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19 avril 2012

Contre la finance, Mélenchon donne le « la »

Sur L'HUMANITE

Après avoir soutenu le contraire, Nicolas Sarkozy affirme que la BCE doit soutenir la croissance. François Hollande s’est déjà prononcé en ce sens. Les propositions du Front de gauche obligent les autres candidats à se repositionner.

«Si la Banque centrale ne soutient pas la croissance, nous n’aurons pas assez de croissance » en Europe, a plaidé dimanche Nicolas Sarkozy au rassemblement de la Concorde. Il a ensuite ajouté : « La crise (…) nous a montré les limites des règles qui ont été fixées dans le traité de Maastricht. Je sais les difficultés d’aborder ce sujet. Je connais les obstacles. Mais je dis : nous avons le devoir de réfléchir à cette question. »

Il s’est attiré la réplique suivante de François Hollande sur France Info : « Le président sortant vient de déclarer en définitive ce qu’il n’a pas fait. Il est bien temps qu’il arrive à la lucidité au terme de son mandat. » « Nous ne serions pas dans cette situation si la Banque centrale européenne, dès le début de l’affaire grecque, était intervenue massivement pour racheter les dettes souveraines ou pour souscrire à des emprunts d’État de tel ou tel pays », a estimé le candidat socialiste. Pour sa part, il s’était déjà prononcé pour une mise en débat de la mission de la BCE. À la mi-mars, à l’émission de France 2 Des paroles et des actes, détaillant les mesures de soutien à la croissance qu’il souhaiterait voir acceptées par nos partenaires européens, il avait déclaré : « La Banque centrale européenne prête aujourd’hui aux banques mais ne prête pas aux États : nous aurons à en discuter. »

Pour sa part, Éric Coquerel, conseiller spécial de Jean-Luc Mélenchon, a ironisé hier en déclarant : « À la Concorde, Nicolas Sarkozy a repris une des propositions phares de Jean-Luc Mélenchon : le prêt direct de la BCE aux États. Doit-on rappeler au candidat Sarkozy qu’il devra dans ce cas ne pas ratifier le traité qu’il a initié avec Mme Merkel ? (…) On ne croira évidemment pas une seconde qu’il le fera. Mais cette fausse promesse légitime un peu plus le programme du Front de gauche. Si les Français veulent de ces mesures, ils savent que seul le bulletin de vote Jean-Luc Mélenchon leur assurera un 
référendum sur ce traité. C’est la seule méthode pour tout remettre à plat et en finir avec l’indépendance de la BCE. »

«Se libérer des griffes des marchés financiers »

Dans son programme « l’Humain d’abord », le Front de gauche propose effectivement, pour « libérer les finances publiques des griffes des marchés financiers », que la BCE « finance directement, par création monétaire, un fonds de développement social, solidaire et écologique européen », qui disposera ainsi de moyens financiers sans précédent pour répondre aux besoins des pays membres de la zone euro et « expressément, pour le développement des services publics nationaux et de leur coopération européenne » dans les domaines de l’éducation, de la formation, de la santé, de l’environnement…

L’impact populaire des propositions du Front de gauche et de son candidat oblige ainsi tous les autres postulants à se repositionner. Une autre affaire le confirme. Jean-Luc Mélenchon a le premier, jeudi dernier, dénoncé le lancement par Eurex, un organisme financier allemand, d’un instrument de spéculation sur la dette publique française. Peu après, le candidat socialiste a souhaité de son côté que les autorités allemandes annulent ce contrat. L’émulation dans la lutte contre la finance fait ainsi avancer toute la gauche. Il est à remarquer que, sur ce sujet, Nicolas Sarkozy s’est laissé emporter par ses « vieux » réflexes, ceux du quinquennat ; il a en effet estimé que « la meilleure façon de répondre à ça, c’est de rembourser ses dettes et de réduire ses déficits », c’est-à-dire de pousser les feux de l’austérité.

Ce dernier propos a cependant le mérite de souligner les contradictions du président candidat. Comment peut-il réclamer que la BCE aide à soutenir la croissance alors qu’il a conduit et entend aggraver une politique d’austérité qui l’étouffe ? Comment prétendre redresser l’activité de l’ensemble de la zone euro si avec le traité intergouvernemental, en accord avec Angela Merkel, il impose aux pays les plus fragiles une purge sans précédent, une remise en cause brutale de leurs droits sociaux ? Le porte-parole de la chancelière a d’ailleurs hier remis les choses au point, en rappelant que les deux dirigeants ont à plusieurs reprises souligné leur attachement à « l’indépendance » de la BCE.

François Hollande devrait lui aussi en prendre de la graine. En effet, comme le propose le Front de gauche, c’est l’ensemble du traité « Merkozy » qui doit être remis en cause.

Ce qu’ils disaient avant 

Certes, en 2007, Nicolas Sarkozy accuse la BCE, de faire « des facilités pour les spéculateurs ». Mais quand les choses deviennent sérieuses, il s’incline devant les diktats d’Angela Merkel. Tancé par cette dernière, il déclare à Strasbourg, fin 2011, que « dans le respect de l’indépendance de la BCE, il faut s’abstenir de demandes positives ou négatives » à son égard. François Hollande, lui, en décembre 2011, à Berlin, se refuse 
à envisager de changer les traités, donc le statut de la BCE.

Pierre Ivorra

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