Le plan Ayrault ou la face -à peine- cachée du Pacte européen de croissance
L'Espagne, l'Italie et la France se sont réjouis de l'accord obtenu dans la nuit de jeudi à vendredi par les pays membres de l'Union européenne, réunis à Bruxelles. Mais derrière cet accord plane toujours l'ombre de Berlin. Explications.
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Le président de l'Union européenne, Herman Van Rompuy, n’a pas dit autre chose: « Nous nous sommes mis d'accord pour améliorer le financement de l'économie à hauteur de 120 milliards d'euros pour des mesures immédiates de croissance ».
Même la chancelière allemande, Angela Merkel a eu un mot positif à la sortie des négociations, considérant que les Etats européens venaient de réaliser « quelque chose d’important ». Egale à elle-même, elle n’a toutefois pas manqué de rappeler sa « philosophie » : « aucune prestation sans contrepartie ».
Cette formule d’Angela Merkel fait justement écho à l’annonce fracassante de Jean-Marc Ayrault. Le chef du gouvernement vient tout juste d’annoncer que l’Etat français met le cap sur la rigueur. Il s’agit de s’attaquer aux dépenses publiques. Objectifs: ramener le déficit public à 3 % du PIB en 2013 contre 4,5% en 2012.
Parmi les premières mesures annoncées, on trouve les réductions d’effectifs de 2,5 % par an entre 2013 et 2015 -hormis à l’Education, la police et la gendarmerie- ou la baisse drastique des dépenses de fonctionnement et d’intervention qui représentent respectivement 12 % et 40 % du budget de l’Etat…
Vendredi matin sur les ondes des radios, les deux informations - le pacte de croissance européen et le plan de rigueur français - étaient présentés comme deux évènements distincts. Or, il est difficile de ne pas faire le lien. Berlin et Bruxelles font pression sur la France pour qu’elle se plie à l’exercice douloureux des réformes structurelles depuis des mois. Hollande peut-être satisfait mais derrière l’accord arraché au forceps plane l’ombre de Berlin. Et c’est la politique d’austérité défendue par Angela Merkel qui, finalement, sort renforcée de ces négociaitons. Plus que jamais, l’Europe est en train de mettre le cap sur l’Union de la stabilité chère à nos voisins d’outre-Rhin.