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14 mars 2012

Mario Draghi chef de la BCE, ex employé de Goldman Sachs annonce la fin du modèle social en Europe.

Sur zebuzzeo


La Banque centrale européenne (BCE) à travers la voix de son directeur en chef Mario Draghi estime que le vieux modèle social européen est mort. Lors d'une intreview au Wall Street Journal, Marion Draghi (ex membre de Goldman Sachs) a déclaré: «Le modèle social européen a déjà disparu, quand nous voyons le taux de chômage des jeunes qui prévaut dans certains pays nous ne pouvons que constater son échec. Les réformes que Bruxelles exige sont nécessaires pour relancer l'èconomie et l'emploi, et je pense en particulier à l'emploi des jeunes, et de ce qui en découle, c'est à dire le niveau de la consommation. "




Quoi de neuf à propos de la dette en Euro zone ?
Après bien des vicissitudes, le deuxième plan de sauvetage de la Grèce a été adopté le 20 février par la Troïka (l’Eurogroupe, la Banque Centrale Européenne et le FMI) d’une part, et le gouvernement et le Parlement grecs de l’autre. En échange de mesures d’austérité d’une brutalité seulement vue dans le tiers-monde -et la crise asiatique de 1997-, et mises en place sous l’égide du FMI, l’accord propose un effacement de 100 milliards de dettes et un nouveau prêt de 130 milliards d’euros, exclusivement alloué au paiement des créanciers.




Les créanciers justement, à qui on a demandé de renoncer « unilatéralement » à presque 70% de leur créance, pour ne pas déclencher les Credit Default Swaps, qui les auraient indemnisés contre exactement ce qui de se produire, se sentent floués par « la raison d’Etat ». Les populations, elles brandissent leurs cahiers de doléances et crient de plus en plus au défaut.




Né au forceps, le compromis est loin de mettre fin à la « crise atlantique », comme disent les Asiatiques, sur sa rive européenne. Aussitôt signé, le parti minoritaire dans la coalition allemande a annoncé qu’il allait en bloquer le passage au Parlement allemand. Quant aux dirigeants du principal parti d’opposition en Grèce, la Nouvelle Démocratie, ils déclarent vouloir en renégocier les termes, après les élections d’avril qui devraient les ramener au pouvoir.




De son côté, le gouverneur de la Banque Centrale Européenne, Mario Draghi donne un entretien au Wall Street Journal en fin de semaine dans lequel il déclare que : « Le modèle social européen est fini » (‘the European social model is already gone’) et où il justifie la politique économique préconisée la Troïka. L’ancien patron de Goldman Sachs Europe martèle que pour s’en sortir, l’Europe doit endurer stoïquement un remède de cheval. On peut légitimement le soupçonner d’être juge et partie.




Pendant ce temps, comme les Européens ne veulent pas être ravalés au rang d’animal, la cessation de paiements est devenue un enjeu du débat public. Vu d’Amérique, où le psychodrame du relèvement du plafond de la dette étatsunienne en aout 2011 avait fait couler son pesant de pixels, le cadre du débat européen est fascinant. Il marque une réelle évolution par rapport à ceux qui depuis deux ans jouaient à nous faire peur : « Et si la Grèce faisait faillite et cela déclenchait un nouveau cataclysme, à la Lehman Brothers ? »




La nouveauté, ce sont en effet les articles en faveur du défaut grec. Comme un pays ne peut pas faire faillite, comme les créanciers ne démonteront pas pierre par pierre l’Acropole, comme ils ne peuvent pas tirer la Crète avec une grosse remorque, que le peuple grec est mis en prison pour dettes in situ ; un retour à la tradition de l’Antiquité en quelque sorte, et bien un gouvernement grec devrait arrêter de payer les banques et sauver ses gens. La rengaine de l’impuissance est une fable, regardez l’Argentine, qui s’en est vraiment bien sortie, dès qu’elle a mis le FMI à la porte. Voyez l’Islande, qui au lieu de jeter sa population dans les affres de l’austérité, née du casino garanti par l’ancien pouvoir politique a préféré faire défaut, son purgatoire n’a pas duré si longtemps : Fitch a été la dernière des agences à relever la note de la petite république au rang d’emprunteur « fiable ».




Le maitre dit : ne réfléchissez pas, obéissez. Le financier dit : ne réfléchissez pas, payez. Le prêtre dit : ne réfléchissez pas, priez. Et le spectateur engagé dit : « ayez le courage de penser ». Modèle contre modèle, doxa contre doxa, qui dit vrai ? Et d’abord pourquoi le débat en est-il arrivé la ?




L’hypothèse que j’avance est que la présentation en positif du défaut est le résultat d’un triple phénomène :


- Le prolongement de la crise européenne permet d’observer le sort d’un panel de pays vulnérables.


- L’aggravation de la crise européenne accentue les contradictions d’un fédéralisme inachevé et celles d’un capitalisme européen, finalement très spéculatif.


- La déception face au bilan du mouvement des Indignés de 2011, qui se réincarne dans une revendication politique programmatique en 2012. Par comparaison, le mouvement « Occupy Wall Street » a réussi à placer au cœur de la campagne présidentielle américaine la question des inégalités et de la justice fiscale.




A quelles conditions un Etat peut-il se passer de ses créanciers ? Réponse : dès lors que ses recettes couvrent ses dépenses… hors paiement des intérêts et du principal, donc à condition que le solde primaire des finances publiques soit nul ou positif ; c'est-à-dire à partir du moment où il n’aurait besoin d’emprunter que pour honorer le service de sa dette.




Question dans la question : à quelles conditions un Etat peut-il de draper dans sa toge de légitimité et décider de renier sa parole la tête haute ? Réponse : lorsque la dette a été contractée de manière inique, c’est à dire pour un but autre que l’utilité publique, comme c’est souvent le cas sous une dictature ou un régime corrompu, et que les prêteurs savaient que l’argent serait employé à mauvais escient. Le concept de “dette odieuse” est reconnu en droit international.




C’est bien là que le bât blesse pour les partisans du “droit des peuples au défaut”. La dette odieuse n’est pas actionnable quand les conséquences du surendettement public deviennent odieuses pour la population, mais lorsque sa genèse l’est. Dans les divers pays de l’UE tombés sous le joug de la Troïka, combien pourraient invoquer l’usurpation du pouvoir, la corruption des puissants, et la collusion des prêteurs ?




Les Italiens méritent-ils de déguster parce qu’ils n’ont pas chassé Berlusconi pendant 20 ans ? Au delà du diagnostic froid, il est intéressant de regarder le « roman national » que se racontent les différents pays pour s’expliquer leur crise. La Grèce a produit « Deptocratie », un documentaire qui a rencontré un très grand écho dans la population ; il donne à voir un degré de putréfaction dans la classe politique et de complicité des corps intermédiaires, une genèse effarante du chaos actuel. En Espagne, deux films ont capturé les consciences : « Quand nous étions riches » et « Españistan ». Dans le premier, on voit que le délire des infrastructures a duré aussi longtemps que les fonds structurels européens ont duré mais que l’Espagne ne peut pas construire des autoroutes qui ne mènent nulle part si elle n’a pas les moyens de les entretenir. Le deuxième est un réquisitoire contre la politique d’Aznar. Leur concomitance montre combien il est difficile parfois de distinguer entre l’erreur dogmatique, l’aveuglement et le retournement de conjoncture. Le défaut du défaut est que la plupart du temps, il ne dédouane pas les peuples-spectateurs de leur manque d’engagement comme citoyens. Mais c’est un bon argument de négociation.

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