On a entraîné un militant du PCF au meeting d'Eva Joly à Roubaix

Sur RUE 89

Floriane Louison | Journaliste

Eric Mouveaux, un militant du PCF, a accepté de m'accompagner au meeting d'Eva Joly, samedi à Roubaix. Il s'est reconnu dans le discours de la candidate mais pour lui, ce sera Jean-Luc Mélenchon.

Eric Mouveaux, un militant PCF au meeting de Eva Joly, le 11 février 2012 (Floriane Louison/Rue89)

Pas assez d'énergie militante à son goût

En fin d'après-midi, dans une salle bon enfant, où les militants applaudissent gentiment, sans foule galvanisée, Eric Mouveaux me rejoint alors que la candidate à la présidentielle monte sur l'estrade.

Il s'assoit au milieu des militants écolos. Avec bonhomie et sans hostilité. Militant au Parti communiste depuis 31 ans, ses « ennemis » sont :

« La finance mondiale, le grand patronat et la droite. Pas Eva Joly. »

Il sort un carnet de notes et un crayon. Puis, se ravise. Il préfère tendre l'oreille. Il faut dire que le discours est prononcé à un volume sonore assez faible.

Eva Joly est une femme qu'il respecte. Même s'il la trouve mauvaise oratrice… Il dit cela avec un sourire entendu. Dans son camp, il y a « LE tribun », Mélenchon, et des meetings où l'on chante l'Internationale à gorge déployée.

Là, il s'étonne du calme ambiant :

« Il n'y a pas de forte expression militante. »

PCF et EELV : « pas si éloignés »

Eva Joly prend la parole et se lance en amorce sur Denis Sassou-Nguesso, le président du Congo, pays pétrolier d'Afrique centrale, reçu à l'Elysée la semaine dernière. Elle enchaîne sur l'affaire Karachi, sur les « affaires » gabonaises, puis sur l'état de la France :

« Nicolas Sarkozy a démantelé l'école, la justice, les hôpitaux. Sa politique fiscale a été catastrophique. Il a pris la responsabilité de faire des cadeaux à ses copains, les riches. »

Les militants huent, Eric se retient. Mais il n'en pense pas moins. Premier point de convergence : l'adversaire est le même.

Cécile Duflot et Eva Joly, le 11 février 2012 à Roubaix (Floriane Louison/Rue89)

Eva Joly fait défiler son programme. A la question nucléaire, il acquiesce. Pareil pour les pesticides qui doivent disparaître de l'agriculture. La candidate s'exclame :

« Nous sommes un système à bout de souffle et qui nous rend malade. »

Père de sept enfants, bien sûr, l'écologie, le concerne. Eric est aussi l'époux d'une femme née algérienne et devenue française. Il ne peut s'empêcher d'applaudir quand la candidate déclare :

« La France que j'aime, qui m'a accueillie en 1964 quand j'étais jeune fille au pair, n'a rien à voir avec celle de Sarkozy. »

Et de proposer :

« Dans la fraternité, nous régulariserons les sans-papiers. »

Le discours continue. Eva Joly évoque le cumul des mandats. Tiens, enfin une petite réticence :

« Je pense que ce n'est pas le problème. La vraie question, c'est la proportionnelle… »

A peine le temps de le dire que le voilà coupé par la candidate :

« Et faisons entrer la proportionnelle dans les élections. »

Vous êtes donc les mêmes ?

Eric concède :

« C'est vrai que nous avons une analyse de la société pas très éloignée mais nous avons des points de divergence. »

Il regarde les drapeaux :

« L'écologie, la solution. »

Le slogan d'EELV est partout. Mais pour le PCF :

« La “solution” est plutôt dans une logique d'Etat fort. »

Par exemple, à l'arrêt de la production nucléaire avancé par Eva Joly, il oppose une reprise de contrôle par l'Etat des ressources énergétiques.

« Et puis dans son discours, il y a de grands absents : la question de l'Europe libérale, celle des seuils de revenus minimum et maximum ou la retraite à 60 ans. »

mais au haut

Finallement, au fond du fond, ce sont surtout des concurrents politiques. Car Eric lui aussi est candidat. Il se présente aux législatives pour la 8e circonscription de Roubaix sous l'étiquette Front de gauche.

Dans cette circonscription, le leader annoncé, c'est Slimane Tir d'EELV. Il pourrait devenir, en juin, l'un des premiers candidats d'origine maghrébine élus à l'Assemblée nationale. Eric l'affirme :

« La ville est un bastion écolo. Et oui, Eva Joly n'a pas choisi Roubaix par hasard ! »