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2 mars 2012

Comité Roosevelt2012: 15 mesures

Présidentielle 2012 : Comment reconstruire l’espoir ?
Sur PLACE PUBLIQUE
par Caroline de Hugo

Le Comité Roosevelt 2012 défend 15 mesures radicales et indispensables pour un véritable New Deal français.

« Chacun de nous peut changer le monde. Même s’il n’a aucun pouvoir, même s’il n’a pas la moindre importance, chacun de nous peut changer le monde » écrivait Václav Havel en 89, quelques semaines après la chute du Mur de Berlin. Forts de cette certitude, le 5 février, une centaine de citoyens se sont retrouvés pour une journée de débats à la mairie du XIe arrondissement de Paris. Ils répondaient à l’appel du Comité Roosevelt 2012 et de Pierre Larrouturou, célèbre pour son travail sur le partage du temps de travail comme pour son analyse visionnaire de la crise financière.
Issus de toutes les tendances de la gauche, PS, Europe Écologie, Front de Gauche, mais aussi militants associatifs - des Colibris de Pierre Rabhi à Génération Précaire –, tous les participants avaient en commun le diagnostic sur la gravité de la crise mondiale et leur volonté de promouvoir la justice sociale.

Pendant sa présentation du caractère systémique de la crise mondiale, Pierre Larrouturou (1) a décrypté l’absence effarante de politiques volontaristes de nos gouvernants qui, depuis 2008, « plutôt que de s’attaquer aux racines de la crise, plutôt que de changer radicalement un système économique que tous disaient vouloir transformer de fond en comble, ont continué la fuite en avant, en remplaçant la « transfusion » de dette privée par une transfusion de dette publique ». Ainsi, ces dernières années, la dette publique a explosé en Europe. Mais au lieu d’un retour nécessaire du politique, qui permettrait de s’attaquer pour de bon à la régulation des marchés, on assiste à la mise en œuvre de programmes d’austérité par de pseudo « experts » financiers comme en Grèce ou en Italie, qui vont aggraver la crise sociale et réduire encore les moyens de lancer la nécessaire transformation écologique.

Maintenant, il faut agir.

Face à ce constat, le Comité Roosevelt 2012 a décidé de prendre la parole pour alimenter le débat démocratique. Il propose 15 mesures d’urgence que le prochain président de la République devra mettre en œuvre, autour de trois axes prioritaires :

A. Pour éviter l’effondrement

- 1. Donner de l’oxygène à nos finances publiques en diminuant très fortement les taux d’intérêt sur la dette ancienne.
- 2. Dégager de nouvelles marges de manœuvre financières en créant un impôt européen sur les bénéfices des entreprises.
- 3. Annuler une bonne partie des baisses d’impôts octroyées aux grandes entreprises et aux citoyens les plus riches depuis 10 ans.
- 4. Boycotter les paradis fiscaux en utilisant le levier de la commande publique.
- 5. Limiter au maximum les licenciements en développant le Kurzarbeit allemand dans les entreprises françaises (2).
- 6. Sécuriser les précaires en prolongeant par exemple l’indemnisation des chômeurs. (Ce fut l’une des premières mesures que prit le président Roosevelt en 1933) et engager un débat pour créer à terme un véritable bouclier fiscal.
- 7. Séparer les banques de dépôt et les banques d’affaires, afin d’interdire aux secondes de spéculer avec notre argent. (C’est ce que fit Roosevelt avec le Glass Steagal Act).
- 8. Créer une vraie taxe sur les transactions financières, qui pourrait servir à abonder le Fonds européen de Stabilité.
- 9. Lutter contre les délocalisations en imposant le respect des normes sociales et environnementales dans le commerce mondial en convoquant un nouveau Sommet de Philadelphie (3).

B. Pour construire une nouvelle société

- 10. Investir dans une vraie politique du logement, en construisant 500.000 nouveaux logements par an, pendant 5 ans au moins, dont 150.000 logements vraiment sociaux.
- 11. Mettre en œuvre le rapport de Nicholas Stern pour lutter réellement contre le dérèglement climatique en investissant chaque année 1 % du PIB dans des travaux d’économies d’énergie.
- 12. Développer l’économie sociale et solidaire, un modèle économique et social au service des citoyens et au plus près des territoires.
- 13. Négocier un autre partage du temps de travail et un autre partage des revenus.

C. Pour construire une Europe enfin démocratique

- 14. Faire éclore la démocratie en Europe, en changeant radicalement les institutions et en adoptant un système parlementaire.
- 15. Négocier un vrai Traité de l’Europe sociale avec 5 objectifs clairs :

• un emploi pour tous : un taux de chômage inférieur à 5 % ;
• une société solidaire : un taux de pauvreté inférieur à 5 % ;
• un toit pour chacun : un taux de mal-logés inférieur à 3 % ;
• l’égalité des chances : un taux d’illettrisme à l’âge de 10 ans inférieur à 3 % ;
• une réelle solidarité avec le Sud : une aide publique au développement supérieure à 1 % du PIB.

En 2011, partout dans le monde, des mouvements citoyens ont réveillé le débat public : les Révolutions Arabes, le mouvement « Occupons Wall Street »… Le Comité Roosevelt 2012 veut lui aussi utiliser tous les moyens possibles pour faire connaître et imposer à nos dirigeants ces mesures indispensables pour dompter les marchés financiers, lutter contre le chômage et construire une Europe démocratique capable d’agir efficacement sur la mondialisation. Parmi ses premiers adhérents, on compte des personnalités comme Stéphane Hessel, Edgar Morin, Susan George,Michel Rocard, Patrick Viveret ,Claude Alphandéry, Lilian Thuram, Dominique Méda, Patrick Pelloux, Patrick Doutreligne… Des milliers d’autres devraient les rejoindre dans les semaines à venir.

Notes

(1) A lire : Pour éviter le krach ultime, de Pierre Larrouturou, préface de Stéphane Hessel, Nova éditions, 2012, 15 euros

(2) Le principe est aussi simple qu’efficace : au lieu de licencier 20 % des effectifs, une entreprise qui voit baisser son chiffre d’affaires de 20 % va baisser son temps de travail de 20 % et garder tous les salariés. Le salaire baisse mais l’Etat maintient le revenu.

(3) En 1944, avant de convoquer le sommet de Bretton-Woods, Roosevelt organisait le sommet de Philadelphie qui adoptait comme priorité absolue le respect d’un certain nombre de règles sociales : "le travail n’est pas une marchandise. (…) Il n’y aura pas de paix durable sans justice sociale" et définissait des règles sur les salaires, le temps de travail et le partage entre salaires et dividendes.

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