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22 mai 2012

La perte de la Berd un lourd échec pour le couple franco-allemand


Miniature de l'image pour suma chakrabati.jpgL'élection d'un anglais d'origine indienne, Sir Suma Chakrabarti (photo), vendredi à la présidence de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) n'est pas en soi un évènement interplanétaire de nature à bouleverser le fragile équilibre économique mondial, je le reconnais.
Mais les intenses tractations et les coup bas diplomatiques qui se sont déroulés au cours des dernières semaines dans les couloirs de cette instance et ceux de la commission européenne à Bruxelles sont riches d'enseignement sur le vrai poids économique du couple franco allemand aujourd'hui - autant dire, nul - et inquiétants pour l'avenir si l'Europe entend conserver la main mise sur l'institution économique phare du monde, le FMI.

Créée en 1991 pour financer la reconstruction des ex pays du bloc soviétique et les intégrer plus rapidement à l'union européenne, la Berd - dont le siège est basé à Londres - a traditionnellement été une chasse gardée de la France et de l'Allemagne qui se sont partagés à tour de rôle les cinq dernières présidences. Aucune règle ne l'impose, puisque la Berd est détenue par 62 pays actionnaires qui peuvent très bien décider d'un représentant en leur sein. Mais compte tenu de la structure du capital, il suffit que l'Europe continentale - légèrement majoritaire en droits de vote - arrive unie avec un seul candidat pour que celui soit élu. D'autant que généralement, le Japon, les Etats-Unis et le Canada, par accord tacite, suivent l'Europe. Une règle de bienséance valable aussi pour la présidence du FMI, où les Etats-Unis soutiennent le candidat européen en échange du vote européen pour la présidence américaine de la Banque Mondiale.
 
Que s'est il passé cette fois ci à la  Berd? L'ex président allemand de l'institution, Thomas Mirow, candidat à sa propre succession n'était pas officiellement soutenu par l'Allemagne, car il était considéré comme proche du SPD, le principal parti d'opposition à Angela Merkel. Pour autant, l'Allemagne n'a jamais apporté de soutien franc et clair au candidat de la France, Philippe de Fontaine-Vive. "Nous avions pourtant un accord de la chancellerie : la France soutenait un allemand à la tête de la Banque européenne d'investissement et en échange ils nous soutenaient pour la Berd", tempête un haut fonctionnaire ayant participé à ces négociations dans le précédent gouvernement. Les allemands ont tenu parole tout de même, en votant pour le français mais leur manque de soutien appuyé a pesé lourd dans la balance et a donné l'impression que le couple n'étais pas soudé.
Une brèche dans laquelle s'est engouffrée la Pologne en proposant son propre candidat. A partir de ce moment là il est devenu impossible pour l'Europe continentale de présenter un candidat unique, ce qui a permis à Thomas Mirow de se maintenir, avec l'appui des Russes. Une aubaine pour les anglais qui ont alors présenté leur propre homme, Suma Chakrabarti, lequel a finalement emporté la mise avec le soutien des Etats-Unis et de tous les pays du common wealth mais aussi - à la surprise générale - de l'Italie qui a marqué ainsi sa volonté de briser l'hégémonie de Paris et de Berlin.
 

Quels enseignements tirer de ces manoeuvres diplomatiques ?
-La France ne préside plus que deux institutions internationales, le FMI, avec Christine Lagarde et l'OMC avec Pascal Lamy (dont le mandat arrive à échéance l'an prochain). En revanche, il n'y a plus, à ce jour, le moindre français à la tête d'une institution européenne. Et à moi d'obtenir la présidence du mécanisme européen de solidarité (MES) pour lequel nous n'avons aucun candidat, nous ne sommes pas prêt d'en avoir.
-Le manque d'entrain allemand explique pourquoi depuis quelques jours on laisse fuiter dans la presse que François Hollande n'est pas favorable à ce que l'actuel ministre allemand des finances, Wolfgang Schauble, préside l'Eurogroupe. Et je vous le donne dans le mille : qui pourrait assurer la présidence dans ce cas ? L'italien Mario Monti !
-Mais à plus long terme cette histoire de Berd est très inquiétante pour la future présidence du FMI. Les pays émergents ont tenté sans succès lors de l'élection de Christine Lagarde de contester la main mise européenne. Les Brics ont échoué l'an dernier car ils n'arrivaient pas à  présenter un véritable candidat sous leurs bannières réunies. Mais le temps joue en leur faveur. Et dans quelques années les errements européens, s'ils ne sont pas rapidement corrigés, vont coûter cher au Vieux Continent.
Derrière l'échec de la Berd, c'est bien notre manque d'unité qui transparait, en plaine crise de la zone euro
 
(Crédits photo : David Barrett/PHOTOSHOT/MAXPPP)
 
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