TERRORISME EN FRANCE : DES INDIGNATIONS À GÉOMÉTRIE VARIABLE
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Après le démantèlement d’une « cellule terroriste » islamiste dont les membres sont notamment soupçonnés d’avoir lancé une grenade à plâtre contre un supermarché de Sarcelles , le gouvernement français et ses journalistes d’accompagnement se sont campés dans des poses guerrières.
Jean-Marc Ayrault a par exemple « réaffirmé la détermination de l’État de combattre le terrorisme », et Christophe Barbier, directeur débondé de l’hebdomadaire L’Express, a exigé : « Réarmons-nous contre le terrorisme » ! (Liste non exhaustive.)
Et certes : ces fières proclamations peuvent impressionner.
Mais elles révèlent surtout l’étonnante versatilité des proclamateurs. Puisqu’en vérité : le terrorisme, lorsqu’il n’est pas imputable à de présumés « djihadistes », semble soudain beaucoup moins les préoccuper.
Point n’est besoin, pour le vérifier, de procéder à de longues et difficultueuses investigations - il suffit de se pencher d’un peu près sur ce qui se passe, quotidiennement ou presque, dans deux départements français : la Haute-Corse, et la Corse-du-Sud, qui sont assurément les endroits les plus dangereux du monde occidental (1).
PLUSIEURS DIZAINES D’ATTENTATS PAR AN
En 2010, par exemple : plusieurs dizaines d’attentats à la bombe y ont été perpétrés, dont la liste exhaustive peut très facilement être consultée.
En 2011 : même chose. Dès le 1er janvier : trois engins de chantier appartenant à un entrepreneur italien (dont la résidence avait déjà été visée quelques jours plus tôt par un attentat) ont été détruits. Le 3 janvier : c’est un magasin de l’Île-Rousse qui a été visé. Puis, le 11 janvier : la voiture d’un artisan d’Aregno. Puis, le lendemain : un camion. Puis, le 17 janvier : la villa – en construction – d’un retraité. Puis, le 19 janvier : deux bars d’Ajaccio. (Deux blessés légers, plusieurs voitures et les façades des immeubles environnants ont été endommagées.) Puis, le 20 janvier : une villa, un camping, et deux voitures. Puis, le 24 janvier : une résidence secondaire appartenant à des Allemands. Puis enfin, le 30 janvier : c’est le véhicule d’un gendarme, qui a été détruit dans une explosion.
Et ainsi de suite, mois après mois.
MATIGNON SOUS PRESSION
Après l’installation de Jean-Marc Ayrault à Matignon, au printemps dernier : tout le truc a continué.
Entre le 11 et le 14 mai 2012, par exemple : vingt et un attentats sont perpétrés, en soixante-douze heures. Puis, dans la nuit du 9 au 10 septembre : des bombes ont été déposées devant pas moins de sept supermarchés de « l’île de Beauté » - à Ajaccio, à Bastia, à Alistro et à Saint-Florent.
Et tout cela fait, à bien y regarder, une statistique un peu inquiétante. Surtout lorsqu’on la juxtapose à celle, non moins alarmante, des assassinats commis depuis trois décennies dans les mêmes parages, qui ont fait que « le taux de meurtre par habitant en Corse est devenu le plus élevé d'Europe ».
Mais pour le coup : Matignon se tait, et Christophe Barbier bride sa prolixité. Et s’il arrive – le moyen de faire autrement - que la presse dominante évoque les « nuits bleues » corses - et autres spécialités de la pyrotechnie insulaire - ce n’est jamais dans les termes dont elle use pour dénoncer le « terrorisme islamiste ».
DES MÉDIAS TRÈS DISCRETS
En vérité, force est de le constater : l’attaque contre un supermarché de Sarcelles, attribué à des « djihadistes », suscite, dans les hiérarchies politico-médiatiques, infiniment plus de réactions que le plastiquage, en Corse, de sept grandes surfaces (...) Lire la suite...