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16 avril 2012

Hollande Vincennes

09h16 le neuf-quinze sur @si


Vincennes, sur le terrain


Par Daniel Schneidermann le 16/04/2012

Dur métier, reporter de meeting. Raconter ce qu'on voit, mais sans désespérer le lectorat. Mes confrères de Libé, envoyés spéciaux auprès des dirigeants socialistes à Vincennes, ont senti monter "l'enthousiasme" de l'esplanade du château. Le reporter est sans doute un être doté d'antennes très particulières. Car, aveu, j'y étais, sur l'esplanade du château. Pour voir. Même les matinautes, le dimanche, ont des permissions de sortie. Donc, Vincennes dans la foule, pour capter l'enthousiasme de la victoire historique qui s'annonce, en prendre ma petite part. Et alors ? Comment dire ? Une foule amenée en cars, des dizaines de cars, et qui s'ennuie ferme. Silhouette dans le lointain, le candidat se donne à voir sur écran géant. Un plan sur Aubry, un plan sur Guy Bedos. On écoute patiemment un discours décousu et sans élan. On attend que décolle un verbe qui tournicote comme un moustique autour du "candidat sortant". Applaudissements les plus nourris quand le discours aborde les créations de postes dans l'éducation. Sinon, on guette le ciel, on craint la saucée.

Dur métier, aussi, lecteur du Figaro. Triste destin. Comment leur avouer ? Comment les préparer ? Après les avoir matraqués des semaines durant de titres glorieux, de "Hollande acculé", "Hollande pris à contrepied", de "Sarkozy contre-attaque", comment les préparer à ce qui s'annonce ? L'envoyée spéciale du journal de Dassault place de la Concorde a trouvé la martingale: le mot "gravité". Ce n'est pas que l'heure soit grave, n'exagérons rien, mais il y a de la "gravité". Signe de la "gravité", l'horaire du discours a été avancé pour piquer à Hollande les directs des chaînes d'info. Mais pourquoi cette "gravité" ? se demandent sans doute les lecteurs fidèles, alors qu'on nous répète depuis des mois que tout va si bien !

Imagine-t-on l'envoyé spécial de Libé chez Hollande écrire qu'il s'est ennuyé ferme ? Imagine-t-on l'envoyé spécial du Figaro raconter le 16e au bord de la dépression nerveuse ? Papiers contraints, oeillères obligatoires, exercices de style pour laisser deviner la réalité sans la dire. Courage, ça se tire.

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