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17 octobre 2012

Crise : le double langage du FMI

16.10.2012
Par Martine Orange

Extrait:

...Au bout de trois ans de gestion de crise européenne, le FMI semble enfin s’apercevoir que la politique mise en œuvre par ses soins avec l’Europe aboutit exactement à l’inverse de ce qui était attendu. Tous les pays où il est intervenu sont exactement pris dans cette spirale de l’écroulement de l’économie et de l’explosion de la dette que le fonds décrit.

Quelles conclusions tire-t-il de ce constat ? Il suffit de suivre les pourparlers actuels avec le gouvernement grec pour en juger : tandis que les économistes du FMI dénoncent doctement les effets pervers d’une austérité aveugle, ses représentants auprès du gouvernement grec continuent de partager la même ligne doctrinale que les représentants européens : aucune concession ne doit être accordée à la Grèce, sauf peut-être un délai supplémentaire. Parmi les exigences posées, ils demandent la suppression de 150 000 fonctionnaires d’ici à la fin de l’année, comme la diminution du revenu minimum qui a déjà baissé de 25 % depuis cinq ans, et la suppression d’une partie du droit du travail. Ces exigences sont considérées comme si intenables que le gouvernement grec, qui espérait aboutir à un accord d’ici le sommet européen des 17 et 18 octobre, a préféré suspendre les discussions avec la Troïka, pointant notamment l'attitude intransigeante du représentant du FMI dans les négociations.
De même, le FMI ne semble pas s’être alarmé des choix du gouvernement portugais, qui a décidé d'« une hausse fiscale massive » pour rassurer ses créanciers. Les prélèvements supplémentaires correspondent à 3 points de PIB, de l’aveu même du ministre des finances portugais. Et encore ce ne sont là que des calculs provisoires. Le Portugal risque donc de s’enfoncer un peu plus dans le cercle vicieux décrit par le FMI lui-même. Pourtant, ce dernier n’a adressé aucune critique, aucune réserve au Portugal ou à l’Union européenne. Il ne réagit pas non plus à l’immense programme d’austérité qu’est en train de mettre en œuvre l’Espagne, afin de se conformer par avance aux attentes du FMI, de l’Union européenne et de la BCE, avant de réclamer une aide.
Pour terminer l’analyse, les économistes du FMI pressent les pays qui ne sont pas pris à la gorge de modérer leur politique de rigueur et de se fixer des objectifs plus réalistes sur le moyen terme, en oubliant notamment la fameuse règle d'or, afin de soutenir la croissance. « À l’exception des économies confrontées à des contraintes financières aiguës, les stabilisateurs automatiques devraient être autorisés à jouer librement », recommande-t-il. Or, que sont ces stabilisateurs ? La dépense publique y compris dans l’emploi, les investissements publics, la sécurité sociale, les retraites. En un mot, tout ce que les représentants du FMI, envoyés en émissaires dans les pays en difficulté, recommandent de sacrifier dès le début, et qui figure aussi en tête dans les programmes de réformes structurelles préconisés par le FMI, la BCE et l’Union européenne.
Ce n’est pas la première fois que le FMI pratique le double langage. En 2005-2006, bousculée par un certain nombre de pays émergents qui lui reprochaient de les avoir conduits au désastre, l’institution avait juré qu’elle avait changé, qu’elle avait tiré les leçons des expériences passées. La manière dont elle se conduit depuis trois ans dans les pays européens montre qu’il n’en est rien : l’institution agit avec le même dogmatisme, le même aveuglement qu’auparavant. Alors à quoi servent tous ses discours tenus par ailleurs, adjurant l’Europe à changer de politique, à opter pour une ligne plus réaliste et doctrinaire, si ce n’est pour se disculper par avance d’un désastre annoncé ?
 
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