Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Vu au MACROSCOPE
Visiteurs
Depuis la création 1 378 944
Newsletter
5 avril 2012

M. Hollande, le monde n'est pas un congrès socialiste

Sur le Point.fr -

Publié le 04/04/2012 à 18:09


En matière de politique étrangère, le programme de François Hollande est des plus flous. Sera-t-il Guy Mollet ou François Mitterrand

François Hollande à bord d'un TGV pour Rennes, le 4 avril.

François Hollande à bord d'un TGV pour Rennes, le 4 avril. © Fred Dufour / AFP

 
 

Les socialistes ont toujours préféré l'Hexagone au vaste monde, la Corrèze au Zambèze. Ils redoutent les vents du large et se sentent rassurés d'évoluer dans ce périmètre géographiquement limité qu'est la France. On peut encore y rêver d'un retour à la lampe à l'huile et à la marine à voile, pour paraphraser le général de Gaulle. On peut faire croire au bon peuple que l'on va changer - croix de bois, croix de fer - les traités européens même s'ils ont été signés par 25 pays. On peut essayer d'accréditer la fable selon laquelle nous sommes en mesure de persuader les Chinois de réévaluer leur monnaie. On peut nier, telle l'autruche dissimulant sa tête dans le sable, la réalité de la mondialisation. On peut contester la nécessité de réduire drastiquement les dépenses publiques à moins d'hypothéquer gravement l'avenir des générations futures. On peut suspendre le temps l'espace d'un matin et vivre un instant dans une euphorisante apesanteur. Jusqu'au réveil.

 

Mollet, la ligne flageolante

Bien sûr, ni François Hollande ni son entourage le plus avisé ne croient un seul instant aux balivernes qu'ils se sentent contraints de distiller pour tenter de se faire élire. Et complaire à la partie la plus ossifiée de leur électorat. Ils le font d'ailleurs avec une certaine prudence. Mais Hollande est aussi l'héritier d'une tradition socialiste un tantinet fluctuante en matière de politique internationale. Sous la IVe République, l'excellent Guy Mollet fut un exemple emblématique de cette ligne flageolante. Pro-américain, pro-israélien, il fut l'homme qui, en 1956, expédia le contingent en Algérie et les paras à Suez avec le piteux résultat que l'on connaît. Engluée dans les guerres coloniales, paralysée par l'instabilité inhérente à la IVe République, prise en étau par la guerre froide, la France n'avait guère de politique étrangère structurée. Il fallut attendre de Gaulle pour que de nouvelles lignes de force soient définies : réconciliation historique avec l'Allemagne ; indépendance nationale appuyée sur l'arme nucléaire ; sortie du commandement intégré de l'Otan ; liens renouvelés avec les pays africains devenus indépendants ; politique arabe assumée.

En 1981, François Mitterrand prétendit, dans un premier temps, prendre ses distances avec cette approche gaullienne. Il laissa Claude Cheysson divaguer sur la nouvelle politique étrangère française censée être désormais fondée sur trois piliers : l'Inde, le Mexique et l'Algérie... Il laissa Jean-Pierre Cot rêver d'une rupture avec la Françafrique. Puis l'Élysée reprit les choses en main et remit la France à peu près dans le sillon précédent. Il soutint Washington dans l'affaire du déploiement des euromissiles ("les missiles sont à l'est, les pacifistes à l'ouest") comme le général avait, en 1962, soutenu les États-Unis lors de la crise des fusées soviétiques à Cuba. Il conforta la relation avec l'Allemagne du conservateur Helmut Kohl.

Realpolitik

Mitterrand, très tardivement converti au socialisme, avait davantage lu Charles Maurras et Jacques Bainville que Jaurès et Léon Blum. Il eut un sérieux retard à l'allumage à propos de la réunification allemande, qu'il perçut comme une éventuelle menace. Mais il se rattrapa rapidement.

Bien sûr, il y eut des ministres et de hauts diplomates socialistes réalistes et efficaces. On songe évidemment à Hubert Védrine qui, d'ailleurs, n'était pas toujours en odeur de sainteté rue de Solférino, où on lui reprochait d'être un cynique adepte de la realpolitik. Et qui, de surcroît, a bénéficié d'une marge de manoeuvre exceptionnelle en raison de la cohabitation.

François Hollande devra décider très vite, s'il est élu, de s'affirmer sur la scène internationale ou de n'être que le représentant d'un pays de moyenne impuissance. On ne gère pas les intérêts de la France dans le monde comme un congrès socialiste...

Click here to find out more!

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Vu au MACROSCOPE
Derniers commentaires
Archives
Publicité