Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Vu au MACROSCOPE
Visiteurs
Depuis la création 1 378 945
Newsletter
19 mai 2012

Aubry, les verts, et nous

Le billard à trois bandes est un jeu anglais, lorsqu’il est français on le nomme la carambole !

La carambole  c’est 3 bandes et cinq quilles, voilà l’essentiel du jeu…

Ce matin au marché des Capucins à Bordeaux, à la fois cœur battant de tout ce qui est vivant  et ventre de la ville, il y avait foule. J’y étais moi aussi, pour au moins deux raisons : D’abord je venais soutenir et distribuer des tracts pour notre candidate du Front de Gauche, Céline Simon, syndicaliste cheminote, elle représente dans cette troisième circonscription de la Gironde dont le marché des capucins fait partie,  le renouveau et la détermination du Front de Gauche, faut dire qu’elle contraste Céline avec le député sortant de Bègles, le très rusé Noël Mamére,  Maire en 1989, il cumule depuis 1997 ces fonctions de député, avec l’élégance de celui qui pourfend le cumul et prône le renouveau de la politique. Sa candidate aux présidentielles totalise dans la circonscription, la sienne, un peu plus de 3.5 % des voix !

 J’étais aussi là pour soutenir mon amie Brigitte Comard du Parti de Gauche et candidate du Front de Gauche dans la 2éme circonscription de Bordeaux, celle qui fut celle de Juppé, et qui commence à la sortie est du dit marché des Capucins.   Michèle Delaunay, néo- ministre de l’Age et du handicap y était attendue avec son nouveau suppléant, le pétillant Vincent Feltesse, maire de Blanquefort, et président de la CUB. C’est une nouveauté que l’arrivé de Feltesse sur la circonscription centre de Bordeaux, les mauvaises langues disent que l’abandon de Juppé y est pour quelque chose, je crois qu’ils se trompent, le plus simple est d’aller à l’essentiel, Michèle Delaunay étant devenue ministre, sa suppléante Emmanuelle Ajon, jeune femme élue de terrain, ne pouvait pas se retrouver députée.

Ce n’était pas supportable, au nom de la parité, au nom du renouvellement, au nom de la normalité hollandaise, il valait mieux jouait le tout pour le tout en parachutant l’étincelant Vincent, le sémillant Feltesse,  déjà Président de la CUB, déjà Maire de Blanquefort, et technocrate de la plus grande normalité.

Le tableau sera complet lorsque je vous aurais parlé de la présence du successeur à la candidature d’Alain Juppé. Le Villenavais Nicolas Florian, fringant comme pas un, et en grande forme ce matin, ravi de voir toute la droite bordelaise se grouper subitement  derrière sa candidature.

 C’est aussi ça le double effet Feltesse : surprise et méprise.

Il y avait donc carambolage d’égo au marché ce matin. Les chefs et les commandants, les dirigeants et les maitres, les manœuvriers, les tacticiens et le généralissime en chef !

 Tous étaient là encore ébahis  de leur géniale pensée…

Ce coup-ci c’est sûr, la circonscription du cœur de Bordeaux ne leur échappera pas, le vide est fait, dehors les militants du quotidiens, au garde à vous les adjudants du canton, le Général Feltesse est là.

Les troupes le reconnaitront facilement il traine derrière lui un caddy orange.

C’est cela le billard à trois bandes, en nommant Michèle Delaunay ministre on écarte de  Bordeaux cette dame indépendante, travailleuse, combattante infatigable de la dignité et de la laïcité, cette militante qui a battu Juppé proprement et qui décidément est vraiment et forcement trop atypique pour s’installer durablement dans cette partie de Bordeaux.

Les socialistes sont comme ça qui croient se débarrasser de tout ce qui les gène par un coup de billard.

Des fois ça marche ….des fois pas !  4319108466_6debf14ec9.jpg

Martine Aubry qui incarne à merveille cette inclinaison fatale au calcul insalubre vient de nous livrer hier un magnifique épisode de la combine politicienne dans ce qu’elle a de plus pernicieux, nuisible presque morbide.

L’histoire commence avec l’accord du PS et  d’Europe Ecologie les Verts, Martine Aubry ne ménage pas sa peine, elle promet plus de 60 circonscriptions aux verts, plus de 25 gagnables sur le papier, de quoi à faire un groupe à l’assemblée...

Le vert est ainsi appâté, Cécile Duflot toute affriandée, Noël Mamere carrément excité à l’idée de cumuler un nouveau poste, celui de Président de groupe. Les voilà donc signant un accord de gouvernement dans lequel ils renoncent : en vrac et de manière non exhaustive, à la sortie du nucléaire,  à l’arrêt des travaux de l’aéroport de notre dame de landes, au gel des grands travaux de type LGV, à leur vision des relations internationales, à la taxe Carbonne… j’arrête là… n’en jetez plus !

Ainsi en signant cet accord de gouvernement le premier acte du calcul socialiste est posé en même temps que les verts accèdent à leur juste revendication d’avoir un groupe autonome à l’assemblée nationale, ils renoncent aux idées que  porte l’écologie politique. Ce faisant, ils flinguent la portée de leur candidate à l’élection présidentielle, et pour faire bonne mesure, au cas où tout le monde n’aurait pas compris Noel Mamere et Daniel Cohn Bendit sont chargés d’user de leur talent pour dégommer chacun des propos d’Eva Joly.

Acte 2 se servir du faible score ainsi obtenu par les écologistes  pour minimiser la portée réelle de l’accord passé avec les verts, c’est ainsi que fleurissent dans les circonscriptions réservées aux amis émeraudes des pseudo-dissidents PS. Tous avec de bonnes raisons, tous drapés dans une grande légitimité militante, tous unis contre les accords bureaucratiques qui comme chacun le sait sont toujours signés dans le dos des militants sincères

Acte 3 diviser, diviser en proposant au PCF des circonscriptions dévolues aux écologistes. En Aquitaine c’est par exemple le cas dans la circonscription de Bergerac, ni menacée par le Front National ni par le risque de voir la gauche disparaitre du second tour, cette circonscription apparait autour des discussions comme étant proposée au Front de Gauche. Ou plutôt au PCF, car on discute de cela en prenant bien le soin d’écarter le Parti de Gauche de ce maquignonnage.

Pourtant c’est en Novembre de l’année dernière que nous avions proposé une discussion à l’ensemble des forces de gauche pour construire un accord national qui nous aurait permis de nous prévaloir du risque du front national dans presque 100 circonscriptions, mais le PS ne veut pas discuter parce qu’il veut tout, nos quatre millions de voix et toutes les circonscriptions, pour cela il n’hésite à rien : jouer le front de gauche contre les verts, puis semer la division au sein du front de gauche en proposant au communistes ce qui refuse au PG.

Martine Aubry pleure aujourd’hui des larmes de crocodile sur cet accord qu’elle n’a pas voulu, mieux elle a méthodiquement construit les conditions qui assurent la division.

C’est cela un calcul à trois bandes… Le Front National comme un épouvantail à moineau, des partenaires écologistes roulés dans la farine jusqu’au point de siéger dans un gouvernement résolument pro-nucléaire, et le front de gauche  mis en difficulté pour bonifier ses quatre millions de voix.

Cerise sur le gâteau, ce désaccord peut mettre en difficulté  le président Hollande, il n’y a pas de petits plaisirs chez les amateurs de billards.

3006205484_9ae6f380e8.jpgMais des fois, ce ne marche pas, une poussière sur le tapis et voilà la boule qui dévisse. Les électeurs ne sont pas que des veaux, ils comprennent bien, pour peu qu’on leur explique, qu’il existe de nouvelles synthèses à gauche, faite de renouveau des pratiques anciennes, d’obligations écologistes, et de nécessaire partage des richesses.

Dans les deux circonscriptions bordelaises qui se croisent au marché des capucins, les électeurs de gauche pourront amplifier le score du front de gauche aux présidentielles,  en donnant presque 13% des voix à jean Luc Mélenchon dans la seconde de Bordeaux et  plus de 16 dans la troisième, ils ont clairement indiqué leur attente d’une autre gauche faite de courage de loyauté et de constance.

Ils ont maintenant la possibilité de transformer l’essai , ceux qui ont croisé Céline et Brigitte ce matin sur le marché ne se sont pas trompés tant leur entourage joyeux et déterminé tranchait avec la petite troupe bruissante de complots, faction chuchotante qui entourait les  joueurs de billards.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Vu au MACROSCOPE
Derniers commentaires
Archives
Publicité