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2 août 2012

Les frites font polémique aux JO de Londres

Sur MARIANNE

 

Mardi 31 Juillet 2012 à 12:00 | Lu 12636 fois I 17 commentaire(s)
Rien ne va plus à Stratford : les Jeux olympiques de Londres déclenchent polémique sur polémique depuis l'annonce de la couleur des maillots et jusqu'au monopole de McDonald's sur les frites du village olympique.

 

(Avant la cérémonie d'ouverture - Geoffrey Robinson/REX/SIPA)
(Avant la cérémonie d'ouverture - Geoffrey Robinson/REX/SIPA)
Les Jeux olympiques de 2012 avaient mal commencé. Lors de la présentation des maillots de l'équipe britannique dessinés par la créatrice Stella McCartney, une déferlante de critiques s'était abattue  : ils étaient trop bleus, or chacun sait que la couleur des gagnants est le rouge. Cérémonie d'ouverture politisée, CIO autoritaire, sponsors mal choisis et qui laissent leurs sièges vides, mascottes complotistes, étourderie du service de sécurité... Retour sur quelques polémiques qui parviennent à placer Londres en haut du classement de l'anticonformisme olympique.
Une cérémonie d'ouverture très politique
On nous avait habitués aux danses traditionnelles et aux chants a capella. La cérémonie d'ouverture londonienne était à mille lieues de tout cela grâce au réalisateur Danny Boyle  (Slumdog Millionaire, Trainspotting, La Plage...), promu directeur artistique du grand spectacle. Tout avait bien commencé avec un choeur d'enfants entonnant Jerusalem (ce chant patriotique britannique que vous aviez déjà entendu si vous aimez les mariages princiers) et la suite de tableaux vivants représentant l'Histoire britannique et ses « sombres moulins sataniques  ». Danny Boyle a ensuite souhaité louer la culture populaire britannique en diffusant des extraits de la série populaire EastEnders, un medley des plus gros tubes musicaux britanniques et... une ode au service de santé, le National health service (NHS).

Si le réalisateur a nié avoir insufflé une dimension politique à sa cérémonie, c'en est alors trop pour le député conservateur Aidan Burley (renvoyé il y a 6 mois de son poste de chargé de mission auprès du ministre des transports pour avoir participé à une soirée nazie ), qui poste alors un message sur le réseau social Twitter : « La cérémonie d'ouverture la plus gauchiste que j'aie jamais vue, plus que Pékin, capitale d'un état communiste ! Bientôt un hommage aux aides sociales ?»  avant d'ajouter « Dieu merci, les athlètes sont arrivés, on va pouvoir passer à quelque chose d'autre que ces conneries gauchistes multiculturalistes. (…) »


De leur côté, les travaillistes sont ravis. Parmi eux, le député Peter Flynn, qui a voulu rendre hommage à Danny Boyle pour avoir mis à l'honneur le NHS. Et alors que le premier ministre David Cameron choisit de prendre ses distances avec Aidan Burley et d'applaudir la cérémonie, Flynn clame que Cameron a été obligé de saluer ce « cheval de Troie » des valeurs socialistes : « Il ne pouvait pas condamner les merveilles qu'ils avaient portées aux nues 12 heures plus tôt. » 

L'hommage au NHS était également symbolique au moment où le gouvernement Cameron affirme sa volonté de révolutionner le système de santé en encourageant l'introduction de plus de concurrence entre les soins  et d'une vision comptable de la santé. Malgré une très forte opposition, notamment des professionnels de la santé, le premier ministre annoncé qu'il n'y aurait pas « par de retour en arrière sur les réformes ». Un décalage qui a déclenché l'ironie chez certains spectateurs comme le journaliste américain Tim Stanley : « Concrètement, tous les lits NHS disponibles sont sur la scène ce soir ».  

des sponsors à l'éthique peu sportive

Avant de pouvoir assister à la libération du cheval de Troie, il fallait obtenir des tickets pour entrer dans le stade olympique. Ceux qui s'y sont frottés le savent : obtenir l'un des 8,8 millions de billets pour l'une des épreuves des Jeux n'a pas été chose facile, puisqu'il fallait notamment se soumettre à un procédé compliqué de loterie.

Samedi et dimanche, de nombreux malheureux ont donc été désagréablement surpris de découvrir sur leur écran de télévision des rangées entières de sièges vides pour certaines des épreuves les plus populaires comme la natation, le tennis, le basket, l'aviron, ou les débuts olympiques de la petite fille de la reine, Zara Phillips. Des proches des sportifs se sont même vus refuser l'accès à des gradins pourtant vides.

Les premiers coupables désignés ont été les sponsors comme Coca-Cola, Visa ou McDonald's, qui se sont empressés de faire des déclarations publiques pour rassurer tout le monde sur le fait que leurs sièges VIP avaient bien été utilisés. Afin de faire désenfler la polémique, les organisateurs des Jeux ont donc lancé une enquête urgente afin de déterminer précisément à qui étaient alloués les sièges restés vides : il s'agirait donc des sièges réservés à la « famille olympique » (le CIO et leurs amis). Des militaires hors service ont alors été invités pour occuper les sièges vides. Etape suivante.

Pour financer une célébration sportive qui a déjà coûté plus de neuf milliards de livres aux Britanniques, les organisateurs n'ont pas lésiné sur le sponsoring, parfois maladroitement. L'un des sponsors les plus importants de l'édition 2014, et qui aura le droit d'afficher sa marque pendant certaines épreuves filmées, est le géant américain des produits chimiques Dow Chemical.

Où est le problème ? En 1984, à Bhopal en Inde, une usine de produits chimiques (Union Carbide) explose. L'explosion et le nuage toxique font près de 400.000 victimes. L'entreprise qui possède le site a ensuite été vendue à Dow Chemical, qui refuse toujours de financer le nettoyage complet du site. Le 26 juillet, des enfants handicapés car nés à proximité de l'usine chimique se sont livrés à des épreuves sportives pour les « Jeux de Bhopal »  afin de protester contre le partenariat de 10 ans signé entre l'entreprise et les Jeux olympiques.

En Europe, c'est le choix d'Arcelor-Mittal pour construire l'emblème des Jeux, la tour en métal Orbit, ainsi que le choix du patron de l'entreprise Lakshmi Mittal pour porter la flamme olympique à la veille de l'ouverture  qui dérange. Les syndicats dénoncent « une insulte »   : le groupe a récemment décidé la fermeture des hauts-fourneaux de Liège dont 3.000 familles dépendent, tandis que les ceux de Florange, en Lorraine, sont à l'arrêt depuis l'automne comme ceux de Schifflange, au Luxembourg, et que ceux de Madrid sont définitivement fermés.

La place des grandes entreprises de boissons gazeuses (Coca-Cola), fast-food (McDonald's) et sucreries (Cadbury) dans le village olympique et sur la liste des sponsors n'est pas non plus au goût de tous. La municipalité londonienne a d'ailleurs voté une motion  pour tenter de faire interdire la junk food sur les lieux de compétition, et Jacques Rogge, président du CIO, a parlé d'un « point d'interrogation »  lorsqu'on lui a demandé si les Jeux olympiques devaient continuer à être sponsorisés par ce type d'entreprises au moment où l'obésité est une affaire de santé publique. « Sans sponsors, il n'y a pas de sport  », a balayé Jeremy Hunt, secrétaire d'Etat en charge des Jeux.

(Des militaires remplacent les absents - Gregory Bull / SIPA)
(Des militaires remplacent les absents - Gregory Bull / SIPA)
Pas de frites sans poisson
Les sponsors sont donc particulièrement choyés par les organisateurs, qui veillent à un respect strict des règles. Au point d'interdire les restaurants présents sur les sites olympiques de marcher sur les plate-bandes de MacDonald's et de vendre des frites. Une dérogation est toutefois accordée  aux restaurants vendant l'un des emblèmes nationaux, le fish & chips. A condition que les frites soient bien accompagnées de poisson frit : pas question de vendre seulement des frites au client. Pour une simple barquette, il faudra se rendre au gigantesque MacDonald's construit à proximité du stade, au point pour servir 1.200 clients par heure.

Parmi les restrictions imposées par le CIO au nom du respect des sponsors et des droits d'utilisation, l'utilisation du mot « olympique » sera réservé à ceux ayant payé les droits. L'interdiction est donc valable pour les chaînes de télévision comme BFM TV, mais également pour les bistrots et petits hôtels : restaurants, hôtels ou kebab portant le nom « olympic »   sont passibles de sanctions pénales.

Les athlètes sont priés de s'abstenir de partager sur Internet des photos de leur petit déjeuner  s'il ne s'agit pas d'une marque bénéficiant d'un accord avec le comité. Quant aux chanceux spectateurs, ils n'auront le droit ni de filmer les épreuves, ni de faire flotter au vent... un drapeau breton. Seuls les drapeaux des pays participants sont autorisés pendant les Jeux olympiques, une manière d'éviter les drapeaux de pays non reconnus par la communauté internationale.
Le complot des mascottes
(Wenlock et Mandeville rencontrent des écoliers - Matt Dunham / SIPA )
(Wenlock et Mandeville rencontrent des écoliers - Matt Dunham / SIPA )
A chaque Jeux sa mascotte. Généralement, il s'agit d'un petit animal jovial. Avant même de se distinguer par sa cérémonie d'ouverture, l'édition britannique des Jeux avait surpris son monde en dévoilant en mai les mascottes des Jeux londoniens Wenlock et Mandeville. Deux êtres métalliques censés avoir été fabriqués à partir d'une goutte d'acier ayant servi à la construction du stade. 

Les commentateurs s'étaient déjà émus de la forme (laide ou suggestive) du logo officiel des JO de Londres. Pour les mascottes, certains se sont rapidement inquiétés, en voyant leur oeil unique, également symbole maçonnique, de ce que ces mascottes pourraient être les outils d'une société secrète vieille de plusieurs siècles et qui domine le monde en cachette : les Illuminati. En gros, Wenlock et Mandeville font partie d'un complot mondial pour dominer le monde. Grant Hunter, designer des mascottes, a dû se défendre publiquement d'appartenir à la société secrète. Et pour défendre ses deux petites gouttes d'acier, il a expliqué que ce que « les personnes qui comptent vraiment », ce sont les enfants.

Gageons que les vigiles mobilisés pour les Jeux auront du mal à protéger les spectateurs des mascottes complotistes. Après l'intrusion d'une inconnue dans le défilé de la délégation indienne  lors de la cérémonie d'ouverture, la sécurité a subi un nouveau revers lorsque les responsables ont simplement perdu les clés du stade de Wembley, qui accueille les compétitions de football. Des clés laser d'une valeur de 51.000 euros.
 
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Commentaires
J
et le pouvoir d'en faire encore plus avec ces idiots qui se shootent (ou qu'ils shootent) pour courir plus vite
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B
Bof... voilà ce que j'en pense.<br /> <br /> http://bab007-babelouest.blogspot.fr/2012/08/de-lolympisme-facon-coubertin-la.html<br /> <br /> <br /> <br /> "Tu peux bien rire, charmante Elmire, les loups ont envahi Paris" (et Londres).
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C
Il y a pire que le monopole des frites: Dow Chemical, qui a empoisonné à la dioxine la terre du Vietnam et ses habitants pour plusieurs générations, fait partie des heureux sponsors de ces jeux frelatés: <br /> <br /> <br /> <br /> http://www.aafv.org/Jeux-Olympiques-non-a-Dow-Chemical
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B
Là, il ne s'agit plus de jeux, mais (disons-le crument) de foutage de gueule. Ceux qui ont eu le mauvais goût de se déplacer pour participer à ce truc (y compris les spectateurs) sont, j'espère, convaincus de s'être fourvoyés. A travers ce non-évènement, c'est l'esprit olympique lui-même, déjà branlant auparavant, qui est mort.<br /> <br /> <br /> <br /> Si les organisateurs sont conscients de leurs responsabilités, les JO, c'est fini.
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