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26 mai 2012

Vincent Peillon publie des études passées sous silence par son prédécesseur

 
L'un de ces rapports, réalisé par les inspections générales, dresse un bilan mitigé du dispositif d'éducation prioritaire " Clair "

 

 

Vincent Peillon l'a promis. Vendredi 25 mai, le ministre de l'éducation nationale devait publier trois des rapports dits " cachés " sous l'ère Chatel. Au total, ce seront " une petite dizaine " d'études qui pourraient être rendues publiques dans les prochains jours, avait-il précisé le 21 mai sur La Chaîne parlementaire. Au nom d'une " République exemplaire " et " transparente ", il s'est engagé à ce que " tous les citoyens - aient accès - à la connaissance collective " des statistiques concernant le système éducatif.

Les sujets évalués sont variés : école maternelle, carte scolaire, internats d'excellence (Le Monde du 29 février), remplacement des enseignants... Celui que nous nous sommes procuré concerne " la mise en oeuvre du programme Clair " (Collèges et lycées pour l'ambition, l'innovation et la réussite), un dispositif emblématique - et polémique - du précédent locataire de la Rue de Grenelle, fondé sur l'idée d'autonomie : liberté d'innover pour les enseignants, liberté de choisir ses équipes pour le chef d'établissement.

Clair avait été annoncé par Luc Chatel lors des états généraux de la sécurité à l'école en avril 2010. Il s'agissait alors de " substituer aux dispositifs existants - de l'éducation prioritaire - une nouvelle cartographie des établissements concentrant le plus de difficultés sur le front du climat et de la violence ", avait déclaré le ministre. Le dispositif a été expérimenté dans 105 collèges et lycées au cours de l'année scolaire 2010-2011. C'est sur cette " année zéro " du programme que porte le rapport des inspections générales.

" Scepticisme "

Leur bilan n'est pas très glorieux. Un cadrage " minimal ", un pilotage " prudent ", une sélection d'établissements opérée par les recteurs " dans l'urgence ", un sentiment, parfois, de " désarroi " chez les chefs d'établissement... Le tout dans un contexte de " tensions localisées ", " de scepticisme, parfois même d'hostilité " des enseignants. Les personnels n'ont eu pour texte de référence qu'une circulaire, celle du 7 juillet 2010, très générale. De ce fait, reconnaissent les inspections, " la démarche (...) a suscité de la part des divers acteurs moins d'initiative que d'expectative ".

Les auteurs du rapport ne font pas l'impasse sur le climat " difficile " dans les établissements : " Une fois la part faite de contestation deprincipe, plus ou moins affirmée selon les établissements, - Clair - a suscité nombre d'interrogations. " Deux domaines ont cristallisé le débat interne, poursuivent-ils : le " rôle et lepositionnement du préfet des études ", sorte de " super-prof " chargé d'assister le chef d'établissement, de coordonner le travail en équipe, de nouer des liens avec les parents, etc., et les " mesures de gestion des ressources humaines ". Dans Clair, en effet, les professeurs sortent du mouvement national d'affectation pour être recrutés sur la base d'un entretien avec le principal ou le proviseur ; ils s'engagent à rester cinq ans, reçoivent une lettre de mission... Autant d'atteintes au statut d'enseignant, selon les syndicats.

Au final, en juin 2011, " un nombre significatif d'établissements n'avaient encore pas mis en oeuvre les mesures emblématiques du programme. D'autres y étaient parvenus progressivement au prix d'une grande discrétion dans l'affichage de ces mesures ", concluent les inspections générales.

Pourquoi Luc Chatel a-t-il voulu taire ces conclusions, alors qu'après tout elles ne portaient que sur la phase d'expérimentation ? Probablement parce que dès le lancement du programme, il avait décidé de sa généralisation. En septembre 2011, Clair est devenu Eclair, intégrant 2 100 écoles primaires ainsi que 220 collèges et lycées supplémentaires.

La rentrée 2012 se dessine. Au Bulletin officiel du 24 mai, on apprend qu'Eclair comptera 2 525 établissements, soit 86 écoles primaires et 14 collèges et lycées de plus qu'en 2011, dont 4 internats d'excellence. Difficile de changer le cours d'une rentrée préparée par la droite... Le nouveau ministre ne s'est, pour l'heure, pas exprimé sur le devenir de ce programme.

Mattea Battaglia et Aurélie Collas

© Le Monde
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