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19 novembre 2012

Est-ce qu’Israël a assassiné son meilleur allié pour la paix avec le Hamas ?

Sur VICE.COM

 

 

Il semblerait bien que oui

Par Mohammed Omer

Ce mercredi commence plutôt normalement. L’agent de police du carrefour d’Al-Sarayya ordonne la circulation. Les familles font les courses et les marchands mettent leurs affaires en ordre. Une mère pressée incite ses enfants à se dépêcher. À l’ouest, le soleil se couche et une légère brise méditerranéenne souffle sur Gaza alors que les résidents s’apprêtent à dîner.

Accompagné de quelques collègues journalistes, je me rends dans un magasin pour choisir un faire-part de mariage. La vendeuse me montre les cartes dans le magasin, quand soudain…

Boum !

Un missile explose de l’autre côté de la rue. La rue Al-Khidma Al-Ammah, principalement résidentielle, est envahie d’une fumée noire épaisse. Une boule de feu de la taille d’une petite voiture explose au beau milieu de la rue et se disperse à 30 mètres à la ronde. Une pluie de poussière, de cambouis et de béton s’abat sur les habitants qui tentent de s’abriter. Mais il n’y a pas vraiment d’abri possible. La brise défait le nuage noir et révèle une scène inquiétante. Une voiture est en feu et fond sous la chaleur des flammes. Ses occupants aussi brûlent. La fumée, alimentée par l’huile, l’essence et le caoutchouc s’intensifie et noircit. Une odeur de goudron chaud et de chair cramée envahit les lieux.

Les témoins observent la scène, encore assourdis par l’explosion. D’autres se dirigent vers la voiture en feu pour tenter de sauver les survivants. Ils ne trouvent qu’un amas de membres désarticulés et d’entrailles. En s’approchant, ils découvrent une partie de la tête d’un homme. Sur un bâtiment proche, des morceaux de chair sont collés au mur – attestant de la puissance du missile.

Les habitants de la rue se munissent de seaux d’eau et se réfugient chez eux. Les femmes courent, agrippant au vol leurs enfants pour les éloigner du désastre. Alors que la Kia brûle encore, la première ambulance arrive. Il n’y a plus rien à faire pour les victimes à l’intérieur. Ils sont morts. Quelques minutes plus tard, d’autres secours débarquent en trombe. Personne ne sait combien de passagers se trouvaient dans la voiture. Il sera difficile d’identifier les victimes vu ce qu’il en reste. Alors que les pompiers et les infirmiers font leur travail, un témoin pense reconnaître la plaque d’immatriculation. En parlant, il se met à pleurer.

Les pompiers continuent à lutter contre l’incendie et les médecins inspectent les décombres. L’un d’eux retire les restes de doigts accrochés à une sacoche ensanglantée. Voisins et témoins aident les urgentistes à nettoyer la rue des morceaux de corps et de chair. C’est à ce moment que l’identité d’une des victimes se fait connaître. La foule, incrédule, murmure… « C’est Abou Mohammed… »

***

Plus tard, l’identité de la cible de l’attaque de ce mercredi 14 novembre a été confirmée : Ahmed « Abou Mohammed » al-Jabari. Al-Jabari était le leader des brigades Izz al-Din al-Qassam, la section militaire du Hamas. (Mohammed Al-Hums, son assistant, a lui aussi trouvé la mort dans la voiture.) Mais al-Jabari était plus qu’un simple militaire. Al-Jabari était l’un des plus proches alliés d’Israël au sein du Hamas et, pas plus tard que trois heures avant l’attentat, il était parvenu à arracher une trêve avec Israël.

Né en 1960, il était le contact d’Israël au sein du Hamas pour coordonner les cessez-le-feu. Al-Jabari était vu comme un modéré assez influent. Ha’aretz, le plus grand journal anglophone israélien, a récemment rapporté que Gershon Baskin – un activiste israélien qui a joué le rôle de médiateur, aux côtés d’al-Jabari, pour la libération d’un soldat israélien appelé Gila Shalit – a déclaré que l’assassinat d’al-Jabari serait survenu quelques heures après que ce dernier a reçu le brouillon d’une trêve permanente avec Israël. Le premier jet de l’accord reçu par al-Jabari contenait des détails sur la manière de maintenir le cessez-le-feu. « Al-Jabari souhaitait un cessez-le-feu à long terme. Il ne voulait pas de ces attaques répétées sur Israël », a encore ajouté Gershon Baskin.

Si cette déclaration est vraie – et rien n’indique le contraire pour l’instant –, le gouvernement israélien vient donc d’assassiner l’homme avec qui il travaillait indirectement en vue de la paix – l’accord aurait donc eu le temps d’être trouvé, mais pas mis en œuvre.

***

Le missile a frappé Gaza après plusieurs semaines d’affrontements entre Israéliens et Palestiniens.

Le 7 novembre dernier, une attaque aérienne israélienne a tué un enfant de 12 ans qui jouait au foot dans les rues de Gaza.

Plus tard, un cessez-le-feu négocié par le gouvernement égyptien a été appliqué. Il n’a duré que deux jours. L’assassinat d’al-Jabari trois heures après avoir reçu les conditions de l’accord avec Israël a fâché beaucoup de gens, dont les hommes politiques égyptiens à l’origine du cessez-le-feu. Ils ont déclaré qu’al-Jabari avait permis de sauver la vie de nombreux Israéliens et Palestiniens.

Les groupes de militants palestiniens à Gaza ont répondu en lançant quelques roquettes de fortune dont certaines ont atteint la périphérie de Tel Aviv pour la première fois. Trois Israéliens y ont perdu la vie et plusieurs ont été blessés, selon des sources israéliennes. En réponse à ces bombardements, l’armée israélienne a utilisé des missiles élaborés et des F-16 pour bombarder bâtiment sur bâtiment dans des zones peuplées de civils. Les porte-parole du gouvernement nomment cette initiative opération « Pilier de défense ». Dans un communiqué officiel, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a écrit : « Durant ces derniers jours, le Hamas et les organisations terroristes ont décidé de renforcer leurs attaques sur les citoyens d’Israël. Nous n’accepterons pas que nos citoyens soient menacés par les roquettes. Aucun pays ne l’accepterait, et Israël ne l’acceptera pas. Aujourd’hui, nous avons visé avec précision les postes stratégiques du Hamas. » Il a ajouté : « Nous ferons tout le nécessaire pour protéger nos citoyens. »

La Maison Blanche a confirmé son soutien aux décisions militaires d’Israël. Le 16 novembre, le gouvernement américain a publié une note titrée « Des nouvelles pour la communauté juive américaine », envoyée par e-mail. Elle rappelait la position d’Israël mais ne faisait aucune allusion aux victimes palestiniennes, ni aux raisons de l’escalade de la violence, ni à l’importance symbolique et concrète de l’assassinat d’al-Jabari. Le communiqué a omis de faire mention du contexte, à savoir ce qui s’était passé les trois jours précédents, et n’a pas mentionné le foulement aux pieds de la trêve, cette fois non pas de la part du Hamas, mais d’Israël.

Pour beaucoup de Gazaouis, cette attaque israélienne réveille des souvenirs de l’opération « Plomb Durci » de décembre 2008, pendant la transition entre George Bush et Barack Obama. Au moment de cette période de quasi-vacance du gouvernement américain, 1 500 hommes, femmes et enfants palestiniens ont été tués. Encore aujourd’hui, les infrastructures sont marquées par les dégâts considérables qui ont résulté de cette opération.

***

Samedi dernier, le ciel de Gaza était bourdonnait d’avions israéliens, d’hélicoptères de guerre, de drones chargés de missiles et d’obus. Ils tirent sur l’est de Rafah, Khan Younès, la ville de Gaza et le nord de la bande de Gaza. Côté maritime, les bateaux de guerre israéliens bombardent la côte de Gaza. Des missiles s’abattent minute après minute sur une zone de la taille de Manhattan. Le nombre de victimes innocentes ne fait qu’augmenter. La dernière victime est Haneen Tafesh, une petite fille de 10 mois. Elle est la 41ème victime d’une mission militaire ayant tué douze enfants, quatre femmes et trois hommes âgés. Plus de 300 autres personnes ont été blessées par les forces israéliennes.

Le sommeil est difficile à trouver pour ceux qui n’ont ni armée navale ou aérienne, ni le droit de se défendre. Les familles terrifiées se réunissent tandis que les bombardements retentissent sans discontinuer. Personne ne sait combien de temps ça va durer. Les troupes israéliennes se sont réunies à la frontière avec des tanks, des bulldozers, des missiles et des avions. Les journaux israéliens ont déclaré que 7 5000 réservistes avaient été appelés. Les généraux ont prévenu depuis plusieurs mois qu’une attaque sur Gaza était nécessaire. Pour les habitants de Gaza, la question est de savoir à quel moment aura lieu cette attaque, et combien en mourront.

 

Plus de larmes versées sur le conflit israélo-palestinien :

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Par Mohammed Omer 1 hour ago

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