Dupont-Aignan : France Inter achève bien des petits candidats
Il faut dire que l’homme se réclame du général de Gaulle. Par les temps qui courent, c’est le genre d’engagement qui ne pardonne pas. Un néolibéral fou ou masqué, c’est du dernier chic. Un gaulliste, par contre, c’est l’archaïsme absolu. Nicolas Dupont-Aignan a donc eu droit à un traitement de faveur dont il pourra parler à ses petits enfants. En matière de caricature et de condamnation a priori, on a rarement fait mieux (ou pire, c’est selon).
Réaction de Nicolas Dupont-Aignan à l'édito de... par franceinter
En guise de mise en bouche, avant même d’avoir donné la parole à l’invité, l’animateur de la tranche horaire, Patrick Cohen, a créé l’ambiance en donnant des extraits hauts en couleur vocale de feu Michel Debré, ancien ministre du général de Gaulle, en 1981, histoire de montrer que la peuplade des oiseaux gaullistes, aujourd’hui en voie de disparition, avait eu des antécédents prestigieux et fumeux. C’était d’une rare élégance.
Une fois le ton donné, autant continuer. Dans son éditorial politique, Thomas Legrand en a remis une couche en expliquant que Nicolas Dupont-Aignan est à la vie politique contemporaine ce que la DS Citroën d’antan (qui était la voiture du général, of course) est à l’industrie automobile. Bref, la place de l’impétrant est au musée Grévin, et pas à l’antenne d’une radio de service public ayant un certain sens de sa mission.
Matinale spéciale présidentielle : Nicolas... par franceinter
Il est vrai que la dame Clark n’a pas son pareil pour parler de tout et de n’importe quoi (surtout de n’importe quoi) avec suffisance et superficialité, en exhalant le plus profond mépris pour son invité. D’ordinaire, elle essaie vaguement d’y mettre les formes. Là, c’était brut de décoffrage.
Il y eut même des échanges de qualité sur sa proposition de relancer l’Europe sur la base d’une harmonisation fiscale et sociale applicable dans les dix principaux pays de la zone, comme quoi on peut passer pour un indécrottable « souverainiste » et ne pas rêver d’une France totalement refermée sur elle-même. Mais pourquoi avoir préalablement transformé l’invité en tête à claques d’une matinale qui mérite mieux ?
Tel est malheureusement le sort réservé aux candidats dits « petits » par quelques personnages du monde médiatique qui s’autodécernent le droit de dire le Bien et le Mal. Mis à part les deux « grands » candidats présumés et les quelques seconds couteaux qui se sont imposés à la force du poignet (et du verbe), les autres sont traités comme des intrus et des malotrus. Finalement, le système des signatures de notables nécessaires pour avoir le droit de participer à la campagne présidentielle devrait être remplacé par le paraphe des éditorialistes vedettes du Tout Paris. Cela permettrait de gagner du temps et de l’argent.
Matinale spéciale : Nicolas Dupont-Aignan invité... par franceinter