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3 mars 2012

La Mélenchonmania gagne du terrain

Sur PARIS MATCH
 

Jean-Luc Mélenchon à Saint Herblain le 14 janvier. | Photo REUTERS/Stephane Mahe

Paru dans Match

« Je suis entré en résonance avec le peuple », dit Mélenchon, qui rêve d’un score à deux chiffres

Je vous ai entendu hier soir. Ce que vous dites fait du bien. Monsieur, merci. » Penchée vers lui, la jeune femme est intarissable : « Vous redonnez envie de croire à la politique. » Serrés derrière elle, les autres passagers, qui attendent de prendre leur place, ne perdent pas un mot de la conversation. L’un d’entre eux, visiblement sceptique, hoche la tête. La présence de Jean-Luc Mélenchon, dans cet avion de ligne plein à craquer en cette période de vacances scolaires, est un ­événement que chacun commente à voix haute. « Vous êtes un beau parleur, c’est tout », lui lance un étudiant, du fond de l’appareil.

La veille, le candidat du Front de gauche a tenu un meeting enflammé dans une salle comble de Bastia : « Vous n’êtes pas condamnés à vivre du tourisme. Résistez. Vous finirez en caleçon si vous vous laissez faire », a-t-il hurlé sous les acclamations de la foule avec laquelle il a chanté, à pleine voix, le refrain désormais fétiche de la chanson « On lâche rien » du groupe HK & les Saltimbanks. Comme à chaque réunion ­publique, Jean-Luc Mélenchon a violemment pris à partie ­Marine Le Pen, « cette dame spécialement malfaisante... dont l’obsession névrotique contre les étrangers atteste d’un grand dérangement mental ». Tout aussi remonté contre Jean-Marie Le Pen, dont il n’a pourtant jamais prononcé le nom, le candidat du Front de gauche a ironisé : « Pour le prix d’un, on en a deux. Mais, avec moi, ces gens-là sont tombés sur un os. »

Succès garanti aussi lorsque, à quelques heures de son face-à-face annoncé sur France 2, il défie Marine Le Pen devant les journalistes : « La pauvre, je vais la traîner d’un bord à l’autre du ring. » Et tant pis si le débat annoncé s’est transformé en monologue, le privant ainsi d’une confrontation dont il se réjouissait. Tant pis ou... tant mieux. Sans se départir de sa superbe, l’ancien trotskiste a beau jeu de dénoncer, sur son blog, « le ridicule et la panique » de la candidate du Front national « qui s’agitait avec ses papiers et faisait mine de lire son journal ». « En refusant de débattre avec moi, elle s’est tiré une balle dans le pied », estime le député européen, convaincu qu’en restant silencieuse, la candidate frontiste a fait « aveu d’impuissance ».

Survenue au début de la semaine, l’invitation de Jean-Marie Le Pen – qui l’a traité de « voyou » – à débattre virilement avec lui le prend à revers. « La fille marque le pas. Le père reprend la main. Mais quelle est la ligne officielle ? » Peu désireux de s’abîmer dans une « polémique interne où il n’a rien à faire », le candidat du Front de gauche préfère, pour l’instant, laisser son entourage monter au créneau. « A quel titre s’exprime Jean-Marie Le Pen ? En son nom ou en celui de sa fille ? » s’interroge Eric Coquerel, le conseiller politique de Mélenchon. Animateur du Front de gauche, Alexis ­Corbière, qui vient de publier, aux éditions ­Tribord, « Le parti de l’étrangère », enfonce le clou : « Le père désavoue la fille. C’est l’échec de la stratégie de dédiabolisation voulue par Marine Le Pen. Le feu est chez eux. Pas chez nous. A quoi bon débattre avec le père si la fille le désavoue ? »

 

Jean-Luc Mélenchon ne cache pas sa perplexité devant la « stratégie passive » du candidat ­socialiste

En attendant, Jean-Luc Mélenchon, dont le prochain ­meeting est prévu le 6 mars à Rouen, a d’autres chats à fouetter que le FN. Un événement le met particulièrement en ­
« colère » : l’abstention annoncée des socialistes lors de l’adoption au Sénat – où ils sont pourtant majoritaires – du Mécanisme européen de stabilité (MES). « Quand je les entends parler d’abstention “positive” ou “dynamique”, ça me fait hurler. Je connais ces petits jeux par cœur. J’y ai participé pendant quinze ans. La réalité, c’est qu’ils laissent le champ libre à la droite. Mais qu’ils ne fassent pas croire que, demain, ils vont renégocier le traité. Tout ça, c’est de la foutaise. »

Très remonté contre François Hollande, dont il dénonce le « social-libéralisme », Jean-Luc Mélenchon ne cache pas sa perplexité devant la « stratégie passive » du candidat ­socialiste. « François se met à l’endroit où les contradictions s’annulent. Et attend que les événements viennent à lui. » Jean-Luc Mélenchon est formel : « Ma participation à un éventuel gouvernement Hollande est totalement exclue. Ils peuvent toujours me faire les yeux doux. Je ne suis pas à vendre. Ma vie est faite. Ministre, je l’ai déjà été. » (De 2000 à 2002.) En revanche, il appellera « bien sûr » à voter Hollande entre les deux tours. « La gauche vote toujours contre la droite. Ça peut être une table, une chaise... Peu importe. Notre objectif est clair : battre la droite. Point. »


Jean-Luc Mélenchon, parti en campagne il y a plusieurs mois dans l’indifférence générale, veut croire qu’il a le vent en poupe. Porté par des sondages flatteurs (9 % dans notre sondage rolling Ifop Paris Match de lundi), il rêve, devant nous, d’un score à deux chiffres au soir du premier tour. Assez invraisemblable hier, l’objectif lui paraît aujourd’hui « parfaitement réalisable » : « Le mouvement est en marche. Plus rien ne l’arrêtera. »

« Méluche », ainsi que le surnomment ses pro­ches, vit cette campagne comme une « renaissance ». Comme une « résurrection », nous dit-il. Un mot que ce franc-maçon, athée convaincu, qui fut pourtant enfant de chœur pendant trois ans, n’aime pas beaucoup. « Je suis entré en résonance avec les gens parce que ce que je suis est en adéquation avec ce que je dis », constate-t-il, conscient de revenir de loin. « J’ai failli disparaître », se souvient-il à voix haute, évoquant le temps « pas si lointain » où il était totalement placardisé. « J’étais tricard. On se souvenait de moi au moment des élections et on me disait : “Ah ! Jean-Luc, rends-toi utile. Va te dégourdir les jambes dans les cités ouvrières. Fais quelques discours, comme tu sais faire.” Je m’exécutais. Trois petits tours... Puis je repartais dans mon placard... Jusqu’à la prochaine fois. Aujourd’hui, tout a changé. Je suis dans une position singulière qui n’arrive qu’une fois dans une vie. » •Point final

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