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10 février 2012

NOUVEAU TRAITE EUROPEEN... Attention, danger.

10 Février 2012 Par jocegaly

Vous avez aimé le Traité de Lisbonne qui nous a conduit là où nous en sommes? Qui a été ratifié par la droite et... par le PS? En ignorant les votes? En ménageant une transition du néo libéralisme vers l'ultra libéralisme?
Ils sont plutôt nombreux, ceux qui crient au "vote utile" en ce moment. Combien cèderont à ce chantage insensé du "tout sauf Sarko", combien voteront pour quelqu'un qui ne fait rien contre le phénomène FN, qui obéissant au diagnostic posé par Terra Nova s'est désintéressé de la frange la plus démunie de la population....
A vous de voir.
Le choix qui sera fait lors de la présidentielle sera déterminant.

Ci dessous trois analyses: Observatoire de l'Europe, Raoul Marc Jennar,  Patrick Le Hyaric

***

Encore un traité qui va tout régler, cette fois, c'est promis.

Sur OBSERVATOIRE DE L'EUROPE

 Tous les deux ou trois ans, il faut apparemment ajouter un nouveau traité à chaque fois vendu comme la panacée qui va, cette fois c'est sûr, nous apporter l'emploi et la prospérité. Evidemment, personne n'y croit plus.

Vingt-cinq chefs d'État et de gouvernement se sont tout de même entendus sur ce nouveau traité qui doit graver dans le marbre constitutionnel la discipline budgétaire à travers une "règle d'or" - ou de platine ? - tant elle est rigide : le nouveau traité limite à 0,5 % les déficits primaires annuels autorisés et prévoit des sanctions automatiques pour les pays dont le déficit passerait la barre des 3 % de produit intérieur brut. La dette doit être réduite de 5 % par an tant qu'elle se situe au-delà du niveau des 60 % du PIB prévu par le traité de Maastricht. Une rigueur budgétaire qui devra être gravée dans les Constitutions nationales sous le contrôle de la Cour de Luxembourg.

Au Printemps de chaque année, les gouvernements enverront leur projet de budget à Bruxelles pour approbation, réduisant les Parlements nations au rôle de simple chambre d'enregistrement. La Commission européenne a proposé d'élargir l'utilisation des fonds structurels, alors que 82 milliards d'euros restent inutilisés et que la Cour des comptes européennes dénonce chaque année les fraudes et irrégularités dans l'utilisation des fonds européens.

 

Encore un traité qui va tout régler, cette fois, c'est promis.

Le projet de traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance
I - La négociation
 
·                    Négociation à "dix-sept plus" ou "vingt-sept moins" le Royaume Uni (sommet des 8 et 9 décembre 2011). 

Ni le Royaume-Uni, ni la République tchèque n'ont approuvé le traité.
 
Les 17 Etats membres de la zone euro + 9 Etats candidats à l'euro
 
"Observateurs" : le Royaume Uni, la Commission la BCE et le Parlement européen
 
·                     Cadre de la négociation : l'Eurogroupe

II - Le contenu
 
Le pacte budgétaire (articles 3 à 8)
 
·                     Les Etats s'engagent à atteindre des « budgets en équilibre ou en excédent » : pas plus de 0,5% de déficit, soit bien au-delà du pacte de stabilité.
 
·                     Tout dépassement donnera lieu à intervention de la Commission, sous forme de « programme de partenariat économique », c'est à dire une tutelle stricte exercée par Bruxelles.
 
·                     Des sanctions automatiques seront déclenchées par la Commission dès que le seuil de 3% serait franchi, sauf si une majorité qualifiée au sein du Conseil s’y oppose. On peut s'interroger sur la pertinence des seuils retenus (déficits publics limités à 3% du PIB et dette publique plafonnée à 60% du PIB) sur la base d'une croissance à...3%.
 
·                     La Cour de justice de l'Union contrôlera la stricte transposition de la règle budgétaire dans les Constitutions nationales. Les juridictions nationales constitutionnelles contrôleront à leur tour la constitutionnalité des décisions budgétaires.
 
·                     Les projets de budgets nationaux seront validés au niveau européen au printemps de chaque année avant qu'ils ne soient présentés dans les Parlements nationaux ("semestre européen"). En pratique, des inspecteurs de la Commission pourront être dépêchés dans les pays récalcitrants, comme c'est déjà le cas en Grèce, au Portugal et en Irlande.
 
·                     Tout en affirmant qu'il "respecte pleinement les responsabilités des Parlements nationaux", il marginalise un peu plus les élus, place la CJUE au-dessus des Constitutions nationales et contraint constitutionnellement les Etats à conduire telle politique économique déterminée.
 
·                     Sur le fond, ces choix économiques imposés continuent d'exprimer la doctrine monétariste allemande selon laquelle la crise de la zone euro a pour origine le déficit budgétaire. Une doctrine contestée par nombre d'économistes qui considèrent que le déficit est la conséquence, non la cause de choix économiques erronés (euro fort, etc). Il grave un peu plus dans le marbre la politique de rigueur et la déflation. On voit mal comment les mêmes "solutions" ne produiraient pas les mêmes conséquences : les politiques de réduction des déficits ne pourront qu'aggraver la crise faute de perspective de croissance.
 
La coordination "sans cesse plus étroite" des politiques économiques (articles 9 à 11)
 
·                     Le traité impose de tendre vers une « politique économique commune » uniforme. Chaque pays sera tenu de soumettre toute réforme de politique économique qu’il envisage aux autres Etats-membres et aux institutions de l'Union, qui détermineront si elle est conforme aux « meilleures pratiques de benchmarking » et à la politique commune de l'Union.
 
·                     Le Pacte "euro plus" incitera les Etats à approfondir la coordination fiscale (décisions à l'unanimité) : lutte contre les pratiques fiscales déloyales, la fraude fiscale, bases de l'impôt sur les sociétés.
 
·                     Dès le premier considérant, c'est dans la "coordination sans cesse plus étroite des politiques économiques de la zone euro" que l'Union entend trouver une "croissance économique plus forte". Ni l'absence de zone monétaire optimale, ni l'orientation de la politique monétaire (déflationniste) menée par la Banque centrale, ni la surexposition du marché européen aux dumpings social et écologique des pays à bas coûts ne sont considérés.
 
 
La gouvernance de la zone euro (article 12 et 13)
 
·                     Les chefs d'État ou de gouvernement de la zone euro se réuniront de façon informelle au moins deux fois par an avec le président de la Commission et celui de la BCE pour évoquer les "responsabilités spécifiques" des Etats "à l'égard de la monnaie unique, des "orientations stratégiques pour la conduite des politiques économiques".
 
·                     Les réunions sont préparées par le Président du Sommet Euro, le Président de la Commission européenne et l'Eurogroupe.
 
·                     Des représentants des Parlements nationaux se rencontreront seulement pour discuter des politiques économiques et budgétaires, ainsi qu'avec des représentants du Parlement européen.
 
III - La ratification
 
·                     Le traité pourra entrer en vigueur dans les Etats membres qui l'auront ratifié aussitôt que douze seulement des dix-sept Etats de la zone euro auront procédé à sa ratification,  ce qui risque de rendre le système encore plus bancal. Pour la France, ce sera après les élections présidentielles et législatives.
 
·                     La ratification et l'entrée en vigueur du Mécanisme européen de stabilité (MES) - mécanisme d'assistance financière pour les Etats défaillants en "codécision" avec le FMI et sans aucun contrôle parlementaire -  sera, elle, plus rapide. 

CB
L'Observatoire de l'Europe



***


Traité européen : la duplicité du PS

Sur MEDIAPART

Par RAOUL MARC JENNAR
Le 7.2.12

François Hollande, candidat du PS à l’élection présidentielle, proclame haut et fort qu’il s’adressera aux partenaires de la France signataires du « traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance dans l'Union économique et monétaire » adopté lors du Conseil Européen du 30 janvier afin de renégocier ce traité pour le compléter par des mesures en faveur de la croissance.

Peut-on le croire ? Peut-on lui faire confiance ?

Assurément non. Parce qu’il a soutenu Jospin qui avait promis aux électeurs de renégocier le traité d’Amsterdam en 1997 et qu’une fois Premier ministre, Jospin avec l’appui de Hollande s’est empressé de le faire ratifier. Parce qu’il avait promis aux électeurs de 2007 qu’il n’y aurait plus de nouveau traité européen sans référendum et qu’en 2008, sous son autorité, le PS a apporté ses voix à l’UMP pour faire en sorte que le traité de Lisbonne puisse être ratifié sans que le peuple soit consulté.

Et parce qu’aujourd’hui, dans le même temps où il s’engage à renégocier ce nouveau traité, au Parlement européen, le groupe socialiste vient de rédiger une résolution commune avec la droite (le Parti populaire européen de Merkel et Sarkozy), les libéraux (dont le Modem de Bayrou) et les Verts de Cohn Bendit. Elle a été déposée sous la référence B7 0044/2012.

Que dit cette résolution adoptée ce 2 février (référencée P7_TA-PROV(2012)0023) ?

Même si le texte comporte des regrets et des souhaits, pour l’essentiel, la résolution indique que les quatre groupes parlementaires précités  – et donc la majorité du Parlement – prennent acte de ce traité. Et qu’ils estiment « que, pour plusieurs points, le texte final représente une amélioration par rapport au texte initial et qu'un certain nombre des modifications proposées par le Parlement ont été reprises dans celui-ci. » En clair, cela signifie que ces quatre groupes politiques, avec quelques restrictions sans doute, acceptent ce traité.

Si plusieurs députés PS français se sont abstenus (Peillon avait voté contre, mais il a fait corriger son vote en abstention), ils appartiennent à un groupe politique qui a assuré le succès de cette résolution.

En présence d’une question aussi importante, quelle est la crédibilité d’un candidat qui dit une chose à Paris, mais dont les représentants au niveau européen disent le contraire ou s’abstiennent ?

La Gauche Unitaire Européenne avait déposé une proposition de résolution, notamment sous la signature de Jean-Luc Mélenchon, qui n’a pas été soumise au vote vu l’adoption de la résolution majoritaire. En voici le texte :

A.         considérant que les mesures adoptées par les chefs d'État et le Conseil de l'Union n'apportent pas de solution aux principaux facteurs ayant déclenché la crise, à savoir la dépendance excessive vis-à-vis des marchés financiers et les disparités macroéconomiques de plus en plus importantes au sein de la zone euro;

B.         considérant que malgré ses effets dévastateurs, la dépendance vis-à-vis des marchés financiers n'a fait qu'augmenter depuis le début de la crise financière et que seuls le contrôle public des banques et l'octroi de prêts à taux réduit aux États membres par la Banque centrale européenne peut y mettre fin;

C.        considérant que le traité proposé enlèvera aux gouvernements démocratiquement élus des États membres toute possibilité de choix en matière budgétaire, qu'il privera les peuples d'Europe ainsi que les parlements nationaux de tout contrôle démocratique et qu'il mettra en place un mécanisme d'austérité permanente;

D.        considérant que la crise de confiance entre les populations des États membres de l'Union et les institutions de l'Union ne fait que s'étendre et qu'elle entraîne une crise de légitimité à l'égard de l'Union;

E.         considérant que le processus ayant abouti à cet accord n'a pas été transparent et qu'il n'a donc pas fait l'objet du contrôle démocratique qui devrait caractériser toute réforme de l'Union;

F.         considérant que dans toute l'Europe, les gouvernements ont accepté les diktats des marchés financiers en axant intégralement leurs politiques sur la satisfaction des marchés;

G.        considérant qu'aucun changement politique de taille ne peut être engagé au sein de l'Union sans y associer pleinement le Parlement européen et les parlements nationaux;

H.        considérant que la population perçoit de plus en plus les politiques de l'Union comme une menace pour son bien-être économique et social, comme une source d'insécurité croissante pour son emploi et ses revenus, comme une instance qui encourage l'inégalité et l'injustice ainsi que comme un obstacle au contrôle démocratique, par la population, de sa propre existence;

1.         est d'avis que les mesures adoptées par le Conseil européen ne feront qu'aggraver la crise du capitalisme mondial;

2.         rappelle que la crise actuelle de la dette souveraine est due à des facteurs extrêmement complexes et qu'on ne la résoudra pas par la réduction unilatérale des dépenses, comme le préconise le traité;

3.         rejette le traité international sur la stabilité, la coordination et la gouvernance dans l'Union économique et monétaire ainsi que les modifications récentes apportées à l'architecture de l'UEM (gouvernance économique, semestre européen, pacte pour l'euro plus); estime que ces changements constituent la réponse néolibérale la plus réactionnaire, la plus antidémocratique et la plus extrême à la crise actuelle;

4.         rappelle que les causes profondes de la crise tiennent notamment à la déréglementation de secteurs industriels essentiels, au déséquilibre des balances des paiements courants et aux taux d'inflation divergents qui en découlent en raison des disparités de la dynamique du coût salarial unitaire ainsi qu'à l'incapacité de nombreux États membres de taxer effectivement la fortune et les grandes entreprises;

5.         estime en outre que le projet de traité international institutionnalisera l'austérité et abandonnera le principe d'égalité démocratique des droits entre les 27 États membres, ce qui aggravera inévitablement la crise, menacera la niveau de vie de la majorité de la population de l'Union et augmentera les inégalités entre États membres tout en créant des clivages qui déboucheront sur une Union à plusieurs vitesses et, ce faisant, mettront en danger l'existence de l'euro, voire de l'Union toute entière;

6.         rappelle que certains États membres profitent de la crise de la dette souveraine; rappelle que l'exportation soutenue par certains États membres a nettement contribué à déplacer les ressources productives de leur destination et à créer des bulles économiques et demande à ces pays de contribuer davantage à apporter une solution à la crise; demande aux États membres de mettre en place des mécanismes fondés sur la solidarité et la proportionnalité;

7.         dénonce le fait que le projet de traité international sur la stabilité, la coordination et la gouvernance dans l'Union économique et monétaire s'attache aux mêmes instruments que ceux qui ont provoqué la crise au lieu de réorienter le développement économique de l'Union vers le plein emploi (par des emplois plus nombreux et de qualité), la croissance socioéconomique, la cohésion sociale (et notamment la lutte contre la pauvreté, les inégalités de revenu et le chômage) ainsi que la protection de l'environnement;

8.         s'oppose à l'introduction d'une nouvelle règle fixant le déficit structurel annuel des États membres à 0,5 % du PIB nominal, car elle se traduira par une austérité permanente et la poursuite du déclin économique, lesquelles alimenteront le cercle vicieux de la baisse des recettes publiques et de l'augmentation de la dette, et s'oppose vivement aux sanctions et aux conditions d'obtention d'une aide supplémentaire;

9.         estime par ailleurs que la mise en place d'un mécanisme de réduction de la dette d'un vingtième par an afin de parvenir à une dette équivalent à 60 % du PIB est non seulement irréalisable, mais qu'elle anéantira les efforts des gouvernements pour faire redémarrer leurs économies et sortir de la crise;

10.       demande aux États membres de mettre fin au déplacement actuel des richesses des salaires vers les dividendes car cette situation débouchera inévitablement sur la poursuite de la déstabilisation économique et la création de bulles financières;

11.       réaffirme que pour résoudre la crise, il faut des mesures globales et durables telles que la conclusion d'accords de restructuration de la dette des économies surendettées comportant notamment des dépréciations de dette ainsi que des investissements permettant de stimuler la croissance dans l'économie verte grâce à la capacité de prêt de la Banque européenne d'investissement;

12.       se dit fermement convaincu que le retour à l'équilibre des comptes publics passe par une politique à long terme comprenant l'imposition de la fortune, une taxe sur les transactions financières, la lutte contre la fraude fiscale et l'évasion fiscale, l'intervention appropriée de la BCE ainsi qu'un contrôle strict du secteur financier;

13.       estime que des engagements de l'ampleur de ceux que prévoit le projet de traité international passent obligatoirement par la consultation la plus large possible des populations par voie de référendums organisés selon les règles nationales; souligne que ces référendums doivent être organisés sans ingérence politique de la Commission européenne; est par ailleurs d'avis que les gouvernements des États membres où un référendum n'est pas possible doivent donner à leur population la possibilité de se prononcer sur la ratification de ce projet de traité par consultation populaire;

14.       fait observer que toute modification de la constitution irlandaise passe par un référendum et qu'en vertu de celle-ci, les compétences budgétaires appartiennent au parlement et au gouvernement irlandais, ce qui oblige à modifier la constitution en cas de transfert de compétences budgétaires (…).

Chacun appréciera.

rmj




***

Rejeter le nouveau traité européen

de Patrick LE HYARIC

Un groupe de chercheurs rassemblé dans une fondation -l’European Council on Foreign Relations-, basée à Londres, alerte sur les « décrochages européens ». « Les nuages noirs s’accumulent sur l’Europe », écrivent-ils. Ils prédisent même que la crise « risque de faire sentir ses effets en 2012 et les années suivantes ». De fait, dans plusieurs capitales à travers le monde on s’alarme sur les conséquences du dogme de l’austérité appliqué à l’Union européenne. Celui-là même que les dirigeants de l’Union européenne sous la dictée de Mme Merkel et M. Sarkozy tentent de « constitutionnaliser ». La Grèce qu’ils mettent de fait sous tutelle est leur terrain d’expérimentation. La confédération européenne des syndicats refuse ces projets. Elle refuse aussi le nouveau traité européen. Voilà un bon point d’appui pour les peuples européens.

Ce nouveau traité européen, adopté le lundi 31 janvier par le Conseil européen est d’une extrême gravité. Il doit être ratifié définitivement par ce même Conseil dans quelques semaines, au premier jour de mars. Sans tenir compte de l’opinion des citoyens européens, Merkel et Sarkozy veulent l’imposer au nom d’une prétendue « parole de l’État ».

Destiné à être intégré au traité de Lisbonne pour aggraver encore ses orientations négatives, il ne fait pourtant l’objet d’aucun décryptage, d’aucune information précise, d’aucun débat dans les grands médias, dont la spécialisation semble être devenue la chasse à la petite phrase, à la valorisation-banalisation de l’extrême -droite, à la dérision abêtissante, à la bipolarisation politicienne, à l’acharnement à déguiser en populiste tout responsable politique de gauche qui ne rentrerait pas dans le cadre de la pensée unique ultralibérale.

Ces mêmes observateurs, partie intégrante du petit microcosme politico-médiatico-sondagier font croire qu’ils attendent avec impatience des programmes présidentiels qu’ils passent à leur scanner programmé avec des idées… de droite. Ainsi, dimanche dernier, lors d’une émission de radio, chaque proposition de Jean-Luc Mélenchon se voyait rétorquer de cette phrase : « … L’Allemagne ne voudra pas ». Qui est l’Allemagne ? Mme Merkel qui vient faire la campagne de son petit télégraphiste Sarkozy en France pour y imposer les mêmes recettes qui font tant de mal à sa population ? Ou n’est-ce-pas le peuple allemand qui souffre des choix ultralibéraux de Mme Merkel ? Tout ce petit monde de “spécialistes” se dit européen et à ce titre a mené campagne pour tous les traités. Mais quelle est donc cette nouvelle conception de la construction européenne qui voudrait que les dirigeants d’un seul pays imposent leurs vues à tous les autres ! A la sainte alliance du Merkozysme, nous opposons l’unité dans l’action des travailleurs allemands et français avec tous ceux de l’Europe. Le programme de M. Sarkozy consiste à terminer le travail qu’il mène depuis cinq ans au service des puissances d’argent. C’est tout le sens de l’exposé de sa dernière émission de télévision. C’est tout le sens du nouveau projet de traité européen. Le fil rouge qui les relie est le texte du Pacte Euro plus, qui est le programme commun de l’ultra droite allemande et française. En réalité, il s’agit du ralliement, de la capitulation sans condition de M. Sarkozy devant les choix antisociaux de Mme Merkel qui font que l’Allemagne détient le record de la précarité et un niveau de pauvreté supérieur à beaucoup d’autres sur notre continent.

Le nouveau traité européen est un mécanisme autoritaire à tendance dictatoriale, bafouant les souverainetés populaires. A la différence de la négociation des précédents accords ou traités européens, où les constitutions nationales étaient modifiées a posteriori pour se mettre en conformité avec eux, cette fois, c’est un texte européen qui s’impose a priori aux constitutions nationales avec l’obligation qui est faite aux Etats, sans vote de leurs parlements nationaux, d’y inclure le principe autoritaire de la « règle d’or ». Ce carcan contraignant oblige les Etats à l’équilibre budgétaire, mais aussi les caisses de protection sociale et les budgets des collectivités locales. Et il ne s’agit pas de n’importe quelle règle ! Le traité de Maastricht et de Lisbonne avait retenu le principe de non dépassement des déficits à 3% des richesses produites dans le pays. Objectif déjà difficile à atteindre. Mais, cette fois, la norme est abaissée à 0,5% de déficit structurel. Ainsi, aucune dépense de long terme ne pourrait être engagée, comme par exemple les plans pluriannuels d’embauche de salariés dans les secteurs publics, de la santé, de la recherche ou de l’enseignement.

Le projet de traité vise à constitutionnaliser la réduction des dépenses publiques et sociales, avec cette norme de 0,5% de déficit à ne pas dépasser, comparée à la valeur des richesses produites, en obligeant les Etats à « l’introduction de dispositions nationales contraignantes, de nature constitutionnelles ou équivalentes ». Mais encore plus fort ! Pour être vraiment sûr que cet oukase budgétaire sera vraiment appliqué, la cour de justice européenne tranchera et sanctionnera tout Etat ne respectant pas la règle, en le condamnant à une amende allant jusqu’à 0,1% de son produit intérieur brut. Il y a d’ailleurs ici une bizarrerie juridique. En effet, ce traité se fait en dehors des structures communautaires puisque deux pays ne l’ont pas signé. La Commission ne peut donc pas le signer non plus. Pour poursuivre un Etat, la Commission demandera donc à un autre Etat de déposer plainte pour elle auprès de la cour de justice.

Puis, un Etat qui sera sous le coup « d’une procédure de déficit excessif » sera placé « sous tutelle » dans le cadre d’un « programme de partenariat économique et budgétaire » obligatoire. Ce programme est exactement celui appliqué à la Grèce, sous le contrôle du Conseil et de la Commission européenne. L’article 11 de ce traité oblige chaque Etat à soumettre « toutes les grandes réformes de politique économique qu’il envisage » à l’approbation des autres Etats. Cette « coordination doit impliquer les institutions de l’Union européenne tel que requis par la loi de l’Union européenne ». Ainsi, pour relancer son économie, développer son tissu industriel et agricole, lancer un programme de grands travaux répondant aux besoins de la métamorphose écologique, un gouvernement devrait obtenir l’accord des institutions européennes. Si ce n’est pas la tutelle renforcée par des organismes supranationaux, qu’est-ce ?

Pour s’imposer, ce traité ne devra pas obligatoirement recevoir l’accord de tous les pays. Dès lors que « …douze pays l’auront adopté, il sera réputé adopté pour tous ». Quel mépris de la démocratie et de la souveraineté des Etats !

Pour être certains que la tutelle de la finance s’exercera d’une main de fer, tout Etat en difficulté sera placé sous l’égide du mécanisme européen de stabilité, (le M.E.S), sorte de « Fonds monétaire international européen » chargé d’appliquer un plan d’ajustement structurel dans chaque pays. Ce M.E.S a été décidé dans le cadre du Pacte Euro plus. Celui-ci devient une référence à part entière du nouveau traité. C’est d’ailleurs en vertu de ce Pacte Euro plus (Le Pacte des rapaces) que M. Sarkozy a décidé d’imposer l’augmentation de la TVA de 1,6 point et de lancer le « pacte compétitivité emploi ». La nouvelle taxe Sarkozy ajoute un cadeau supplémentaire de 13 milliards d’euros aux grandes entreprises et commence à changer le mode de financement de la protection sociale en portant un coup de canif au financement solidaire à partir d’une répartition des fruits du travail. Voilà que cette part serait abaissée et que la porte serait ouverte pour la fiscalisation du financement de la protection sociale, avec l’impôt le plus injuste, l’impôt indirect : la TVA.

C’est en vérité une baisse des salaires qui est envisagée, doublée d’une augmentation des prix à la consommation.

Le second axe sarkozyen est dans le droit fil du premier. Le « contrat compétitivité emploi » est une torpille contre le code du travail. Il s’agit selon la lettre du Premier ministre de permettre aux entreprises de disposer d’une « capacité d’adaptation face aux chocs conjoncturels d’activité ». A partir de là, des accords d’entreprises doivent être trouvés pour abaisser les salaires, faire varier le temps de travail. Bref, il n’y a plus d’obligation à respecter le code du travail et les conventions collectives. Tout ceci se fait au nom du sacro-saint principe de la « COM-PE-TI-TI-VI-TE » : mettre les salariés et les retraités en compétition, en concurrence entre eux, sur toute la planète pour les aligner sans cesse, marche d’escalier après marche d’escalier descendant sur ceux qui sont le moins payés. Le projet de traité européen, le Pacte Euro plus et le programme Sarkozy ne sont qu’un même projet. Il constitue une machine de guerre contre les peuples au seul service du monde de la finance. Ne laissons pas faire ! Il n’y a pas de demi-mesure possible. Il y a besoin que se lève un grand mouvement contre ces projets. Battre Sarkozy, Bayrou ou Le Pen à l’élection présidentielle en serait la première étape. Utiliser cette élection présidentielle pour réclamer une consultation populaire sur le nouveau traité, tout en travaillant à une unité des forces progressistes et des peuples européens pour une autre Europe, en constituerait une autre. Le vote Front de Gauche, le vote Jean-Luc Mélenchon est un moyen efficace de peser dans ce sens. Disposer d’une nouvelle majorité de gauche bien ancrée à gauche grâce à de nombreux parlementaires du Front de Gauche, donnera au mouvement populaire les points d’appui nécessaires pour défaire ces néfastes projets qui enfonceraient encore plus l’Union européenne dans d’inextricables difficultés comme le prédisent désormais nombre d’analyses.

Sortir de l’austérité, refuser ce traité permettra enfin de s’attaquer à la crise

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