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25 mai 2012

Construire, ouvrir, renforcer le Front de gauche

Sur MEDIAPART

 

Nous avons participé avec enthousiasme à la campagne du Front de gauche, sans être militants d'aucun des partis qui le composent et nous voulons prolonger ce combat, alors que la défaite de Nicolas Sarkozy ouvre une nouvelle période politique. Par son mode bonapartiste de gouvernement, sa course effrénée derrière le Front national, sa volonté de remettre en cause les fondements même des compromis sociaux issus de la seconde guerre mondiale, le Président sortant représentait un danger pour la démocratie. Mais la victoire de François Hollande, si elle ouvre bien des perspectives nouvelles, est loin de permettre de résoudre les problèmes que cette élection a mis en évidence, alors que le fort pourcentage de Marine Le Pen montre qu’une partie de l'électorat populaire croit trouver dans la xénophobie du Front national une solution à ses problèmes sociaux et à ses angoisses.

« L’austérité peut ne plus être une fatalité », a dit François Hollande le soir de son élection. Si l'on doit lui donner acte de cette affirmation, il faut cependant se rappeler que le programme du nouveau Président reste entaché par les dogmes du néolibéralisme qui ont partout mené à la catastrophe. Ainsi en est-il de sa volonté d’arriver à un équilibre budgétaire en 2017, qui l'obligera à couper massivement dans les dépenses publiques si la réforme de la fiscalité se révèle être a minima. Vouloir à tout prix réduire les déficits publics en période de stagnation économique n’aura pour effet paradoxal que de les accroître. Pourquoi d’ailleurs vouloir renégocier le Pacte budgétaire Merkel-Sarkozy si c’est pour en appliquer la principale disposition, l’exigence de l’équilibre budgétaire ? Et pourquoi ne pas soumettre ce traité à un référendum ?

Le programme défendu par le Front de gauche avait l’ambition de répondre à un enjeu majeur, celui de sortir la France de l’emprise des marchés financiers pour amorcer un nouveau mode de développement fondé sur la satisfaction des besoins sociaux, la réduction des inégalités et le respect des impératifs écologiques. La dynamique populaire qui s’est manifestée durant sa campagne a été le signe que ce programme de lutte contre les politiques néolibérales entrait en résonance avec des préoccupations profondes de nos concitoyens. Donné à moins de 5 % au début de la campagne électorale, Jean-Luc Mélenchon termine à plus de 11 % des suffrages malgré l'intense pression du vote utile. Pour celles et ceux qui veulent, à gauche, transformer la société, une nouvelle force politique a émergé qui peut avoir comme ambition de devenir majoritaire à gauche dans l’avenir. Il importe que les élections législatives à venir confirment et amplifient ce mouvement.

Deux questions doivent être cependant traitées pour que le processus prometteur de la campagne présidentielle ne s’enlise pas. La première concerne le rapport au gouvernement et l’orientation politique future du Front de gauche. Le Front de gauche doit clairement indiquer qu’il a vocation à gouverner et qu'il n'est pas simplement une force de protestation. Il doit cependant se poser la question de savoir si, eu égard au programme du Président et du rapport de forces qui est sorti des élections, la présence de ministres issus de son sein peut l’infléchir significativement. En l'état actuel, le Front de gauche ne peut participer au gouvernement. Il doit garder toute son indépendance.

Politique d'austérité ou politique de priorité à l’emploi et au partage des richesses ? Le budget 2013 sera décisif pour en juger. Mais la réponse dépendra aussi de notre propre capacité à faire prévaloir les solutions dont nous sommes porteurs. Le Front de gauche devra peser sur les orientations du gouvernement en s'appuyant sur les mobilisations sociales. Mais en tout état de cause il devra refuser un budget d’austérité. En revanche il devra soutenir toute mesure permettant de libérer le pays de l’emprise des marchés financiers, de contribuer à la transition écologique, de promouvoir les droits, l’égalité entre les hommes et les femmes, de renforcer les services publics et d’améliorer les rapports de forces des salariés vis-à-vis du patronat.

La seconde question  concerne la structuration du Front de gauche, qui doit dépasser sa forme actuelle de cartel électoral car il a su créer une dynamique de rassemblement, au delà des partis qui l'ont fondé. Non seulement, il regroupe en son sein, fait historique à gauche, des organisations très diverses par leur histoire et leur culture politique, mais il a été capable d'attirer dans la campagne électorale des milliers de personnes qui n’appartiennent à aucune de ses composantes, comme c'est le cas des signataires de cette tribune. Il importe de conforter cette double dynamique. Il faut donc permettre l'adhésion individuelle directe au Front de gauche, pour faire vivre et grandir l'espérance citoyenne qu'il a fait naître.

Nous proposons donc dans un premier temps de transformer les « assemblées citoyennes » et les différents regroupements qui ont participé à la campagne en comités du Front de gauche, regroupant les adhérents des organisations et les non encartés. Il est urgent d’accueillir aux côtés des partis constitutifs du Front de gauche tous ceux qui souhaitent être partie prenante de la construction de ce grand mouvement populaire. Il faudra ensuite réfléchir sur leur représentation au niveau national. Au-delà, dès cet été, il faut organiser une initiative politique commune à toutes les composantes du Front de gauche pour tirer les leçons de son expérience unitaire et pour penser son avenir.

 

 

Mon commentaire:

Les deux questions posées me semblent effectivement essentielles (l'orientation politique future, et le dépassement de la forme actuelle par une structuration du front de gauche) , cependant il me semble que la première question est liée à une condition qui est de répondre d'abord à la seconde question , prioritaire (et urgente?): comment réunir et construire solidement toutes les forces que regroupe ce mouvement?..

Il s'y trouve des partis politiques, et des associations, mais surtout des particuliers qui en constituent je le suppose le plus gros des forces et les plus prometteuses en terme d'adhésion, de rassemblement et d'amplification du mouvement. Leur profil, pour nombre d'entre eux, nous pouvons sans doute le deviner : dans les grandes lignes, c'est "dégoûté des combines politiciennes", "jaloux de leur libre arbitre, et libres de voter selon le résiltat de leurs réflexions"...

L'union de quelques partis politiques est, certes, intéressante mais si le front de gauche ne met pas en place une structure collective de partage , il risque sous peu de se voir réduit à deux partis politiques et quelques associations, ou bien d'éclater tout simplement.

Je me suis inquiétée il y a quelques jours, de constater que quelques membres du parti communiste appelaient les "front de gauche" à s'inscrire au PC (facebook). Ayant moi-même pris une carte au parti de gauche en novembre 2011, j'ai appelé, en réponse, à s'inscrire au parti de gauche... Il me semble qu'il s'amorce là un processus de désagrégation du front de gauche si l'équipe actuelle des coordonnateurs ne met pas très rapidement en place une structure adaptée et rassembleuse, ouvert à tous y compris des personnes qui n'appartiennent à aucun parti, où aucune des associations membres.

S'il est évident que pendant la campagne présidentielle, le front de gauche dans son ensemble a pu bénéficier de la technicité incontestable, et des infrastructures du PC., pour autant ce serait un danger que d'accorder à ce parti une prééminence absolue dans le mouvement: nous avons vu au cours des trois décennies précédentes à quoi conduit une recherche d'hégémonie d'un parti dominant à un certain moment (1981)et la mise en acte des manœuvres qui le permettent (je parle du PS bien sûr).



Pourquoi est-il indispensable de consolider le front de gauche?
L'autisme de 2002, le reniement des voix démocratiques en 2005 ont conduit , nous l'avons vu, à la prise de conscience par une grande frange de la population qu'ils ils étaient dirigés par des instances - parti au pouvoir, ou parti dit « principal parti d'opposition » - de plus en plus exclusivement organisé en fonction de leurs intérêts oligarchiques, et de plus en plus sourd à leurs voix et aux réalités vécues.
Le dégoût auquel cela a conduit se marque pour certains par une fuite de ce parti dominant (qui de 2006 à 2009 - en passant par la fraude de Reims - a perdu la moitié de ses adhérents) , pour quelques autres par le choix d'un parti extrémiste (FN) histoire de renverser le jeu de quilles pour des personnes exaspérées sans doute , et pour d'autres encore à la résignation et au renoncement : l'abstentionnisme.
Il reste à consolider un rassemblement (éventuellement amplifié) de tous ceux qui ne veulent se soumettre à aucun parti,qui en ont assez d'entendre des mots d'ordre, et de voter sur commande... La grande nouveauté du front de gauche - à laquelle j'ai été très sensible car j'ai attendu cela pendant trois décennies - c'est qu'elle est susceptible de transcender les partis. Nous avons assisté trop longtemps à des « querelles de chapelles », à gauche, à chaque élection... tandis que la droite savait toujours s'unir pour sauvegarder ses intérêts. j'avoue que pour ma part, si j'ai pris en novembre 2011, une carte au parti de gauche c'était pour l'aider financièrement !... pas pour "prendre parti" tant je suis convaincue que de bonnes idées peuvent émerger de plusieurs endroits, et non d'une seule "chapelle".

Venons-en au front de gauche : il a montré au cours de cette brève période des présidentielles, qu'il pouvait y avoir coordination régulière et continue entre plusieurs partis, associations, syndicats: c'est à mon sens en cela que réside la formidable avancée qu'il a pu réaliser. C'est en cela à mon sens qu'il a répondu aux aspirations d'une grande population intéressée à des problèmes réels, et non à des mots d'ordre émis par telle ou telle "chapelle". Un atout fondamental et indispensable également: le contenu très pédagogique des meetings de Jean-Luc Mélenchon qui a contribué largement à faire connaître certains mécanismes mis en place par les oligarchies financières et politiques.!!!Ainsi que leur collusions...

Quelles conditions pour sa survie, et pour amplifier le mouvement ?
A ce qu'il me semble:
Il y a un aspect financier incontournable: il doit se doter d'un statut lui permette de recueillir des cotisations, non rédhibitoires , et d'un montant accessible à tous (mais ouvert aux donateurs)

Il y a un aspect participatif qui doit permettre de mettre en lien et permettre les échanges entre toutes les personnes qui y adhèrent :
- une plate-forme d'échanges thématiques, initiés peut être par un texte d'introduction à la problématique? Une plate-forme conçue pour permettre à la fois un cadrage des sujets-thèmes , et des échanges favorisant l'avancée de la réflexion chez les participants, et peut-être l'émergence de propositions.
- un réseau de comités (quelle que soit leur importance) ayant un support de communication (blog: actus générales? thèmes afférents? actu et projets locaux?), réseau d'échanges et de diffusion des informations
- une plate-forme d'information descendante et centralisatrice et de diffusion générale (le site «place au peuple » est déjà en place, c'est un acquis important. )

Quelles que soient les décisions prises, et les choix de structure, il faut sauver le Front de Gauche!.
Clin d'oeil :
-Il y a un trésor dans notre village
- y'a plein de maisons à coté et des espaces à cultiver
- y'a pas d'rue, y'a pas d'bus! 'Faut les construire!
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Commentaires
L
Une bonne analyse étayée de questions de fond qui méritent une profonde réflexion !
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J
J'espère qu'il liront ton commentaire Joyce.<br /> <br /> <br /> <br /> En tous cas, si un jour je monte une Fondation, je t'engage pour la mise en place de la structure LOL
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