"Parole de candidat" et TF1 privilégient Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon

5 mars 2012

"Parole de candidat" et TF1 privilégient Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon

l’émission de TF1 « Parole de candidat ».

TF1 me donne généreusement une demi-heure de temps de parole en soirée. Mais auparavant vous aurez dû subir une heure et demie de madame Le Pen ! N’oubliez jamais, mes amis lecteurs, cette offense ! N’oubliez jamais que cette chaîne a donné la parole à la candidate du parti qui applaudit debout un collabo assassin et antisémite et m’a réduit à passer sous ses pieds pour moitié moins de temps. Cela vaut pièce d’identité ! Surtout quand il est évident que notre temps de parole est déjà grossièrement sous-estimé. Surtout quand l’intéressée elle-même dit qu’elle n’est pas sûre d’être candidate ! Regardez les visages des journalistes qui acceptent ce rôle. Retenez leurs noms. Ces gens sont capables de tout sur ordre. En tous cas personne ne pourra dire que nous avons laissé faire. Nous avons évidemment protesté, y compris auprès du CSA. Mais TF1 nous a expliqué que c’était comme ça ou rien. Il faut donc subir. Comme on subit l’occupant privé d’une ancienne télé publique en lui résistant du mieux qu’on peut.

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Quand "Parole de candidat" et TF1 privilégient Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon

Sur L'HUMANITE

Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon sont ce lundi soir les invités successifs de l'émission de TF1 consacrée à la campagne présidentielle. Mais la première chaîne réserve un accueil privilégié à la candidate du Front national, avec une intervention en prime time et plus longue que celle du candidat du Front de gauche, relégué en deuxième partie de soirée.

Sur son blog, Jean-Luc Mélenchon va même jusqu'à minuter cette différence de traitement: "TF1 me donne généreusement une demi-heure de temps de parole en soirée. Mais auparavant vous aurez dû subir une heure et demie de madame Le Pen! N’oubliez jamais, mes amis lecteurs, cette offense! N’oubliez jamais que cette chaîne a donné la parole à la candidate du parti qui applaudit debout un collabo assassin et antisémite et m’a réduit à passer sous ses pieds pour moitié moins de temps. Cela vaut pièce d’identité! Surtout quand il est évident que notre temps de parole est déjà grossièrement sous-estimé."

TF1 ne communique pas sur les temps de parole de ce soir

Contacté par humanite.fr, le service de communication de TF1 se retranche derrière les règles d'équité fixées par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) pour cette première partie de campagne télévisée. "Cette règle d'équité prend en compte des indicateurs comme les intentions de vote pour les candidats dans les sondages, leur représentation dans les assemblées, leurs résultats dans les précédentes élections." Si ce même service refuse de confirmer ou d'infirmer le temps de parole donné par le blog de Jean-Luc Mélenchon, il souligne que "le programme de l'émission a été communiqué il y a trois semaines et donné en amont à tous les candidats. Libre à eux de décider de participer à l'émission ou non."

"C'était ça ou rien"

Eric Coquerel corrobore cette dernière version. "C'était ça ou rien. Nous avons décidé d'utiliser ce créneau médiatique. Mais c'est anormal car ce programme place Jean-Luc Mélenchon en deuxième position. Au nom de quoi TF1 favorise-t-il certains candidats?" Le conseiller spécial du candidat du Front de gauche pointe plus globalement le fait que Parole de candidat privilégie ainsi trois candidats de droite sur quatre déjà invités. Seul François Hollande a eu accès à une émission en prime time entièrement consacrée à lui, comme Nicolas Sarkozy. Les autres éditions ont consacré une formule en duo, avec à chaque fois un candidat de droite en premier (François Bayrou avant Eva Joly, puis ce soir Marine Le Pen avant Jean-Luc Mélenchon).

"Travestissement médiatique de la campagne"

"Je n'ai jamais vu un tel travestissement médiatique d'une campagne présidentielle", affirme à humanite.fr Eric Coquerel qui en appelle une nouvelle fois au CSA pour "faire respecter l'égalité du temps de parole puisqu'il ne parvient pas à faire respecter l'équité du temps de parole." Le conseiller spécial souligne enfin la bipolarisation médiatique de cette campagne. "A eux deux, l'UMP et le PS ont représenté 70% du temps de parole à la télévision entre le 1^er janvier et le 24 février. A côté, le Front de gauche est à 6% à la télévision et 7% sur les radios. Nous sommes loin de ce que nous représentons, d'autant plus qu'un petit point nous sépare de François Bayrou dans les sondages."