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29 mars 2012

Stephane Arnoux, soutien du Front de gauche , dénonce les traités européens

L’insurrection nécessaire
Posté le 13 mars 2012 par Place au Peuple dans Le Front de Gauche des intellectuels, S'INFORMER
 
L’insurrection nécessaire

Stéphane Arnoux est réalisateur et cinéaste. Il a signé l’appel du Front de Gauche des intellectuels « Pour nous c’est Jean-Luc Mélenchon ». Il dénonce ici les nouveaux traités européens et le pouvoir des banques. Pour lui, « A la Libération, il fallait que le théâtre soit aussi présent et essentiel que l’eau, le gaz et l’électricité. Tout cela a été privatisé, c’est donc tout cela qu’il convient, au plus vite et avec force, de se réapproprier. »

A en croire les médias et leurs spécialistes, autoproclamés ou dépendants d’intérêts liés aux puissances de l’argent, c’est aux banques de régir aujourd’hui la destinée des peuples d’Europe, comme du reste du monde.

C’est tout le sens des nouveaux traités que le pouvoir actuel cherche à faire passer à tout prix, sans consultation nationale, au mépris de toute information constructive, avant de sans doute céder la main.

Le malheur des uns…
Il s’agit de donner pouvoir à une institution détenant une totale immunité juridique, indépendante des nations et des décisions des peuples souverains, imaginée sous la forme d’une banque privée, et placée à la tête de l’Europe, comme un gouvernement non élu qui examinera les comptes des États et les forcera sans aucune possibilité de refus de payer des sommes engagées, pour « sauver » d’autres États… que des banques ont dépecés (ou s’apprêtent à le faire) au nom du remboursement des intérêts sans cesse croissants d’une dette qu’ils ne pourront manifestement pas rembourser, sauf à tout vendre : tout service public, tout bien commun, toute activité humaine, en renonçant peu à peu à tout droit social. C’est ce qui se passe en Grèce que l’on promet à l’Europe entière. Ce pays, berceau de la démocratie (qui ne veut aujourd’hui plus dire grand chose) à la tête duquel on a placé un dirigeant non élu pour présider à la destinée austérisée du peuple (tout comme en Italie).

C’est le dernier mouvement d’une puissante stratégie du « choc », commencée à l’occasion d’une crise fabriquée de toute pièce par le crédit : celle des subprimes. Le système bancaire, système prêteur se prêtant à lui-même bien plus que l’activité humaine a pu produire de richesses réelles. Et voilà que si une banque claque, les autres pètent. Sauf si l’État, pour commencer, prend l’argent de sa population pour le donner aux banques, avec un faible taux d’intérêt, ce qui l’oblige à se financer auprès… des banques (parfois les mêmes) avec de plus forts taux d’intérêts. Ainsi, littéralement, on prend au peuple, à l’économie réelle, c’est à dire l’argent produit par le travail des travailleurs, pour donner à la finance, qui commence à faire des bénéfices sur le dos de tout le monde.

… et le bonheur des autres

Dans le même temps, on vote des boucliers, niches et autres systèmes pour que les riches paient moins d’impôts que les pauvres, ceci agrandissant le déficit, donc la dette, obligeant là encore l’État à se financer (avec intérêts) auprès des banques privées… etc… En bref, les pauvres doivent payer l’enrichissement de ceux à qui profitent les banques. Et les riches s’enrichissent, et les pauvres, ou les classes moyennes ainsi appauvries, se demandent contre qui se retourner. Plus on avance dans cette stratégie, que le choc de la crise permet (comme le choc des Malouines sous Thatcher, ceux des coups d’États militaires successifs en Amérique du Sud etc…) plus on voit les politiques de la droite libérale (ou historiquement affiliée à la mouvance suprématiste, ce sont souvent les mêmes) nous expliquer qu’il faut toujours plus de libéralisme, toujours plus d’Europe libérale, de concurrence libre et non faussée, plus de plans d’austérité etc… c’est à dire tout ce qui nourrit l’appétit sans frein de banquiers et de financiers au service de quelques possédants, riches seulement de la dette des autres.

En fait c’est ça la banque : séparer l’argent des puissants de leur propriété physique, afin de protéger celui-ci et ceux-ci. Ainsi, à la différence de 1789, il est plus compliqué de renverser les châteaux.

La dette illégitime, un choix politique
Quant à l’État, c’est bien une décision politique qui l’oblige à se financer auprès des banques privées (avec intérêts, comme par exemple tout ce que la Grèce doit encore payer), une autre qui mit fin aux banques publiques, obligeant tout le système de crédit à produire des bénéfices (gigantesques) pour les actionnaires des banques privées et non pour le peuple. Ce n’est pas une dérive, c’est le choix d’un système. Le même choix qui conduit à l’indépendance des banques centrales et avec elle toute l’ampleur et la continuation sans fin de la « crise » actuelle.

Sans le crédit des banques privées, il n’y aurait pas de surendettement, de surconsommation, mais la possibilité d’une croissance écologiquement compatible avec la planète sur laquelle on vit...

Là je ne parlais que des banques, sous la forme d’un trait de pensée. Sans rien dire de cette financiarisation qui a produit une fuite des revenus des travailleurs vers les possessions des plus riches, en transformant l’économie réelle en machine à produire du profit que les financiers, eux, ne redistribuent pas.

Dans la période actuelle, tout augmente corrélativement : les prix, le nombre de chômeurs, les profits des gros groupes, les salaires des patrons, les rentes des actionnaires, les risques systémiques et les tensions sociales. Mais les revenus du travail baissent, comme les droits sociaux et la part des biens communs et des services publics sur les propriétés privées (l’eau, l’énergie, les transports, les routes, la santé, l’éducation, la culture… tout ce qui fait l’Homme !)

La révolution nécessaire
Mon propos est qu’il est aujourd’hui aussi délicat que nécessaire de réaliser une révolution, d’une manière ou d’une autre, qui seule nous éviterait la guerre. Une révolution des consciences et des systèmes au moins aussi importante que ce qu’avait produit la Résistance française en son temps, et les mouvements sociaux, ouvriers et populaires avant elle.

C’est de projet de société dont il est question. Or aujourd’hui tout oppose l’intérêt de quelques uns et des banques qui les protègent en se gavant, et l’humanité dans son ensemble.

Les Islandais ont refusé de se laisser emporter vers la faillite ET d’accepter leurs plans. Ils ont cessé de rembourser les intérêts de la dette. Aujourd’hui ils élisent une Constituante, repartent à zéro. C’est au moins ce que nous devons faire.

Sinon que deviendra l’Europe ? Une Europe dominée économiquement par une Allemagne qui pose aujourd’hui toutes les règles du jeu européen, asseyant une domination que la guerre n’a finalement pas réussi à produire et que la guerre économique tente de réussir ? Une Europe au service de la finance, avec l’exemple grec un peu partout, une harmonisation par le bas des salaires et des droits ? Une Europe déchirée par une violence sans cesse croissante ? C’est qu’à force de démembrer les États, ils n’ont plus que leur police comme argument. Une police armée jusques aux dents, qui n’hésite plus à tirer sur la foule. Combien de visages arrachés à coups de flashballs, combien d’émeutes dévastatrices, combien de manifestations pour rien, de cris du peuple dans le vide faudra-t-il avant le sursaut, le réveil d’une Europe qui va encore se déchirer de conflits sociaux en guerres de territoires, cette fois-ci économiques, avec l’Euro comme moyen de rendre impossible toute action par la monnaie… et les traités actuels comme fin de non recevoir de la démocratie, ou parodie médiatisée de celle-ci ? 

Les élections en France, un signal pour l’Europe des peuples ?
L’élection qui vient est importante en ce sens qu’elle peut donner un signal. Tout s’est décalé vers la droite, de beaucoup. Le candidat de la droite parle comme un populiste des droites extrêmes, forçant sa propre droite, celle la plus à droite, après il n’y a rien, à balbutier les mêmes vocabulaires empruntés à la pensée racialiste et suprématiste des années 30. Celui de la « gauche » ? Ecoutons-le, il parle comme le centre-droit vaguement chrétien des années 80 ! Il y a bien un candidat de la gauche, d’une gauche unie, du moins réunie à plusieurs… mais le système médiatique en fait « l’extrême gauche » alors qu’il y a bien au moins deux autres candidatures d’extrême gauche… Bref, l’élection est importante mais brouillée, par les sondages, par le système médiatique (qui ne s’insurge même plus devant les propos racistes ou antisémites proférés ces jours-ci au nom d’une laïcité combien de fois bafouée !)

On nous dit que les coupables, ce sont les victimes ! C’est contre les chômeurs, les musulmans ou qui sais-je encore qu’il faudrait faire un référendum ? Il parait que le problème principal des Français c’est la viande à la cantine ? Casher ou Hallal ? Allons-y pourquoi pas le poisson du vendredi ?! Plus sérieusement, il faut recommencer à penser. A éteindre les médias ou à apprendre à en déjouer les mises en scènes, à se réapproprier les mots, recommencer à se mêler de ce qui nous regarde, avec notre expertise, celle acquise dans nos vies, dans nos luttes, dans nos appréhensions du monde. L’élection ne fera pas tout. En fait elle peut seulement ouvrir une brèche, pas pour vire le « changement », mais pour inventer collectivement, en tant que peuple, la société que nous voulons pour nous et les suivants. C’est alors là l’essentiel des combats : créer notre culture, notre éducation populaire, de la rue à la scène, de l’art à la vie, de l’école au travail. Parce que c’est là, déjà, que peut cesser le productivisme et l’absurdité de la consommation comme fin à tout, se rêver un monde plus juste et surtout viable sur une planète où les ressources sont épuisables ; c’est là que nous pouvons imaginer un destin.

A la Libération, il fallait que le théâtre soit aussi présent et essentiel que l’eau, le gaz et l’électricité. Tout cela a été privatisé, c’est donc tout cela qu’il convient, au plus vite et avec force, de se réapproprier.

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