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16 février 2012

Les huit cavaliers du sarkozysme

Sur LIBERATION



Par CHRISTIAN LOSSON, LAURE EQUY, JONATHAN BOUCHET-PETERSEN

(Photos: AFP. Reuters)

 

 

A la veille de la candidature annoncée du chef de l'Etat, l'Elysée peaufine son état-major de campagne. De Nathalie Kosciusko-Morizet à Guillaume Peltier, en passant par Jean-Michel Goudard, gros plans sur certains des hommes et femmes qui vont animer, penser et affiner la stratégie, la com' et les idées d'un président en reconquête. Une liste partielle et toujours en cours de définition en attendant la candidature officielle.

 

 

Emmanuelle Mignon, la boîte à idées

Emmanuelle Mignon. Photo Jean-Pierre Clatot. AFP

 

Après un passage dans le privé chez Luc Besson -au sein de Front Line, la holding du réalisateur-producteur, puis de son groupe EuropaCorp- Emmanuelle Mignon, 43 ans, reprend du service auprès de Nicolas Sarkozy, et devrait travailler sur le volet programme de la campagne. Une collaboration entamée en 2002, place Beauvau, tandis que l’alors ministre de l’Intérieur recrute auprès du Conseil d’Etat. «Je veux le meilleur», demande-t-il. Ce sera elle, major de l’ENA en 1995. Mignon, directrice des études de l’UMP, est ensuite chargée de coordonner le programme du champion de l’UMP en 2007. Puis est nommée directrice de cabinet à l’Elysée.

Mais elle ne s’entend guère avec le secrétaire général, Claude Guéant, et quitte le Château en 2008. Quelques mois auparavant, elle avait soulevé la polémique, en déclarant dans l'hebdomadaire VSD que les sectes étaient, en France, «un non-problème». De retour au Conseil d’Etat en début d’année, elle est reçue par le président sortant pour évoquer sa future campagne, comme nous le racontions dans Libération du 4 février. Emmanuelle Mignon relit, ces jours-ci, le livre que Président-candidat doit publier prochainement, d’après l’AFP.

 

 

 

Guillaume Lambert, le chambellan

Guillaume Lambert. Photo Philippe Wojazer. Reuters

 

On attendait René Ricol, le coordinateur du grand emprunt et l'homme qui joua les conseillers économiques au Chateau? L'homme a décliné. Et c'est donc Guillaume Lambert qui sera chef de cabinet de Nicolas Sarkozy. Un rôle de coordinateur, d'organisateur, très couru, qu'auraient volontiers aimé avoir Olivier Biancarelli (en charge des élus) ou Camille Pascal (en charge des discours). Lambert, 40 ans, est passé par sciences po et l'école de commissariat de la marine. Avant de rejoindre l'Elysée, il avait été chef de cabinet de Laurent Wauquiez.

 

 

 

Nathalie Kosciusko-Morizet, la porte-voix

Nathalie Kosciusko-Morizet. Photo Charles Platiau. Reuters

 

NKM écope du rôle stratégique de porte-parole du candidat. A 38 ans, cette polytechnicienne qui se décrit comme une «fourmi, mais une fourmi avec des dents», trouve là un poste à la hauteur de ses (très grandes) ambitions. Ministre de l'environnement et numéro 4 du gouvernement depuis 2001, NKM sait attendre son heure. En conflit ouvert avec Jean-Louis Borloo, son ministre de tutelle quand elle était secrétaire d'Etat à l'écologie, elle s'est ainsi résignée a écoper en 2009 du très secondaire poste de secrétaire d'Etat à l'économie numérique. Il lui en reste quelque chose: c'est la femme politique la plus suivie sur Twitter, avec 117 640 abonnés. Experte des négociations internationales sur le climat, elle a quasi systématiquement perdu ses arbitrages avec les ministère de l'économie, de l'agriculture ou de l'industrie. Mais en femme politique redoutable, elle a aussi su placer ses pions et avancer: c'est ainsi qu'elle est secrétaire général adjoint de l'UMP depuis 2008 et a initié un cercle de reflexion en 2011: ADN.

Maire de Longjumeau, cette mère de deux enfants mariée à Jean-Pierre Philippe, classé à gauche, a toujours défendu bec et ongles le chef de l'Etat. Dans ses dernières sorties en faveur d'un référendum sur les chômeurs et les immigrés, par exemple. Et surtout, dans le recyclage des ambitions écologistes du chef de l'Etat. Si NKM a, en son temps, pris soin de marquer sa différence avec le gouvernement (sur les OGM, par exemple), avant de se faire recadrer par François Fillon, elle affirme toujours l'assure aujourd'hui: «L'écologie politique a échoué» . Depuis, elle assure sans sourciller le service après-vente d'une politique environnementale dégradée, d'un Grenelle passé aux oubliettes à une politique du tout-nucléaire.

==> Lire le portrait de Nathalie Kosciusko-Morizet

 

 

 

Patrick Buisson, l'idéologue

Patrick Buisson. Photo Philippe Wojazer. Reuters

 

A droite toute. Dans le dispositif Sarkozy, c'est l'homme qui court depuis 2007 après les voix des électeurs du FN. Ancien directeur de la rédaction de l'hebdomadaire d'extrême-droite Minute et actuel directeur de la chaîne Histoire, il incarne la ligne dure dans l'entourage du président-presque-candidat. En 2009, Jean-Marie Le Pen ne tarissait d'ailleurs pas d'éloges à l'égard de ce journaliste-politologue, auteur de l'hagiographique Album Le Pen, images d'un Français (1984), le décrivant comme un «intellectuel de la droite nationale qui, au fond de son coeur, partage probablement plus mes idées que celles de Sarkozy».

Adepte de la messe en latin et des chants grégoriens, ce mélomane érudit, qui a prédit la victoire du «non» au référendum de 2005 et largement contribué à la victoire du candidat de l'UMP en 2007, dispose à tout moment de l'oreille attentive de Sarkozy pour lui parler de la «France du travail», tentée par l'abstention et qui reste à ses yeux la clé du scrutin présidentiel: en 2007 comme en 2012. Chaque dimanche à 18 heures, Buisson retrouve le Président dans son bureau en compagnie du publicitaire et ami intime de Sarkozy, Jean-Michel Goudard (lire plus bas), et du spécialiste de l'opinion publique Pierre Giacometti. Une proximité durable qui n'a jamais poussé l'ex journaliste à accepter un bureau à l'Elysée. Il n'apparaît d'ailleurs pas dans l'organigramme officiel de la présidence, ce qui ne l'a pas empêché, via sa société Publifact, de décortiquer et analyser pendant tout le quinquennat les enquêtes d'opinion pour le compte du chef de l'Etat. Pour faire tourner sa petite boutique, il avait signé en 2007 une convention de 1,5 million d'euros avec l'Elysée, sans appel d'offres, mais la justice a classé l'affaire au nom de l'immunité présidentielle.

==> Lire le portrait de Patrick Buisson publié dans Libération le 21 novembre 2011

 

 

 

Henri Guaino, la plume gaulliste

Henri Guaino. Photo Charles Platiau. Reuters

 

Le candidat de 2007 exaltant la République et la nation ou piquant à la gauche ses auteurs fétiches, c’était lui. Henri Guaino, qui a occupé le rôle très particulier de conseiller spécial du président de la République durant le quinquennat, devrait à nouveau se charger d’écrire les discours de Sarkozy. Gaulliste, ancien pasquaïen puis séguiniste, déçu par le Chirac d’après 1995, il a rejoint Sarkozy début 2006. Il était alors conseiller maître à la Cour des comptes après avoir été limogé du commissariat général au plan en 1998. Ces dernière semaines, Guaino, 55 ans, était parti à la rencontre des militants UMP pour tenir meeting aux quatre coins de la France. Déjà en campagne pour son patron, malgré les déclarations présidentielles en faveur de la rigueur budgétaire qu’il ne doit guère goûter, et le couple franco-allemand dont il s’est accommodé bon gré mal gré.

=> Lire son portrait dans Libé, le 27 mars 2007

 

 

Jean-Michel Goudard, le publicitaire

Jean-Michel Goudard. Photo Philippe Wojazer. Reuters

 

Le G d'Euro RSCG, c'est lui. Jean-Michel Goudard, publicitaire, est l'homme derrière la stratégie de campagne. Qui analyse l'opinion, et, surtout, travaille la com'. Ciselant les slogans de campagne à venir de Nicolas Sarkozy, travaillant le séquençage de l'entrée en campagne et la mise en scène d'un président censé être plus humble et reconnaissant «des erreurs». Un conseiller de l'ombre, un Mazarin qui ne reçoit aucune rémunération du Chateau. Qui fuit les médias, mais a l'oreille du Prince depuis 2008, après avoir été un fidèle de Jacques Chirac. A 72 ans, Goudard, malade mais ultracombatif, a mené trois campagnes présidentielles. Il les a toutes gagnées. «D'une intelligence supérieure, Jean-Michel prend souvent son interlocuteur à contre-pied. Il y a du Mishima et du Gainsbourg en lui. La rigueur et le jusqu'au-boutisme du premier, la poésie et le talent du second, racontait le vice-président d'Havas, Jacques Séguéla, à Stratégie. Il peut être très cassant, mais c'est aussi parce qu'il est très tendre. C'est un grand affectif. Fidèle, il est sans pitié avec ceux qui le trahissent.» Dans le long portrait que lui consacre Libération demain, il l'assure: «Flamby, on va l'écrabouiller.»

 

 

Franck Louvrier, le communicant

Franck Louvrier. Photo Stéphane Mahé. Reuters

 

C'est le plus ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy, dont il gère la communication depuis 1997. Dix ans plus tard, il est un des incontournables de l'Elysée et de la campagne à venir. Durant le quinquennat, contre vents et marées et malgré ses mauvaises relations avec Cécilia qui lui préférait David Martinon, propulsé porte-parole de la présidence jusqu'à mars 2008, Louvrier est resté à l'Elysée au plus près du président de la République. Irremplaçable lien entre la presse et le Palais, Louvrier est à Nicolas Sarkozy ce que Jacques Pilhan fut à François Mitterrand et Jacques Chirac. Mais si Pilhan avait théorisé la rareté de la parole présidentielle, Louvrier a été la cheville ouvrière de la saturation sarkozyenne de l'espace médiatique. Avec Brice Hortefeux, conseiller politique du chef de l'Etat, il est le dernier représentant de ce qui était appelé «la firme» en 2007: le noyau dur de la Sarkozie conquérante et triomphante comptait alors dans ses rangs Laurent Solly (recasé à TF1), Pierre Charon (en disgrâce au Sénat) et Frédéric Lefebvre (finalement devenu ministre). Pur produit des cabinets ministériels qui a gravi les échelons du pouvoir au fil de l'ascension de Nicolas Sarkozy, le fidèle Franck Louvrier a été élu conseiller régional des Pays de la Loire en mars 2010.

 

Guillaume Peltier, le spécialiste des sondages

Guillaume Peltier. photo Jack Guez. AFP

 

Ancien membre du Front national, piqué ensuite à Philippe de Villiers, Guillaume Peltier, 35 ans, a été nommé en début d’année secrétaire national de l’UMP en charge des études d’opinion et des sondages. Il devrait, selon l’AFP, décrocher un poste de porte-parole thématique au côté de NKM. Implanté en Indre-et-Loire où il s’était présenté aux municipales de 2008 - il était encore au Mouvement pour la France -puis aux cantonales de 2011 sous l’étiquette UMP, Peltier a été investi par le parti majoritaire pour les législatives de juin.

Le symbole d’une «droitisation suicidaire de l’UMP», s’étrangle Renaud Donnedieu de Vabres, l’ex-député du cru. Peltier a justifié son passage d’un an au FNJ, branche jeune du parti de Le Pen, par une «une crise d’adolescence». Mais il a ensuite rallié un autre parti d’extrême droite, le Mouvement national républicain de Bruno Mégret, en 1998, à 22 ans. Avant de rejoindre le MPF de De Villiers dont il était numéro deux, jusqu’en 2008.

 

 

Suivez la présidentielle 2012 sur www.libe2012.fr

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