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20 septembre 2012

La veuve du leader historique des Farc négocie la paix

 Sur COURRIER INTERNATIONAL

Parmi les délégués des Farc qui négocient la paix figure une femme, une seule. Mais pas n'importe laquelle : Sandra a été pendant quinze ans la compagne de Manuel Marulanda, le chef historique des Farc, qu'elle a accompagné jusqu'à sa mort en 2008.

11.09.2012 | Gloria Castrillón | El Espectador

Manuel Marulanda et sa compagne Sandra, en 2001.

Manuel Marulanda et sa compagne Sandra, en 2001.

Cuba

“C’est la deuxième fois que les Farc acceptent de dialoguer avec des délégués du gouvernement à l’extérieur de la Colombie après l’échec des négociations de 1992 (sous la présidence de César Gaviria), qui avaient eu lieu à Caracas (Venezuela) puis à Tlaxcala (Mexique). Pendant les discussions préliminaires qui ont mené à l’annonce du 4 septembre, les délégués des Farc sont arrivés à La Havane après de complexes processus d’‘extraction’ de la jungle colombienne”, note El Espectador. Ils sont hébergés dans les maisons du protocole réservées aux délégations internationales et aux invités personnels de Fidel Castro, ajoute le quotidien.

 

 

"Il est mort d'un infarctus dans les bras de sa compagne." C'est par ces mots que le chef actuel des Farc, Timoleón Jiménez, avait confirmé au monde la mort du fondateur et leader historique de ce mouvement de guérilla, Manuel Marulanda Vélez, le 25 mai 2008. Une telle allusion n'était pas seulement un procédé rhétorique visant à conférer une humanité, une aura romantique, à l'insurgé le plus recherché, le plus combattu par l'Etat pendant un demi-siècle. C'était aussi une manière de rendre hommage à Sandra, la femme qui a veillé sur le vieil homme [mort à 78 ans] pendant plus de quinze ans de sa vie dans le maquis.

Même si Sandra était déjà apparue devant les caméras pendant les négociations menées par le gouvernement d'Andrés Pastrana dans la zone démilitarisée d'El Caguán [lors des tentatives de processus de paix menées de 1998 à 2002], elle n'a jamais joué un rôle de premier plan dans les négociations. On la voyait toujours au côté du dirigeant de la guérilla, devenu un mythe, étant donné le nombre de fois que l'Etat avait annoncé sa mort au combat. C'est elle qui conduisait le 4 x 4 où Marulanda arrivait soudainement sur le lieu des pourparlers, c'est elle qui prenait des notes pendant les réunions. Elle représentait la dernière porte, après la garde rapprochée, pour accéder au chef du mouvement de guérilla le plus vieux du continent. Elle était presque son ombre.

Dans l'intimité, Sandra était plus que l'assistante de Marulanda. Elle est devenue la seule personne à vivre auprès de lui vingt-quatre heures sur vingt-quatre : elle l'accompagnait à la porte des toilettes, lui donnait ses médicaments contre l'hypertension et autres affections liées à son grand âge, elle s'occupait de ses vêtements – chemise, pantalon, grosses bottes quand il était en civil, tenue de camouflage et rangers quand les circonstances l'exigeaient. Elle surveillait son régime, pauvre en sel et en glucose, mais renforcé en fruits et légumes.

Sandra était avant tout chargée de veiller à sa sécurité. Tel était sans doute son rôle le plus important. Elle seule connaissait le lieu où campait chaque soir celui qui fut pendant des années l'homme le plus recherché du pays. Sa garde rapprochée obéissait à la moindre des décisions de Sandra. Elle n'a pas cessé de s'occuper de la sécurité de Marulanda, même quand les Farc étaient cantonnés dans les 42 000 kilomètres carrés [la zone démilitarisée en 1998] que l'Etat leur a concédés pour négocier. Aucun membre du secrétariat ne connaissait le lieu exact du campement. Chaque soir, Marulanda et ses gardes du corps changeaient de refuge, et ni El Mono Jojoy ni Joaquín Gómez, les chefs des blocs Est et Sud, qui prêtaient des centaines d'hommes pour assurer la sécurité de leur chef, ne connaissaient la décision de sa compagne.

D'elle, on ne savait alors pas grand-chose. Elle était réservée, presque mystérieuse, savait garder prudemment ses distances tout en prévenant le moindre besoin de son compagnon. On s'étonnait de la différence d'âge (il était sans doute deux foix plus vieux qu'elle), ainsi que des soins jaloux qu'elle lui prodiguait : elle lui coupait les ongles et les cheveux, lui lisait des livres, son courrier ou des documents, regardait des films pour les lui commenter. Elle se tenait au courant de l'actualité pour qu'il le soit aussi.

Il ne fait aucun doute qu'elle connaissait comme personne les secrets du vieux guérillero. C'est elle qui envoyait et recevait ses messages radio, qui répondait à ses lettres, qui était à ses côtés pendant les phases les plus importantes des [différentes] négociations de paix. Rien d'étonnant, dès lors, à la voir jouer aujourd'hui un rôle de premier plan dans ces nouveaux pourparlers, qui ont lieu cette fois avec le gouvernement Santos.

Sa présence à la table des négociations pendant cette première étape [le 4 septembre, le président Santos a annoncé la signature d'un premier accord-cadre avec les Farc, fruit de plusieurs mois de discussions ; cet accord a été confirmé le même jour par la délégation des Farc lors d'une conférence de presse à la Havane] est un hommage à la figure mythique du commandant Marulanda, fondateur d'une guérilla paysanne qui continue à le vénérer. Après avoir passé quelques années seulement sur les bancs de l'école, le commandant avait tenu en échec les forces de sécurité de 17 présidents. Il ne s'agit pas seulement de donner une représentation aux femmes insurgées, mais aussi et surtout de mettre en avant celle qui a connu comme personne son leader et qui transmettra certainement ses vues à la table des négociations.

Les forces de sécurité de l'Etat n'ont jamais eu beaucoup d'informations sur Sandra. Elle n'était pas fichée par les services de renseignements et ne faisait l'objet d'aucune poursuite pénale. Depuis la mort de Marulanda, on ne savait pas où elle se trouvait. La voici maintenant revenue sous les feux de l'actualité. Elle est apparue en civil, aux côtés de diplomates chevronnés des Farc, lors de la conférence de presse du 4 septembre à La Havane.

CONTEXTE La quatrième tentative sera-t-elle la bonne ?

Le 4 septembre, le président colombien Juan Manuel Santos confirmait à la télévision colombienne qu'un accord cadre permettant d'ouvrir des négociations de paix venait d'être signé avec les Forces Armées Révolutionnaires Colombiennes (Farc), le plus vieux mouvement de guérilla du continent. Peu après, à La Havane, la diffusion d'une vidéo du chef des Farc Timoléon Jimenez - dit Timochenko - confirmait cet accord qui pourrait mener à "la fin du conflit" qui déchire la Colombie depuis plus de cinquante ans. Il a fallu six mois de "discussions exploratoires" entre les deux parties pour aboutir à cet accord  qui prévoit l'ouverture officielle des négociations de paix le 8 octobre à Oslo (Norvège), puis leur poursuite à la Havane (Cuba).

Le président colombien a assuré que désormais, l'avancée des négociations était une question de "mois et non pas d'années". Il a réaffirmé qu'il n'y aurait pas de cessez-le-feu pendant les négociations.

Cinq thèmes doivent être abordés au cours du processus de paix : le développement rural intégral (et notamment le problème épineux de la propriété des terres) ; la participation                              

politique (un sujet sensible puisqu'en 1985, suite à des négociations entamées avec le gouvernement de Belisario Betancur,, d'anciens guérilleros démobilisés et le Parti communiste avaient fondé un parti politique, l'Union Patriotique, dont près de cinq mille membres ont été assassinés au cours de la décennie suivante) ; la fin du conflit ; le problème du trafic de drogue et enfin les droits des victimes. Plusieurs pays doivent participer à ce processus de paix : Cuba, le Venezuela, le Chili et la Norvège.

C'est la quatrième tentative de négociation officielle entre le gouvernement et les Farc depuis le début du conflit. La dernière, menée par le président Andres Pastrana, avait duré 3 ans entre 1998 et 2002 et entraîné la démilitarisation d'une zone de plus de 42000 km2 dans le sud du pays.

"Les choses sérieuses commencent,  affirme l'hebdomadaire Semana, qui considère prudemment que "le processus de paix qui s'annonce possède des ingrédients qui génèrent de l'optimisme et d'autres du pessimisme"

 

 

 

 

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