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22 mai 2012

Tsipras à Paris: conférence de presse, revue de presse et photos

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Tsipras

 

 

Conférence de presse avec le front de Gauche

 

Revue de presse

Par Michel Koutouzis sur AGORAVOX:     SYRIZA : le grain de sable qui affole Merkel

A quelques semaines de l’élection présidentielle française, les droites européennes boudaient François Hollande, anxieusement solidaires d’un président en perte de vitesse et déjà condamné : les citoyens européens, quel que soit le pays, quel que soit la couleur politique des gouvernants, prenaient un malin plaisir à sanctionner tout chef d’Etat ou de gouvernement qui avait capitulé devant le marché, qui l’avait perçu comme une évidence, un ça va de soi, un sens unique.

Autistes aux analystes, toujours les mêmes, qui s’agenouillaient devant le totem néolibéral, les peuples européens exigeaient de l’intelligence, du courage, de la révolte pour justement contester cette « fatalité », refusant un suicide collectif annoncé. La chute de la maison Sarkozy, c’est aussi l’échec de tous les stratagèmes, de toutes les diversions visant à éloigner les citoyens du seul enjeu qui vaille : celui de la dette.

Nicolas Sarkozy fut le champion de ces ruses : il parla émigration, frontières, identité nationale. Tel un Don Quichotte parti en guerre contre les moulins imaginaires, il chercha des nouveaux nés à l’âme criminelle, chassa des « pauv’ cons », terrassa la racaille banlieusarde avec le Kärcher, fustigea le laxisme européen, bombarda certains dictateurs pour faire oublier qu’il les trouvait, quelques mois auparavant, maniables et surtout généreux. Malgré ce savoir faire - reconnu de tous - pour déplacer les problèmes, offrir des mirages et terroriser la ménagère, il perdit, lui aussi.

 Le président élu à sa place n’a ni la force d’Hercule, ni la volonté d’un Titan, ni même la méthis d’Ulysse. Il se définit comme « normal » mais, malgré cette normalité, il propose, enfin, quelque chose de différent. Il parle croissance, identifie la finance comme ennemi principal, et s’engage à contester la fatalité du marché. Ce n’est pas le Pérou, mais c’est déjà quelque chose, une brèche faite à l’uniformisation et l’iniquité boursière, et cela, manifestement, a suffi. Mieux vaut, se dit le peuple français quelqu’un qui identifie le problème et s’engage à négocier, ne serait-ce qu’à la marge, plutôt que capituler, en faisant payer tous les autres le prix de la capitulation.

 En Grèce, la capitulation a déjà eu lieu. Le peuple, subissant la loi d’airain du marché et de ses colporteurs politiques (dont l’ex - président français) sait que dans son cas, négocier c’est capituler. Que le marché, Merkel ou la Troïka ne s’attardent pas sur les détails et les résultats de cette capitulation. Que la déchéance, la pauvreté, le chômage des autres leur importent autant qu’une vieille paire de chaussures oubliée dans un débarras.
En conséquence, le chaos économique, social et existentiel qu’ils ont crée dans ce pays a trouvé son expression politique : les gardiens du temple capitulards se sont effondrés, et la fureur populaire s’est exprimée par une multitude de partis, dont la presse n’a retenu que l’émergence du parti neo-nazi, sans doute attirée par son côté authentiquement fasciste et parce que faire peur reste son dada favori.

Or, de ce magma politique émerge un autre parti, de gauche, arrivé second en multipliant ses voix par quatre et que tout le monde s’empressa d’identifier comme radical. Mais SYRIZA est radical par rapport à qui ? à quoi ? Comparé aux radicaux valoisiens ou au Pasok défloré, séduit par les mirages de la Troika, puis abandonné certes, il l’est. Tout au mieux, pourrait-on dire que la radicalisation inhumaine des mesures imposées au peuple grec, le sentiment de perte de souveraineté, les dictats et autres pronunciamientos de la part des partenaires européens, les chantages, ont radicalisé l’ensemble de la société grecque et que SYRIZA, en exigeant un Etat de droit juste et efficace, en refusant la fatalité du marché, en exigeant un audit de la dette, paraît comme révolutionnaire. C’est les temps qui ont changé, pas lui. En ce sens, il envoie un message : ce qui vous paraît « normal », allant de soi, évident ne le sera plus, tant que vous laissez le marché imposer sa loi.

Pour le président Hollande, ce message il est primordial qu’il l’entende. Lui qui se veut normal, apaisant et consensuel doit anticiper cette radicalisation des possédants, se préparer à une transformation révolutionnaire : bientôt, si les règles et le fonctionnement du marché ne sont pas radicalement mises en cause, pour rester normal, il lui faudra se radicaliser. La préservation de l’Etat de droit, la croissance, la solidarité nationale deviendront des objectifs rebelles.

Raison de plus pour entendre Alexis Tsipras, le président de SYRIZA. Et de ne pas l’ostraciser, comme l’ont fait les dirigeants européens avec lui-même. Face à une assemblée de gouvernants souriants se voulant charmeurs, que François Hollande veuille bien écouter les Cassandre, qu’elles soient grecques, espagnoles ou irlandaises. Elles racontent ce qui est en train de se passer, et pas ce qu’il voudrait qu’il se passe. Qu’il entende aussi ce qu’a à dire le Front de Gauche : il fait partie de l’équation, de la solution et pas du problème. 

Les élections à venir en Grèce, dans moins d’un mois, feront de SYRIZA le partenaire obligatoire de la solution européenne. En Italie, en Irlande, en Espagne, les citoyens indiquent clairement que la capitulation à la fatalité du marché ne fait plus partie de leurs options. Et en Allemagne, les citoyens soit disant « satisfaits » de leur chancelière lui infligent défaite après défaite. Le président français devra bientôt assumer les paroles de Benjamin Constant : Le gouvernement est stationnaire, l’espèce humaine est progressive. Il faut que la puissance du gouvernement contrarie le moins qu’il est possible la marche de l’espèce humaine…

SYRIZA : le grain de sable qui affole Merkel
 
 
 
 
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Par Olivier Bénis sur FRANCE INFO: À Paris, le leader grec de gauche Alexis Tsipras interpelle "Hollandreou"

Alexis Tsipras, 37 ans, a fait sensation aux dernières législatives grecques en se hissant au deuxième rang, devant les socialistes du Pasok. En attendant le prochain scrutin le 17 juin (il est l'un des favoris), il souhaite nouer des liens avec la gauche européenne pour tenter de sortir la Grèce de l'impasse. En France, il a été reçu par le Front de Gauche lors d'une conférence de presse commune.

Alexis Tsipras a été accueilli en France par Jean-Luc Mélenchon, mais pas par le Parti Socialiste © Reuters Gonzalo Fuentes

Il ne sera reçu par aucun dirigeant officiel, ni à Paris, ni à Berlin, la prochaine étape de son voyage. Pourtant, Alexis Tsipras a fait sensation lors de son passage, avec un petit coup de pouce médiatique de Jean-Luc Mélenchon. Mais c'est surtout au Parti Socialiste (qui n'a pas souhaité le rencontrer) que le leader grec voulait s'adresser. "La première raison de ce déplacement réside dans notre volonté de voir les gouvernements des grands pays de l'Union Européenne comprendre nos positions. Ce qui est dit sur nous en Europe ne correspond pas à ce que nous sommes."

"Nous ne sommes nullement une force anti-européenne", promet le candidats aux législatives. Il explique d'ailleurs que le soutien et le financement de l'Europe sont les bienvenus, tout en luttant contre l'austérité. Une position qu'il partage, sur le papier, avec le nouveau président français François Hollande, favorable à plus de croissance. Et pour Alex Tsipras, "François Hollande ne pourra renier facilement ses promesses, sinon il deviendra Hollandreou", une référence à l'ancien Premier ministre socialiste de la Grèce.

 

"Ce n'est pas à Angela Merkel de décider d'un référendum en Grèce"

L'adversaire, pour l'invité grec de Jean-Luc Mélenchon, c'est la chancelière allemande. "La Grèce est un pays souverain. Ce n'est pas à Mme Merkel de décider si nous allons avancer vers un référendum ou non", martèle-t-il. Le porte-parole d'Angela Merkel a une nouvelle fois démenti toute proposition de sa part pour un référendum sur l'euro en Grèce. Même si elle défend une politique d'austérité dans le pays, à travers le mémorandum, le plan d'austérité pour la Grèce décidé par l'Union Européenne, le FMI et la BCE. Un plan inacceptable pour Alexis Tsipras : "Il n'y a rien à négocier dans le mémorandum car on ne négocie pas avec l'enfer."

Le discours ravit Jean-Luc Mélenchon, l'homologue français d'Alexis Tsipras. Le leader du Front de Gauche dénonce d'ailleurs le refus de ses anciens camarades du PS de rencontrer le militant grec. "Nous comprenons le message : le Parti Socialiste est le parti du mémorandum et de l'alliance avec le parti de Papandreou, le parti qui s'accroche au passé", affirme-t-il. Même s'il dit ne pas vouloir attaquer de front François Hollande : "Une semaine après son élection, on ne va pas commencer à le charger. Nous ne sommes pas impatients, mais nous ne sommes pas naïfs."

 

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| Par Stéphane Alliès sur MEDIAPART   :  Tsipras ne veut pas «négocier l'enfer» pour la Grèce

Après son succès aux dernières législatives, où la coalition Syriza a obtenu 16 % des voix, et alors que la Grèce dans l'incapacité de constituer un gouvernement de coalition va revoter le 17 juin, le héraut de l’autre gauche hellène que les sondages placent en tête, Alexis Tsipras, est en quête de reconnaissance européenne. Après avoir en vain tenté de former un gouvernement après le scrutin du 6 mai, où les partis anti-austérité (gauche et extrême droite) ont été majoritaires, Tsipras espère devenir premier ministre, et prépare d’ores et déjà la suite.

Avant de se rendre mardi en Allemagne, où il rencontrera les dirigeants de Die Linke, cet urbaniste de 37 ans a passé son lundi à Paris, où il a rencontré Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent, ainsi que les autres responsables du Front de gauche, avant de participer en fin de journée à un rassemblement devant l’Assemblée nationale, appelant à « changer l’Europe ». Face à plus de 200 personnes réunies sous une pluie battante, Tsipras a harangué l’assistance, en grec et avec traducteur, en promettant de « tenir bon ».

Alexis TsiprasAlexis Tsipras© Reuters

Devant de nombreux journalistes, auparavant, il a précisé son propos : « Nous voulons forcer les dirigeants européens à regarder la réalité en face, car la crise grecque concerne tout le monde. Nous voulons faire prendre conscience qu’on ne peut conduire aucun peuple en Europe à un suicide volontaire. » Pour Tsipras, la Grèce n’est pas confrontée à « un simple programme d’austérité », mais à « une expérimentation de solutions néolibérales de choc, qui a conduit mon pays à une crise humanitaire sans précédent ». Et si « l’expérimentation continue, elle sera exportée dans les autres pays européens ».

Quant à l’attitude à adopter face à l’Allemagne, Tsipras affirme : « Merkel doit comprendre qu’elle est une partenaire parmi les autres. Personne n’est propriétaire ni locataire de l’eurozone. » Et ne lui parlez pas de référendum pour sortir de la zone euro, solution à laquelle réfléchirait le gouvernement allemand, il réplique aussitôt : « La Grèce a fait don à l’humanité de la démocratie. Aujourd’hui, le peuple grec rétablit le sens et la portée de ce mot. La Grèce est un Etat souverain, ce n’est pas à Merkel de décider s’il faut un référendum ou non. Le référendum, ce seront les prochaines élections, le 17 juin. » Et selon lui, le choix ne sera alors pas « l’euro ou le drachme », mais « l’espoir ou le drame ».

La dynamique rencontrée en Grèce par la coalition de gauche Syriza semble conforter Alexis Tsipras dans sa volonté de remettre en cause en profondeur les solutions de la troïka : « Il n’y a rien à négocier dans le mémorandum, car on ne négocie pas l’enfer, et ce mémorandum conduit à l’enfer. »

 

« Le PS est le parti de l’alliance avec le PASOK »

Pour les alter ego français de Tsipras, l’enjeu est bien de transposer le scénario électoral grec au niveau européen, et d’abord français : « Nous lançons aujourd’hui un appel à une réorientation sérieuse de la construction européenne, explique ainsi le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, refusant les politiques d’austérité, s’émancipant de la tutelle des marchés et respectant les votes des peuples. »

Pour Jean-Luc Mélenchon, la percée de Syriza, comme son propre résultat à la dernière présidentielle, sont autant de signes que « la chaîne de la résignation est en train de se rompre en Europe ». Pour le co-président du Parti de gauche, affichant un large sourire aux côtés de Tsipras tout au long de la conférence de presse, « en le regardant, nous nous regardons nous-mêmes ». Et même « si nous ne sommes pas identiques, estime-t-il, nous sommes comparables, notre ambition est commune ».

Pierre Laurent, Alexis Tsipras et Martine Billard, devant l'assemblée nationale, le 21 mai 2012Pierre Laurent, Alexis Tsipras et Martine Billard, devant l'assemblée nationale, le 21 mai 2012© S.A

Devant la foule de parapluies massés devant l’Assemblée nationale, il a aussi lancé : « En 2009, Syriza faisait 4,5 %. Mais ils ont tenu bon, sans faire la moindre concession face à la ligne capitularde du PASOK (le parti socialiste grec - ndlr) ! » La venue en France de Tsipras permet aussi à Mélenchon de critiquer le PS, coupable à ses yeux d’« ostracisation ». « Ce n’est pas convenable. Il vient ici chercher une écoute et la solidarité de la gauche, la camaraderie, l’internationalisme, devraient au minimum se mettre en branle, lâche-t-il. Mais il n’est même pas reçu à Solférino. Le fait qu’il n’y ait pas de curiosité à son égard montre combien le PS est le parti de l’alliance avec le PASOK, le parti du mémorandum. »

La critique vaut aussi pour les dirigeants européens. « Ils devraient faire preuve de réalisme, accepter l’idée d’une victoire de Syriza, et se préparer à la comprendre, au lieu de menacer le peuple grec », assène Mélenchon. « Il nous faut construire un front européen contre le merkelisme, ajoute-t-il. Mais pour saisir cette opportunité, il ne faut pas que François Hollande commence à céder. » Alexis Tsipras, lui, se fait plus diplomate avec le nouveau président français. « Nous comprenons qu’il n’accepte de rencontrer que des chefs d’Etat, explique-t-il. Mais il faudra que ce qu’il disait avant d’être élu soit toujours valable après. Car si les Français ont envoyé Sarkozy en vacances au Maroc, c’est pour faire une autre politique. Sinon, il sera effectivement Hollandréou. »

Et le leader de Syriza de paraphraser le François Hollande du Bourget : « Notre adversaire n’a pas de visage, pas de programme, pas de parti, mais c’est lui qui nous gouverne. Il s’agit du capital. » Comme pour souligner que les deux gauches peuvent parfois tenir le même discours.

 

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 Par  lecridupeuple :   Κραυγή του λαού : Alexis Tsipras lance son cri aux peuples

Meeting pluvieux, meeting heureux. Ou presque. Il n’y a que contre les parapluies que les centaines d’amis du Front de Gauche ont pesté ce lundi 21 mai. J’y retrouve Angelina et Arthur Fontel ainsi que l’éternel David Réveillault. Pour une fois, je ne suis pas de service d’ordre, vu que je dois écrire le compte-rendu du meeting pour le site du Parti de Gauche.

A quelques encablures de l’Assemblée nationale, où siégeront bientôt les représentants élus du peuple, il y a donc du monde à une heure inhabituelle : 18h30, pour accueillir chaleureusement Alexis Tsipras, que le peuple Grec a choisi comme incarnation de sa gauche. Dans la journée, il y a eu une réunion de travail importante. Et on en retrouve les participants sur la tribune : Martine Billard, co-présidente du Parti de Gauche ; Jean-Luc Mélenchon ; Maité Mola, co-présidente du Parti de la Gauche européenne, et Pierre Laurent, secrétaire national du PCF. La conférence de presse « extraordinaire », selon Pierre Laurent, a vu l’ensemble des médias français se presser pour interroger celui qui incarne la rupture politique au niveau européen.

Sous la pluie battante, il me faut prendre des notes. Heureusement, un camarade, qui restera hélas anonyme, m’abrite sous son parapluie. Quand les orateurs arrivent, la douche froide ne calme personne. Et la clameur s’empare de la petite place Edouard-Herriot. A dire le vrai, c’est en héros que nous accueillons Alexis Tsipras.

Le leader actuel de la gauche grecque, qui a amené Syriza de 4,9 % des voix en 2009 à 16,5 %, est considéré comme le potentiel vainqueur du nouveau scrutin hellène, provoqué par l’absence de majorité parlementaire. Il aura lieu le 17 juin. Avant même qu’il n’ait lieu, la percée électorale de Syriza est le vrai événement politique en Europe. Rien n’aura été épargné à l’équivalent grec du Front de Gauche. Ni les menaces, ni le chantage sur le mode « si vous votez Syriza, c’est la sortie de l’euro ». Jean-Luc Mélenchon, concluant les interventions, rappelle que « rien ne permet à l’Union européenne de faire sortir un pays de l’euro ». Et de lancer à l’attention des dirigeants de Bruxelles, comme au nouveau locataire de l’Elysée : « Arrêtez de mépriser cet homme (Alexis Tsipras) ! Vous devez le recevoir et discuter sérieusement avec lui ! »

Photo : Mespetitesfables Angelina

Au demeurant, Alexis Tsipras est conscient de la responsabilité nouvelle qui est celle de son organisation. Il l’aborde avec humilité mais avec courage. « Le combat que nous menons, c’est le combat de tous les peuples d’Europe. C’est le combat contre l’austérité et pour la dignité ! », lance, dans sa langue, le chef de file des 52 députés de Syriza. Qui précise encore : « L’Europe n’appartient pas à madame Merkel. L’avenir de notre continent, c’est bien la démocratie et la cohésion sociale. Et, ce combat, nous allons le gagner ! Ensemble ! » Les militants, les amis, les passants lui répondent : « Résistance ! Résistance ! Résistance ! » Visiblement, il n’y a aucun problème de compréhension. Certes, le traducteur fait bien son travail mais, plus au fond, le langage du cœur abolit les frontières fussent-elles linguistiques.

Il s’agit plus que d’un élan de solidarité internationale romantique. Chacun a compris que, derrière « la guerre menée au peuple grec » selon les mots d’Alexis Tsipras, ce sont tous les peuples de l’Union européenne qui sont visés. Aussi, le rassemblement sur la place Edouard-Herriot est une étape, une « nouvelle rupture » rappelle Pierre Laurent, dans les batailles à venir pour les peuples unis. Alexis Tsipras appelle le peuple de France, celui qui « a ouvert la voie des possibles en donnant 4 millions de voix au Front de gauche », à se lancer dans la lutte au travers de « manifestations, de rassemblement, d’actes de solidarité concrets, pour que les gouvernements libéraux et sociaux-démocrates arrêtent leurs chantages contre les peuples ».

Jean-Luc Mélenchon montre que le message est bien passé. « Une brèche a été ouverte, comme nous l’avons annoncé, en Grèce. Il nous appartient maintenant d’ouvrir l’alternative. Nous ne sommes pas dans un jeu, mais dans un moment historique dans lequel nous avons tous un rôle à tenir ». A nouveau, l’assemblée répond : « Résistance ! Résistance ! Résistance ! » Puis, sous la pluie, chacun repart à son poste de combat. Le moral gonflé à bloc. La victoire de l’autre gauche est possible ! Nos cousins grecs nous en donnent la preuve par l’exemple.

 

***

Par Alain Bousquet sur LETANGMODERNE      : Un Grec a Paris….


Comment peut-on être Grec ?

Lorsqu’il est arrivé, tout le monde voulait le voir, symbole puissant d’une nouvelle espérance pour tous les peuples d’Europe, lui qui défend, contre tous les obscurantistes libéraux, les conteurs de la soumission, les chanteurs du fatalisme, la conquête de la raison, l’esprit de tolérance contre les tentations néo nazi, lui qui défend la séparation des pouvoirs face à  la toute puissante mainmise du clergé orthodoxe sur la société grecque,  aurait pu se prendre à la lecture de la presse d’aujourd’hui, pour un personnage des lettres persanes.

Ce que révèle la bien-pensance du jour c’est d’abord la curiosité : comment peut-on soutenir qu’il existe une autre voie que celle tracée par toute l’Europe sérieuse, raisonnable, soigneuse, appliquée réfléchie ?

Que c’est drôle de penser vouloir mettre en œuvre une politique qui imagine autre chose que la souffrance des populations et le pillage des richesses nationales au profit de quelques banquiers et autre parasites chevelus, barbus et  priants.

Cette faune de journalistes badauds, superficiels et curieux, vous décrit par le menu la beauté juvénile du leader  de  Syriza, l’agence Reuters voit même en ce « Mélenchon Français » une gauche radicale au visage humain, sans doute pour expliquer nos têtes d’animaux, référence au zoo « melenchonesque » de Noël Mamère.

Mais ils sont aussi ignorants et naïfs, les voilà misérables et pouilleux expliquant  dans leurs colonnes, sur leurs antennes, dans nos écrans, que la Grèce se prépare à une sortie de l’Euro, pour eux il n’y a pas vie en dehors de leur dogme, si tu n’es pas conforme, si tu n’es pas uniforme, tu sors.

Il faut les écouter relayant les sottises de Merkel,  incitant la peur, proposant l’absurde sortie de l’Euro. Aucun d’entre eux n’aura ni entendu, ni relayé le leader de Syrisa lorsqu’il énonce clairement : «  Affirmer que notre appartenance à l’Euro est en danger est un mythe construit de toutes pièces, un chantage exercé par les partis favorables au plan de renflouement et un chantage exercé sur le peuple afin qu’il accepte les mesures qui le conduiront inévitablement à la misère »

Il faut ajouter à leur comportement cette marque tout a fait singulière des belles personnes, ce signe  distinctif, cette élégance suprême qui classe les grands de ce monde. La discourtoisie. Ainsi aucun des dirigeants socialistes français n’a cru bon de venir saluer Alexis Tsipras. Aucun. Sans doute la peur d’y apprendre quelque chose. A ce moment précis dans lequel le peuple qui a inventé la démocratie se trouve, à cet endroit où se croise l’ombre et la lumière, la peur de voir disparaitre le gris des costumes d’eurocrates les a tous gagné !


Fabius et Cazeneuve respectivement ministres des affaires étrangères et européennes, ont, en moins de 48 heures, oublié leur discours et leur campagne du non en 2005. Les revoilà de nouveau et subitement replongés dans le bain poisseux de l’orthodoxie européenne et libérale, c’est une véritable douleur plutôt qu’une déception d’entendre Laurent Fabius se comporter en maître sadique des destinées du peuple Grec, croyant inévitable de leur intimer l’ordre de se  soumettre au mémorandum .

Curieux, ignorant et naïfs, superficiels et grouillants comme une troupe désorientée, discourtois et gonflés d’idées toutes faites comme des sybarites, les voilà de nouveau jetés dans leur instinct de réguère. Incapable de voir le renouveau de la gauche, qui vient de l’orient méditerranéen…

Le comportement parisien, bruxellois, berlinois révèle les questions profondes au travers des attitudes légères et mondaines sous l’image de la visite d’un grec à Paris.

En 1721 c’est sous les traits d’un persan que Montaigne publiait ses lettres, il voulait juste nous montrer que sous l’incrédulité parfumée des parisiens, s’éveillait à la lumière un nouveau monde.

 

PS : pour un compte rendu dynamique et éclairé de la venue d’Alexis Tsipras : http://lecridupeuple.wordpress.com/2012/05/22/%CE%BA%CF%81%CE%B1%CF%85%CE%B3%CE%AE-%CF%84%CE%BF%CF%85-%CE%BB%CE%B1%CE%BF%CF%8D-alexis-tsipras-lance-son-cri-aux-peuples/


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