Eva Joly, qui étaient engagés dans le combat essentiel, la présidentielle. Faut-il rappeler que la course à l’Elysée est la mère de toutes les batailles et non la fille des législatives ?
Quel malaise, quel gâchis !  Certes, François Hollande a dépêché des émissaires, mais ils ont paru dépassés, malhabiles, manoeuvrés. Certes, ils ont expliqué que les « positions » de leur candidat avaient été « préservées » dans le texte final (pas de sortie du nucléaire, maintien de l’EPR de Flamanville). N’empêche qu’ils ont paru obligés de composer avec des écologistes choyés par les aubrystes en échange de leur vote à la primaire. François Hollande en personne a eu beau prendre ses distances avec cet accord, il a laissé se poursuivre jusqu’à leur terme des négociations mêlant cyniquement intérêt général et intérêts très privés.


Gulliver cloué au sol

Que dire en effet de ce marchandage sur les législatives ?

Les Français, qui sont passionnés de politique, ne comprendront jamais que François Hollande n’ait pas exigé d’attendre les résultats du premier tour de la présidentielle pour engager des négociations. Cela vaut pour la braderie des circonscriptions aux écologistes, mais aussi pour l’abandon des fidèles du candidat en rase campagne. Dans les colonnes des journaux, sur les antennes des radios, le parti est apparu comme supérieur à son candidat.

Effet ravageur. Faouzi Lamdaoui (pro-Hollande) a été lâché au profit de Pouria Amirshahi (pro-Aubry), pour la candidature dans la 9e circonscription des Français de l’étranger. Un symbole, dans cette féodalité que constitue l’organisation partisane. Si le suzerain abandonne celui qui porte ses couleurs, c’est qu’il s’abandonne lui-même. Plus personne ne se jettera au feu pour lui, et les barons se replieront sur leurs baronnies, les grands élus, sur leurs fiefs régionaux. Sans parler de ce conflit entre hollandais et anciens « potes » de SOS Racisme, Malek Boutih, qui, au nom de la morale, s’attaque à Julien Dray dans la 10e circonscription de l’Essonne. Et devinez qui monte au créneau pour le défendre bec et ongles ? Ségolène Royal ! Par expérience tragique, elle n’ignore rien du piège partisan dont les mâchoires déchiquettent le compétiteur présidentiel, nécessairement au-dessus du parti.

Mais même Ségolène s’égare en faisant savoir très hâtivement qu’elle vise la présidence de l’Assemblée. Comme s’il ne fallait pas tout sacrifier à la seule présidence qui compte. Voilà donc Gulliver empêtré, entravé, ramené au sol, chaque fois qu’il tente de prendre ses distances, de s’élever. Son manque d’audace, son défaut d’innovation, son déficit de prise de risques en font une proie facile pour les subalternes.

Et si Martine Aubry savonnait la planche d’Hollande ? Son dérapage qui tue dans « Libération » en dit plus long que tous ses discours.
Ses esquives ressemblent trop à des gigotis quand s’imposerait l’autorité, à des habiletés quand il faudrait de l’audace. Hollande n’est pas à la hauteur des espérances qu’il avait suscitées ? Pourtant, sa cote de popularité ne dévisse pas. « C’est un miracle », s’extasient même certains socialistes.
Hollande, pour le moment, c’est le candidat Téflon, le présidentiable sur lequel rien n’attache, tout glisse. Le malaise qu’on perçoit partout ne se traduit pas dans les sondages, ou si peu. « Il y a chez les Français une irrésistible envie de se débarrasser de Nicolas Sarkozy, et François la cristallise, lui qui a eu l’habileté d’apparaître hors parti », explique un hollandais du premier cercle. La victoire serait quasi mécanique, au bout de cette présidentielle référendum : pour ou contre Sarkozy.

Donc, comme Mariano Rajoy en Espagne, il faut en dire et en faire le moins possible pour la gagner. « Les Français s’attendent à une campagne de boules puantes, ajoute un autre. Ils ne sont pas idiots : ils savent aussi que, quand un élu déconne, ce n’est pas tout le parti qui est responsable. Entre les affaires qui touchent quelques élus du Pas-de-Calais et les Bourgi et les Takieddine, il y a un monde.

Il n’y a pas, dans cette histoire, des contrats d’armement, des morts et des millions à la clé. » Peut-être. Imaginons même que les petites saletés ne sont pas équivalentes à un gros tas de saloperies. Pour autant, ça fait tache. Surtout quand on prétend « réenchanter le rêve français »... Pas-de-Calais, tout le monde savait.Il existe dans les partis politiques de ces histoires que l’on se raconte, de génération en génération. A droite, les Hauts-de-Seine alimentaient les soirées au coin du feu. Au PS, ce sont les Bouches-du-Rhône et le Pas-de-Calais qui fournissaient les récits. Même les plus jeunes responsables du parti ont déjà entendu parler de Jean-Pierre Kucheida, ce député de la 12e circonscription du Pas-de-Calais, qui aurait organisé « un pot » dans les années 90 pour « fêter son premier million » ! « Tout le monde en parlait, confie un ancien ministre de Jospin.


 Ni Martine Aubry, ni François


Source Marianne du 17 décembre 2011

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