Mélenchon, aiguillon du gouvernement
La venue hier de Martine Aubry n'y changera probablement rien. Sauf surprise, le PS va perdre la 11 e circonscription du Pas-de-Calais au profit de Jean-Luc Mélenchon. Le candidat du Front de gauche est donné largement devant son adversaire socialiste au premier tour et gagnant au second tour face à Marine Le Pen, selon un récent sondage Ifop-Fiducial. Une victoire qui marquerait une belle revanche sur la présidentielle perdue face à la patronne du FN et surtout une entrée tonitruante à l'Assemblée, gage de soucis pour la probable future majorité de gauche.
Jean-Luc Mélenchon a déjà dit qu'il n'entendait pas entrer au gouvernement et qu'il comptait au contraire faire entendre sa voix. Ce qu'il ne manquera pas de faire s'il siège au PalaisBourbon. « Notre but est d'être positif vis-à-vis de la gauche. Montrer qu'elle a d'autres réponses à apporter », temporise l'un de ses proches. Que ce soit lorsqu'il défend un SMIC à 1.700 euros ou la fin de la RGPP (révision générale des politiques publiques), le quatrième homme de la présidentielle (11,1 % des voix) ne manque toutefois jamais une occasion de se démarquer du PS lors de sa campagne législative dans la Pas-de-Calais
.Sujets qui fâchent
A Hénin-Beaumont et dans les 103 autres circonscriptions où il présente un candidat, le Parti de gauche a en fait déjà pris date avec la probable majorité socialiste de la prochaine Assemblée. « Nous ne serons pas dans l'opposition, mais dans une forme d'autonomie vis-à-vis du PS. Nous voterons les lois qui nous sembleront bonnes et refuserons les autres », explique-t-on dans ses rangs. Les sujets qui fâchent vont se présenter très vite. Jean-Luc Mélenchon refuse d'entendre parler d'un budget de rigueur et défend mordicus l'interdiction des licenciements boursiers dans les plans de sauvegarde.
Reste à savoir jusqu'où ses alliés communistes au sein du Front de gauche le suivront. Le Parti de gauche ne devrait envoyer guère plus de 3 députés au Palais-Bourbon sur les 20 à 30 espérés par le Front de gauche. Le PCF, force dominante, restera-t-il fidèle à la stratégie de « l'autonomie conquérante » de cette coalition de la gauche de la gauche ? « La base du PC n'a pas envie d'appliquer le programme de François Hollande. Sauf raz de marée du Front de gauche, il n'y aura pas de ministres communistes », veut-on croire au Parti de gauche. Réponse le 18 juin, jour où le conseil national du PC doit se prononcer sur sa participation au gouvernement
JOËL COSSARDEAUX