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21 mars 2012

François Hollande, candidat de la vertu

Sur COURRIER INTERNATIONAL

Le candidat socialiste dénonce les dérives immorales du capitalisme, mais sans aller jusqu'à appeler au renversement du système, regrette le blog de gauche The Current Moment.

21.03.2012 | The Current Moment

 
 
François Hollande, lors d'un discours à la Maison des Métallos (Paris).

François Hollande, lors d'un discours à la Maison des Métallos (Paris).

Dans un post précédent, nous avions reproché à François Hollande, le candidat du Parti socialiste, d'avoir une approche moralisatrice de la politique économique. Les maux du capitalisme tiennent selon lui à de mauvaises intentions poursuivies par des individus sans scrupules. Il a déclaré dans son premier grand discours de campagne que son véritable ennemi était la finance. Plus récemment, François Hollande a annoncé lors d'un entretien télévisé accordé à TF1 que s'il était élu président il introduirait un nouvel impôt sur les hauts revenus. Celui-ci serait de 75 % pour les personnes gagnant 1 million d'euros par an, une mesure qui concernerait 3 000 personnes et rapporterait au trésor public 200 à 300 millions d'euros.

Le problème de cette approche moralisatrice du capitalisme a été résumé brièvement dans un commentaire envoyé au Current Moment : dénoncer le capitalisme de façon morale laisse le système lui-même intact et ne sert de fait qu'à légitimer le statu quo. On reproche à l'époque d'être dominée par une culture matérialiste, anti-égalitaire et vulgaire, incarnée par le personnage du banquier-voyou et le mode de vie de célébrité de la classe politique. On propose de le remplacer par une alternative profondément conservatrice : austère, responsable, plus égalitaire et moins ostentatoire dans son attitude vis-à-vis de la richesse et de la consommation. C'est exactement l'argument de François Hollande : il a justifié son nouvel impôt non par les fonds qu'il pouvait rapporter mais en termes de moralité et de patriotisme. Les riches de France, en versant davantage dans les caisses du pays, feront leur devoir patriotique.

Au lieu d'être un programme économique, ce que propose Hollande est une façon de gouverner différente. Au lieu du matérialisme grossier de Sarkozy, avec ses riches amis et sa riche épouse, on nous offre François Hollande, un individu plus ordinaire et plus sérieux, aux goûts moins extravagants. Nous constatons ici de très forts échos entre la campagne française et ce qui se passe en Italie. Ce que Monti apporte à la vie politique italienne, c'est avant tout un changement de style : loin des paillettes de Berlusconi, Monti représente l'alternative austère, qui convient à des temps de rigorisme généralisé. Interrogé sur le coût de ses célébrations du nouvel an, Monti a réagi en publiant une liste détaillée du dîner qu'il a donné au palais Chigi : dix invités, tous de la famille, un menu traditionnel, la liste des endroits où Elsa Monti a fait les courses et le coût de l'ensemble. C'est là, la clé : le changement culturel proposé par Hollande ou Monti légitime les privations voulues par l'époque.

En critiquant le système de façon moralisatrice, Hollande le préserve de deux façons : en proposant un ensemble de valeurs conservatrices, par exemple le patriotisme, le devoir et la responsabilité nationale, et en proposant une adéquation plus étroite entre le marasme économique du pays et le comportement de la classe politique. Ce genre de chose marche en Italie pour le moment, car les Italiens se félicitent de la fin de l'orgie berlusconienne. Hollande parie que cela marchera pour lui dans les élections à venir. Ce sera peut-être le cas, en particulier si les riches de France comprennent que Hollande n'en a pas après eux mais qu'il est leur sauveur.

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