17 novembre 2012
L'étrange visite de Netanyahou en France
Lundi 5 Novembre 2012 à 05:00 | Lu 10531 commentaire(s)
Maurice Szafran - Marianne
La plupart des commentateurs ont salué les résultats de la récente visite en France du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. On peut entendre- et mieux encore, comprendre- cet enthousiasme. Jamais en effet depuis bien longtemps les relations (politiques) franco-israéliennes n'ont semblé aussi apaisé et, disons-le, aussi proches. Ce qui peut sembler paradoxal et mériter quelques observations.
Au cours des deux dernières années de sa presidence, Nicolas Sarkozy, catalogué pourtant comme « pro israélien inconditionnel », avait quasiment...rompu avec Netanyahou, l'accusant de torpiller au quotidien et avec une méticulosité sans pareille un éventuel processus de paix avec les Palestiniens et leur chef, Mahmoud Abbas, dont le Francais s'était a la surprise generale beaucoup rapproche. Dans l'un de ses coutumiers excès de langage, Sarkozy avait d'ailleurs fait fort en marge du G20 a Cannes, en novembre 2011: « Je ne peux plus le voir, c'est un menteur »! Ambiance...
Quant a l'ultra-sensible dossier nucleaire iranien et a la volonte du leader israelien de "frapper", là encore l'ex-chef de l'état campait sur une position ultra prudente. Dans un éditorial publié dans Marianne, je m étais permis de faire remarquer que Nicolas Sarkozy, confronté a la réalité politique et historique du conflit israélo-arabo-palestinien, avait fini par reprendre à son compte et ce, dans les moindres détails y compris un ton rogue envers la droite nationaliste de l'Etat juif, la ligne Mitterrand-Chirac.
Quant a l'ultra-sensible dossier nucleaire iranien et a la volonte du leader israelien de "frapper", là encore l'ex-chef de l'état campait sur une position ultra prudente. Dans un éditorial publié dans Marianne, je m étais permis de faire remarquer que Nicolas Sarkozy, confronté a la réalité politique et historique du conflit israélo-arabo-palestinien, avait fini par reprendre à son compte et ce, dans les moindres détails y compris un ton rogue envers la droite nationaliste de l'Etat juif, la ligne Mitterrand-Chirac.
De facon surprenante, Francois Hollande ne s'en tient pas à cette position. Dans le contexte actuel, en particulier la campagne électorale israélienne puisque des élections législatives auront lieu en janvier prochain, l'accueil accordé à Netanyahou peut laisser pantois. Explications.
1. La paix israélo-palestinienne. Appuye sur la ligne traditionnelle de la France- un état pour les Palestiniens, la sécurité pour Israël et des negociations au plus vite-, Francois Hollande s'est contenté de rappeler ces positions. En feignant d'oublier quelles sont les convictions politiques et idéologiques de Netanyahou; qui sont ses alliés privilégiés (l'extrême droite russophone ouvertement raciste); quel est son objectif véritable (rendre caduc, à force d'implantations, de routes et de murs, l'idée même, la possibilité seulement de cet état palestinien). Mais pourquoi le président n'a-t-il pas estimé nécessaire ne serait-ce que de rappeler cette "ligne" Netanayahou, de prendre ses distances avec elle, d'ouvrir quelques perspectives a ce fameux « Camp de la paix » si mal en point tant à Tel Aviv qu'a Ramallah? A observer Netanyahou au cours de la conférence de presse commune, on pouvait observer le ravissement, c'est le mot juste, du chef israélien qui ne s'attendait pas à tant de compréhension...
2. Le dossier nucléaire iranien. Que Paris, face aux mollahs et leurs ambitions militaires atomiques, adoptent une position dure, rien de plus normal; que Paris comprennent les inquiétudes israéliennes car elles sont fondées, rien de plus légitime; que Paris veuille laisser entendre a Téhéran qu'un front commun des Occidentaux n'est pas inenvisageable, rien de plus cohérent. Mais pourquoi, dans le même mouvement, le président francais n'a-t-il pas indiqué à son interlocuteur israélien que la France est radicalement hostile à une action militaire unilatérale de l'Etat hébreu? Pourquoi cette soudaine atonie, cette discrétion interdisant de formuler des concepts diplomatico-militaires forts? Un silence à la fois étonnant et pesant.
3. La visite conjointe à Toulouse de Netanyahou et Hollande. Il n'est jamais agréable de jouer au trouble-fête en s'interrogeant, oh, juste en s'interrogeant, sur un événement authentiquement émouvant, l'hommage que les deux responsables politiques ont rendu aux enfants juifs (francais) assassinés par Merah a Toulouse, assassinés parce que juifs. Fallait-il à ce point "communautariser" la cérémonie? Ou aurait-il été plus intelligent de la "nationaliser", d'y associer par exemple les familles, notamment musulmanes, des soldats (eux aussi francais) abattus par le même Merah? Personne n'a seulement osé en faire la remarque à Francois Hollande lequel ne voulait pas heurter Benyamin Netanyahou.
A-t-on seulement le droit d'être troublé par les contenus de cette visite? A-t-on encore la possibilité d'écrire dans cet unanimisme ambiant que Netanyahou n'incarne pas l'Israël qu'on aime?
Un commentaire particulièrement pertinent (qui souligne une certaine hypocrisie?):
Posté par Jean-Paul RENOUX le 05/11/2012 19:50 Personne n'a protesté ?
Il faut apprendre à lire, ou enlever les oeillières, M.Maurice Szafran :
Le Parti de gauche, et de nombreuses organisations, dont les Juifs pour la Paix, ont fortement protesté, et même manifesté place de l'opéra contre cette réception honteuse
Posté par Jean-Paul RENOUX le 05/11/2012 19:50 Personne n'a protesté ?
Il faut apprendre à lire, ou enlever les oeillières, M.Maurice Szafran :
Le Parti de gauche, et de nombreuses organisations, dont les Juifs pour la Paix, ont fortement protesté, et même manifesté place de l'opéra contre cette réception honteuse
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Commentaires