27 avril 2012
L’honneur perdu de Richard Prasquier
L’honneur perdu de Richard Prasquier
Jeudi 26 Avril 2012
Le président du Crif vient de publier une tribune à la gloire de Nicolas Sarkozy dans un quotidien israélien. Appelant également à se méfier de François Hollande et ses alliés, il bafoue extrêmement maladroitement les valeurs républicaines auxquelles sa propre association et la majorité des juifs se disent attachés. Allant même jusqu'à blanchir Marine Le Pen !
Richard Prasquier, président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), a encore perdu une bonne occasion de se taire.
Dans une tribune publiée dans le quotidien israélien Haaretz, il propose une grille de lecture dévastatrice de la situation politique en France à l’occasion de l’élection présidentielle. Résumons-là.
1) Il serait dommage de perdre Nicolas Sarkozy, fervent supporter du gouvernement israélien, et qui a tissé « des liens profonds avec la communauté juive française ».
2) Il y a lieu de s’inquiéter de l’éventuelle élection de François Hollande, non à cause de ses choix personnels, mais en raison de ses alliés, suspectés d’afficher leur « profonde hostilité » envers Israël, à commencer par Jean-Luc Mélenchon, dont le poids politique peut faire redouter un développement des « manifestations d’antisionisme ».
3) En revanche, il n’y aucun problème avec Marine Le Pen. En effet, la candidate du Front National a fait des efforts louables et méritants pour « attirer le vote juif ». De plus, elle a centré sa campagne sur « la communauté musulmane et les questions d’immigration ». Que peut-on lui demander de plus ?
1) Il serait dommage de perdre Nicolas Sarkozy, fervent supporter du gouvernement israélien, et qui a tissé « des liens profonds avec la communauté juive française ».
2) Il y a lieu de s’inquiéter de l’éventuelle élection de François Hollande, non à cause de ses choix personnels, mais en raison de ses alliés, suspectés d’afficher leur « profonde hostilité » envers Israël, à commencer par Jean-Luc Mélenchon, dont le poids politique peut faire redouter un développement des « manifestations d’antisionisme ».
3) En revanche, il n’y aucun problème avec Marine Le Pen. En effet, la candidate du Front National a fait des efforts louables et méritants pour « attirer le vote juif ». De plus, elle a centré sa campagne sur « la communauté musulmane et les questions d’immigration ». Que peut-on lui demander de plus ?
Une telle analyse laisse pantois. Certes, ce n’est pas la première fois que Richard Prasquier se fait le messager personnel du gouvernement Netanyahu, alors que ce dernier donne une image caricaturale d’Israël dans laquelle ne se reconnaissent en rien les juifs de France, majoritairement attachés à l’idée d’une paix juste au Proche-Orient. Mais c’est la fois de trop.
En effet, non seulement le président du Crif porte des accusations insupportables à l’égard d’une partie de la gauche, et notamment de Jean-Luc Mélenchon, mais il communautarise le débat franco-français de la pire des manières.
Enfin, et c’est le plus grave, il n’hésite pas à blanchir Marine Le Pen. Dès lors qu’elle cible les musulmans, faisant de ces derniers des antisémites potentiels et des adversaires irréductibles du droit à l’existence d’Israël, la voilà blanche comme la colombe, parée de toutes les vertus éthiques. En somme, peu importe que le FN soit islamophobe ou pas du moment qu’il se prétend moins antisémite que naguère et qu’il a ses « bons juifs » de service. On ne pouvait faire pire en si peu de mots.
Il faut dire les choses clairement: de tels propos sont une insulte pour les juifs, une infamie pour les traditions humanistes de la France, et une honte pour les valeurs républicaines auxquelles le Crif se dit attaché.
***
PS : au vu du scandale créé par son commentaire, Richard Prasquier a publié un communiqué fort embarrassé (voir ci-dessous) où il s’explique laborieusement sans pour autant renier son analyse. A propos du Front National, il se contente de préciser : « J’avais publiquement exprimé le fait que l’histoire de ce parti et ses positions allaient à l’encontre des valeurs de tolérance et de respect dans lesquels se sont épanouis les juifs de France. Le vote du 22 avril…n’a pas changé mon opinion sur le Front National ». Dont acte. Il est cependant fort regrettable que le président du Crif ne formule aucun regret vis-à-vis du coup de chapeau indirect adressé à Marine Le Pen dans l’article publié dans « Haaretz », comme si l’on pouvait pendre ses distances avec le FN à Paris et saluer son action à Tel-Aviv. Dans ces conditions, sa mise au point a des allures de boomerang.
Article actualisé le 25 avril 2012
Le communiqué de Richard Prasquier
1° Nicolas Sarkozy et François Hollande sont deux amis déclarés de la communauté juive, et engagés fortement dans la lutte contre l’antisémitisme. Chaque citoyen juif, comme n’importe quel citoyen, usera de son bulletin de vote en fonction de ses espoirs sur l’avenir de notre pays et il ne m’appartient évidemment pas de donner des conseils, et encore moins une consigne électorale.
2° S’agissant de la politique extérieure de la France vis à vis d’Israël, les deux candidats se sont toujours montrés attentifs à la sécurité d’Israël tout en souhaitant la création d’un Etat palestinien viable et démocratique par le biais d’accords négociés directement, position qui est également celle du CRIF.
3° J’ai attiré l’attention sur les positions de certains partenaires traditionnels du PS qui se sont trouvés jusqu’à maintenant au premier rang des manifestations les plus hostiles envers Israël, jouant un rôle dans une stigmatisation unilatérale de ce pays dont le caractère systématique et injuste nous choque profondément. J’ai aussi indiqué que dans l’esprit des institutions de la République c’est le Président de la République qui joue le rôle prééminent en matière de politique étrangère.
4° En ce qui concerne le Front National, j’ai écrit qu’il n’est pas susceptible d’entrer dans une quelconque combinaison gouvernementale, quel que soit le résultat du vote. J’avais publiquement exprimé le fait que l’histoire de ce parti et ses positions allaient à l’encontre des valeurs de tolérance et de respect dans lesquels se sont épanouis les Juifs en France. Le vote du 22 avril, au cours duquel il a obtenu son plus haut score historique, n’a pas changé mon opinion sur le Front National.
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