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10 juin 2012

La Grèce sous très haute tension préélectorale

L'Euro ou le chaos / VARIO IMAGES/SIPA

-A +A
09.06.2012 | 11:55

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Le climat préélectoral en Grèce est délétère. Les chaines de télévision prédisent le déluge si les Grecs votent pour les partis favorables à la renégociation du plan de rigueur. Et les appels à "bien voter" pour éviter le pire de la France et de l'Allemagne n'arrangent rien.

Depuis les élections du 6 mai, qui ont vu la chute des deux grands partis (les socialistes du PASOK et les conservateurs de la Nouvelle Démocratie), ayant gouverné la Grèce depuis la chute de la dictature, le pays attend le 17 juin et le nouveau scrutin pour savoir quel est son nouveau destin.

L’arrivée du SYriza, Coalition de la Gauche Radicale à la 2° place, et l’apparition d’un parti d’extrême-droite à l’assemblée ont totalement chamboulé la donne électorale.

Les sondages officieux (interdits de parution 15 jours avant le vote) donnent Syriza vainqueur aux élections législatives du 17 juin prochain, avec des scores entre 25 et 30 %. Cela lui assurerait le bonus de 50 députés supplémentaires accordé au parti arrivé en tête. Il pourrait alors faire alliance avec les forces à la gauche du Pasok (parti communiste, parti démocratique, écologistes, …) et appliquer son programme:

  • Renégociation du mémorandum (plan de rigueur), imposé par la Troïka (Union européenne, Fonds monétaire international et Banque centrale européenne)
  • Annulation des lois sur la flexibilité du travail
  • Commission d’audit international sur la dette publique

Cette attente préélectorale se fait dans un climat lourd et même violent.

Violent en paroles: intimidations à la limite du chantage de la part de nombreux dirigeants européens ou étrangers - du ministre des Affaires étrangères allemand au ministre de l’Economie français - qui mettent en garde la population grecque avec une habile répartition des tâches.

Christine Lagarde au nom du FMI, jouant la "méchante" pour que les dirigeants européens passent ensuite pour les "gentils" en exigeant des sacrifices en échange de leur soutien.

 

Oser dire "non"

On fait peur aux Grecs pour les inciter à "bien" voter. Pierre Moscovici étant, à ce petit jeu, le plus transparent en expliquant que si les Grecs veulent rester dans la zone euro, ils doivent "faire les choix qui le permettent".

Jouant eux aussi sur la peur d’une déstabilisation complète du pays, les medias appartenant pour la plupart à des armateurs et des propriétaires des clubs de foot, jettent de l’huile sur le feu.

Les chaines privées multiplient les talk-shows où l’on parle à longueur d’antenne de retraites et de salaires qui ne seraient plus payés, en cas d’abandon de l’euro et réintroduction de la drachme comme monnaie nationale. Iannis Varoufakis, un économiste renommé, dénonce ce chantage par l’absurde :

D’accord, nous les Grecs, nous sommes des fraudeurs, des corrompus, des paresseux, des assistés depuis notre berceau, des profiteurs qui vivons de la sueur de autres peuples qui, eux, produisent. Mais alors les Espagnols, en quoi sont-ils fautifs ? L’Espagne n’avait pas de déficit public, ni de dette avant la crise. Elle avait réussi à faire des Jeux Olympiques rentables, à produire dans le textile (Zara, Ndlr) sans délocaliser, à avoir une industrie automobile bénéficiaire. Et pourtant ce pays se trouve dans le même trou noir que nous. Comment serait-ce possible si la crise était due uniquement à ces fléaux, qui, caractérisent sans nul doute la Grèce, mais en aucun cas l’Espagne. Tout le monde sait bien que c’est une crise du système européen libéral européen. Mais, nul ne l’avoue. Et vous, confrères européens, journalistes et politiques, vous montrez du doigt la Grèce, uniquement parce qu’elle ose dire non !

Le climat est aussi violent en actes: Avec l’augmentation de ratonnades envers les émigrés, premières victimes de la crise, l’augmentation de la criminalité et des suicides, sur fond de désespérance sociale. L’atmosphère agressive a atteint, par ricochet, les plateaux de télévision.

Jeudi, lors de l’émission d’information matinale d’Antenna 1, le député du parti néo-nazi Aube dorée, Ilias Kasidiaris, après avoir jeté un verre d’eau à la figure de Rena Dourou, candidate du Syriza, s’est attaqué, à coups de poings et de gifles, à Liana Kanelli, députée du parti communiste grec.

Rena Dourou a réagi, en exprimant ce que tout le monde pense :

Au-delà de la crise économique, nous assistons à une crise de la démocratie. Aujourd’hui, on veut faire régresser le pays de 500 ans".

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