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20 juillet 2012

LAURENT JOFFRIN N’EST PAS CONTENT (DE JEAN-LUC MÉLENCHON)

Par Sébastien Fontenelle sur BAKCHICH

 

 

Entre le patron de l'hebdo de la gauche-tarama et la nouvelle bête de scène politique, peu d'atomes crochus.

 

Le Nouvel Observateur vient de mettre en ligne un gémissement de son directeur – le fameux éditocrate Laurent Joffrin -, où celui-ci se plaint de ce que  Jean-Luc Mélenchon l’a « invectivé » sur son blog.

 

On lit ça, évidemment : on se dit que Jean-Luc Mélenchon exagère un peu, là, quand même – qu’est-ce que c’est que ces manières, à la fin ?

Sauf qu’en vrai : non. 

 

En vrai : Jean-Luc Mélenchon – dont le site du Nouvel Observateur a très élégamment fait rimer le nom, lorsqu’il s’est porté candidat à la présidence de la République, avec « piège à cons »  - a seulement dit son avis sur un éditorial daté du 13 juillet dernier, dans lequel Laurent Joffrin commente l’annonce par PSA de 8.000 licenciements à Aulnay.

 

Invective et taliban

 

 

 

Selon lui : ce « cataclysme social (…) détruit un certain nombre de préjugés idéologiques qui finissent par faire obstacle à la modernisation sociale et économique du pays ».

Dès lors, exige-t-il : « Les libéraux qui peuplent les élites françaises doivent d’abord moduler quelque peu leur éloge talibanesque des bienfaits de la concurrence et du libre-échange » ».

Car : « Le système dont ils ne cessent de vanter les mérites est d’une cruauté sociale rare ».

 

Et certes : cette assimilation des chantres du libéralisme à des talibans est un peu hardie.

 

Mais elle n’est pas complètement incongrue - et l’un (parmi les plus constants) de ces propagandistes porte d’ailleurs une barbiche qui n’est pas sans rappeler, quand on la fixe un peu longuement, celles des farouches fondamentalistes des monts et vaux de l’Afghanistan : il s’agit, on l’aura deviné, de Laurent Joffrin lui-même, qui depuis bientôt trente ans récite, avec une rare constance, des versets libre-échangistes.

En 1984, il psalmodiait : « La vie (…) sourd de la crise par l’entreprise, par l’initiative, par la communication. »

 

 

 

Vingt-trois plus tard, en 2007, il scandait – au prétexte de libérer la gauche de ses « tabous » : « Oui, il y a des vertus dans le risque, dans l’entreprise. (…) Oui, il y a des vertus dans la concurrence. »

(Entretemps, il s’était vanté : « On a été les instruments du capitalisme dans la gauche. »)

 

Du reste : après avoir prêché, dans sa première partie, une modulation de la ferveur libérale dont il a été l’un des principaux prédicateurs, Laurent Joffrin assure, dans la fin de son commentaire du « choc » d’Aulnay, que « les radicaux » de « la gauche » qui « proposent peu ou prou l’interdiction des licenciements et demandent le maintien du site » errent tragiquement.

 

 

Sophisme libéral

 

 

Puisque : « Si PSA n’agit pas à brève échéance pour limiter la surcapacité de production qui plombe ses comptes, ses pertes déjà conséquentes vont s’accroître et c’est toute l’entreprise qui se retrouvera en danger avec à la clé plusieurs dizaines de milliers d’emplois ».

 

En clair : Laurent Joffrin juge que PSA a raison de licencier des milliers d’ouvriers – n’en déplaise aux communistes qu’offusque cette mesure. 

 

Car sinon : PSA serait obligé de licencier des milliers d’ouvriers.

 

C’est d’une logique imparable – et point complètement inédite, puisque (par coïncidence) cette démonstration tout à fait classique (et qui sert depuis de longues années à justifier les pires « plans sociaux »)  est, au mot près, celle que produisent aussi la direction de PSA et les libéraux dont Laurent Joffrin a demandé au début de son éditorial qu’ils  tempèrent leur talibanisme.

 

En d’autres termes : le directeur du Nouvel Observateur produit, là, exactement le même argument que les fourriers du libéralisme, dont il vient pourtant de dénoncer le fondamentalisme. 

Et c’est à cela que Jean-Luc Mélenchon – nous y arrivons - réagit le 16 juillet sur son blog, dans un billet, principalement consacré à de tout autres sujets, où il observe, au détour d’un paragraphe, que ce qu’il appelle « l’éditorial ahurissant de Joffrin (1) à propos de PSA » est composé – c’est bien le cas - de « deux grammes de protestation avant trois couplets d’appel à la soumission aux normes dominantes et de dénonciation de l’idéologie anti-mondialisation ».

 

Ce constat, parfaitement juste, est constitutif d’un crime de lèse-éditocratie : c’est cette atteinte à son magistère que Laurent Joffrin sanctionne, lorsqu’il se plaint des « invectives » de Jean-Luc Mélenchon (après avoir laissé, insistons-y, qualifier la candidature de ce dernier de « piège à cons »).

 

Et pour mieux signifier aux imprudents que trop d’effronterie dans la contestation des dogmes dominants les exposerait aux foudres de ceux qui les colportent , il fustige - crânement - le  « Tartarin d’Hénin-Beaumont » : l’ex-candidat du Front de Gauche est, assène-t-il un « Matamore qui se prend pour Lénine ».  

Car pour les médiacrates, les insultes doivent être comme les leçons d’économie : à sens unique. 

 

(1) Que Mélenchon tient pour un « médiacrate social libéral enragé ».

 

 

 

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Commentaires
J
Y a-t-il une date de péremption sur les journalistes comme sur les pots de yogourts ?<br /> <br /> <br /> <br /> Nan ? Bah falloir voter une loi alors.
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