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7 décembre 2012

En direct des négociations de Doha

Sur HUFFINGTONPOST

 

Corinne Lepage

 

ENVIRONNEMENT - Il ne reste plus que quelques heures avant la fin des négociations, et les blocages sont toujours là. Les Européens restent divisés sur la question de l'air chaud, c'est-à-dire du report des crédits excédentaires de la première à la deuxième période d'engagement sous le protocole de Kyoto.

 

Après deux ans de négociation, la Pologne continue à camper sur ses positions, au risque de mettre en péril tout le processus international, alors même que l'on sait qu'il n'y aura personne pour leur acheter ces crédits excédentaires vu le faible niveau d'ambition de réduction des GES (Gaz à Effet de Serre) des différentes parties, et qu'ils ne pourront pas les utiliser domestiquement, étant contraints par les objectifs européens.

Faut-il pour autant vouer la Pologne aux gémonies?

Les Polonais ont quelques circonstances atténuantes. Ce pays est fortement dépendant du charbon (dont d'ailleurs la moitié est importée avec un cours en baisse corolaire à l'utilisation des gaz de schiste aux Etats Unis), ce qui limite sa flexibilité à court terme, et ne veut surtout pas se retrouver en situation de dépendance vis-à-vis du gaz russe.

Pour cela, ils investissent dans les gaz de schistes -aux mépris des directives sur l'eau et l'énergie- plutôt que sur l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables. Il faut souligner tout de même l'insuffisance de solidarité et d'intégration européenne sur les questions d'énergie, qui favorise le populisme des dirigeants polonais contre le rôle de l'Etat et les institutions communautaires.

La révision de la directive sur les infrastructures énergétiques et les réseaux a souffert de l'influence de la France et de son réseau centralisé autour des 19 centrales nucléaires que compte notre territoire. Fukushima et les gaz de schistes ont été un amplificateur d'une renationalisation des politiques énergétiques.

Ainsi Angela Merkel était-elle revenue sur sa décision de prolongement du nucléaire en Allemagne, dont la décision d'arrêt avait été prise par son prédécesseur (qui travaille aujourd'hui pour Gazprom et dont le gazoduc reliant l'Allemagne à la Russie contourne soigneusement la Pologne). Je me félicite qu'Angela Merkel soit finalement revenue à la décision de Schröder pour une sortie du nucléaire de l'Allemagne, mais le moins que l'on puisse dire est que cette décision n'a pas fait l'objet d'une concertation européenne.

Pour le meilleur ou pour le pire, chaque pays reste libre de choisir son mix énergétique

Ce blocage européen à Doha met en lumière les limites de ce modèle, et je pense qu'il serait temps d'aller vers une véritable politique européenne de l'énergie, qui favorise les énergies renouvelables et l'intégration des réseaux, moteur aussi d'une transition économique avec une troisième révolution industrielle. J'espère que les négociations sur le paquet climat-énergie pour 2030 nous permettront de progresser sur cette voie. Par ailleurs le relèvement de l'ambition européenne pour aller vers la transition énergétique est aussi une condition du succès des négociations internationales.

L'objectif 2020

Le deuxième point de blocage concerne la concrétisation des promesses de financement par les pays développés de la baisse des émissions et de l'adaptation dans les pays en développement, à hauteur de 100 milliards de dollars par an d'ici 2020.

Ceux-ci attendent notamment de Doha des engagements précis sur le financement de la lutte contre le changement climatique après 2012, à l'issue de la période "fast-start". On peut considérer que l'Union européenne a fait sa part, la Grande-Bretagne, le Danemark, la Suède, l'Allemagne, la France et la Commission ayant déjà annoncé des sommes conséquentes.

Je salue d'ailleurs l'engagement de la France de consacrer 10% du produit de la future taxe internationale sur les transactions financieres à l'aide au développement, dont 5% versés au fonds vert pour le climat. Il est en effet temps de donner corps aux "financements innovants" dont on nous rabat les oreilles mais dont on ne voit jamais la couleur.

La crise et les contraintes sur les budgets publiques sont une fausse excuse. Le récent rapport d'Oil International montre ainsi que nous dépensons cinq fois plus d'argent dans les subventions aux énergies fossiles que dans l'aide à la lutte contre le changement climatique.

Dans ces négociations sur le climat, à deux jours de la fin la situation paraît toujours désespérée

Au final un compromis finit toujours par se dégager, donc on peut toujours espérer une relative bonne surprise. Reste que sur tous ces aspects on ne peut que déplorer l'absence de position constructive de la part des Etats-Unis.

La Chine a fait des efforts et affiche un objectif de 15% de renouvelables d'ici 2020. On peut juger ces efforts insuffisants, la Chine étant à près tout devenue le plus gros pollueur mondial, mais ils restent sans commune mesure par rapport à ce que les Etats-Unis, plus gros pollueur historique, restent prêts à faire.

Que fait Barack Obama, que fait le Congrès américain pendant que le reste du monde négocie à Doha? Que fait le Qatar hôte de cette conférence? A moins que ce ne soit qu'une conférence comme une autre dans ce pays hôte?

 

 

Suivre Corinne Lepage sur Twitter: www.twitter.com/corinnelepage

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V
en attendant, la sixième extinction est en route !!! les rats nous survivrons !!
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