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15 juillet 2012

Abeilles et bourdons : méfaits confirmés des insecticides

Sur POUR LA SCIENCE

 

Plusieurs études viennent confirmer les soupçons qui pesaient sur les pesticides couramment utilisés en agriculture, dont l'impact sur les insectes pollinisateurs se révèle loin d'être négligeable.

Maurice Mashaal
©Science/AAAS
©Science/AAAS
Équiper les abeilles d'une radio-étiquette (RFID), comme l'a fait l'équipe française de Mickaël Henry, permet de dénombrer les entrées et sorties de la ruche. C'est ainsi que ces chercheurs ont constaté qu'une exposition faible à un insecticide perturbe assez gravement le sens de l'orientation des abeilles.
Pour en savoir plus

M. Henry et al., A common pesticide decreases foraging success and survival in honey bees, Science, prépublication en ligne, 29 mars 2012.

P. R. Whitehorn et al., Neonicotinoid pesticid reduces bumble bee colony growth and queen production, Science, prépublication en ligne, 29 mars 2012.

J. Aufauvre et al., Parasite-insecticide interactions : a case study of Nosema ceranae and fipronil synergy on honeybee, Scientific Reports, vol. 2, 326, 22 mars 2012.

 

 Sur le syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles, voir :

D. Cox-Foster, Sauvons les abeilles , Pour la Science n°379, mai 2009.

 

 

L'auteur

Maurice Mashaal est rédacteur en chef du mensuel Pour la Science.

Les populations d'abeilles et de bourdons, insectes pollinisateurs qui ont un rôle important dans la productivité agricole, subissent depuis plusieurs années un déclin rapide et inexpliqué. Pour les abeilles domestiques, on parle de syndrome d'effondrement des colonies. Parasites, maladies, présence accrue de substances toxiques, dégradation des habitats, modifications climatiques ? Une conjonction de plusieurs facteurs est probablement à l'œuvre, mais l'impact négatif des pesticides répandus sur les cultures devient de plus en plus évident. C'est ce que l'on peut conclure de trois études indépendantes publiées récemment, deux conduites par des équipes françaises et la troisième par une équipe britannique.

Mickaël Henry, de l'INRA à Avignon, et ses collègues ont soumis des abeilles domestiques (Apis mellifera) à des doses faibles, non létales, de thiaméthoxam, une substance de la famille des néonicotinoïdes, des composés insecticides largement utilisés depuis les années 1990. En équipant 653 abeilles de radio-étiquettes RFID pour les repérer, les chercheurs ont constaté que jusqu'à 43,2 pour cent des abeilles traitées au thiaméthoxam ne retournaient pas à la ruche : l'intoxication se traduit par une diminution de leur sens de l'orientation. Pour les abeilles non traitées, le pourcentage d'individus ne revenant pas à la ruche n'atteignait que 16,9 pour cent.

Quant à l'étude de Penelope Whitehorn et ses collègues, de l'Université de Lancaster en Angleterre, elle a porté sur des bourdons (Bombus terrestris) exposés à des doses non létales d'imidaclopride, un autre néonicotinoïde fréquemment employé. Les biologistes ont alors constaté que les colonies traitées (50 sur 75) se développaient moins – le poids de ces dernières était inférieur de 8 à 12 pour cent à celui des colonies non traitées, ce qui signifie que les bourdons ont recueilli moins de nourriture ou qu'il y avait moins de bourdons ouvriers. Mais surtout, les colonies traitées ont produit beaucoup moins de reines : une ou deux en moyenne, contre 13 pour les colonies de bourdons non traitées.

Enfin, Nicolas Blot, du CNRS et de l'Université Blaise Pascal à Clermont-Ferrand, a montré avec ses collègues que l'effet combiné sur les abeilles domestiques d'un insecticide (le fipronil) et d'un parasite (Nosema ceranae, un organisme unicellulaire) est plus important que la somme des deux effets pris séparément. Par exemple, pour des mortalités séparées égales à 31 et 39 pour cent, la mortalité due à la combinaison des deux sources de stress atteignait 84 pour cent. Autrement dit, on a un effet de synergie, qui confirme plusieurs études précédentes. Mais l'équipe de N. Blot a montré en plus que c'est le cas indépendamment de l'ordre dans lequel les abeilles subissent les deux stress : d'abord une infection parasitaire puis une exposition à l'insecticide, ou une exposition suivie d'une infection, ou les deux simultanément.

Ainsi, tous ces résultats indépendants confirment l'impact néfaste des insecticides et mettent dorénavant les autorités devant leurs responsabilités quant à l'autorisation ou l'interdiction de pesticides, dont beaucoup contiennent les substances utilisées dans ces études.

 

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