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14 décembre 2012

Face à la politique du gouvernement, les gauches se reparlent

Sur MEDIAPART

 

Extraits:

À quelques encablures du siège du PS, rue de Solférino, et après six mois de tensions croissantes, le club de ses amis Marie-Noëlle Lienemann et Paul Quilès, Gauche avenir, a réuni quatre heures durant différents représentants de la gauche au sens large.

Représentants des ailes gauches du PS (Maintenant à gauche, la motion de Maurel et Lienemann au dernier congrès, comme Un monde d’avance, le courant de Benoît Hamon – l’eurodéputé Liem Hoang Ngoc), des écolos (le député Denis Baupin et la vice-présidente de la région Île-de-France Emmanuelle Cosse), du PCF (son secrétaire national Pierre Laurent) et du Parti de gauche (sa co-présidente Martine Billard), ainsi que le député socialiste Christian Eckert, proche de Martine Aubry, et des économistes atterrés (Dany Lang, Henri Sterdyniak), ou de la fondation Copernic (l’ancien conseiller social de Lionel Jospin à Matignon, Jacques Rigaudiat), ou simplement critique sur le capitalisme financier (Guillaume Duval, directeur d’Alternatives économiques)… Tous ont discuté et réfléchi aux « alternatives »possibles à la politique actuelle du gouvernement en matière de compétitivité et de redressement industriel, qui est loin de les satisfaire.

Assemblée des gauches, le 12 décembre 2012 à ParisAssemblée des gauches, le 12 décembre 2012 à Paris© Antoine Pesch

 

Sur la forme, l’initiative a de quoi être soulignée. En effet, hormis quelques rencontres bilatérales entre dirigeants, jamais depuis l’élection de François Hollande la gauche dans sa diversité ne s’était retrouvée autour d’une même table. La dernière tentative, à la fête de l’Humanité, avait été snobée par la quasi-totalité du gouvernement (hormis Najat Vallaud-Belkacem et George Pau-Langevin), et le PS y avait pratiqué la politique de la chaise vide lors des débats sur le traité de stabilité européen (TSCG).

Tous les participants se sont d’ailleurs félicités de se retrouver, saluant « l’importance de continuer le dialogue » (Hoang-Ngoc) ou appréciant de « ne pas résumer nos relations au rapport de force entre nous » (Cosse). Pierre Laurent, le patron du PCF qui a tout au long de la soirée emporté l’applaudimètre de la petite centaine de personnes présentes, a même conclu la réunion en s’interrogeant : « On voit combien les idées, les débats et les forces existent pour qu’une autre politique soit menée. Alors, qu’est-ce qu’on fait de ça ? Il faut cesser d’être paralysés par des injonctions qui nous clouent au sol, ou par l’idée qu’on ferait échouer la gauche. C’est en nous mettant en mouvement que les pigeons, les patrons ou Mittal ne dicteront plus la politique du gouvernement. »

De son côté, Emmanuel Maurel a ostensiblement approuvé les paroles du leader communiste, estimant que, « plus qu’un simple colloque », la réunion du jour était « le début d’un processus politique, afin que l’alternative soit possible, et qu’en 2017, les gens puissent se dire fiers d’avoir voté pour le changement en 2012 ». Auparavant, celui qui a réalisé près de 30 % face à Harlem Désir à l’élection du premier secrétariat du PS s’était exclamé, en guise de « rappel de choses simples à ce moment du quinquennat » : « Rien de grand ne se fait dans ce pays sans unité de la gauche et des écologistes ! »

Et d’insister dans la foulée : « La gauche de gouvernement ne doit pas tourner le dos à la tradition de la gauche française, dont la mission historique est la redistribution des richesses (…) Le Front de gauche est notre partenaire naturel. On ne peut pas créer une frontière artificielle entre une gauche qui serait responsable et l’autre qui serait protestaire. Il ne peut y avoir de troisième force entre un centre introuvable et une gauche qui renoncerait à être elle-même ! »

Liem Hoang Ngoc et Emmanuel Maurel, à l'asemblée des gauches, le 12 décembre 2012Liem Hoang Ngoc et Emmanuel Maurel, à l'asemblée des gauches, le 12 décembre 2012© Antoine Pesch

 

Seule Martine Billard, du Parti de gauche, tempère l’enthousiasme unitaire ambiant. « Ce n’est pas un grand Front populaire. On se retrouve par moment avec d’autres forces », dit-elle au JDD, avant d’excuser à la tribune la présence, initialement prévue, de Jean-Luc Mélenchon : « À l’origine, ce devait être un débat entre opposants au TSCG. L’ordre du jour ayant changé, nous avons changé d’interlocuteur. »

Lienemann et Maurel, qui ont déjeuné avec l’ancien candidat du Front de gauche à la présidentielle la semaine dernière, éludent sur le sujet : « On connaît ses raisons, mais on ne les dira pas. » Sans doute sont-elles à chercher dans l'analyse stratégique du héraut de l'autre gauche, estimant que l'alternative passe par la compétition, et non plus par des discussions qu'il juge illusoires et vaines avec un PS ayant irrémédiablement sombré, à ses yeux, dans le social-libéralisme.

Considéré comme le moins critique des participants à la soirée, Eckert a tenté de défendre la « révolution fiscale » qui aurait été entamée depuis l’arrivée de la nouvelle majorité parlementaire. « On a toujours veillé, principe intangible, à ce que les grandes entreprises et les classes aisées soient les principales visées dans nos mesures fiscales, au bénéfice des PME et des classes populaires », jure-t-il. Avant de conclure, face à la moue dubitative générale : « Mesurons ensemble le bout de chemin parcouru ! C’est la bouteille à moitié pleine ou à moitié vide… Le réformisme ou la révolution… »

Marie-Noëlle Lienemann et Pierre Laurent, à l'assemblée des gauches, le 12 décembre 2012Marie-Noëlle Lienemann et Pierre Laurent, à l'assemblée des gauches, le 12 décembre 2012© Antoine Pesch

 

C’est dans le second débat sur la politique industrielle que Marie-Noëlle Lienemann lui a répondu, en tentant de tracer une voie médiane, mais penchant plutôt vers le « moitié vide » et susceptible d’accorder davantage l’auditoire : « Qu’est-ce qu’on attend pour voter notre proposition de loi d’encadrement des licenciements que nous avions adoptée ensemble, socialistes, écologistes et communistes, l’an dernier au Sénat ?! Franchement, ce n’est pas la révolution prolétarienne, cette loi !  On nous dit qu’il faut attendre la fin des négociations sociales pour cela. Mais les a-t-on attendues pour faire un cadeau de 20 milliards aux entreprises ?! »

L’économiste atterré Henri Sterdyniak abonde, en critiquant sévèrement le rapport Gallois, et suscitant l’acquiescement de tous : « Si l’idée de ne pas laisser la politique industrielle n’est pas stupide, le texte reprend les idées du Medef. Et la réduction des dépenses publiques remet en cause implicitement notre modèle social. » Et de prôner « un modèle mixte d’intervention publique et privée, ayant recours à la nationalisation, mais pas trop tard, faisant intervenir les salariés et remettant en cause la hiérarchie actuelle des salaires ».

(...) Au moment de conclure, Pierre Laurent a achevé d’emporter la salle en regrettant que « l’amélioration des droits des travailleurs n’aient pas été une priorité dès notre arrivée au gouvernement »… Et ce, même s’il assume plus que jamais la non-participation gouvernementale des communistes. Savourant d’être « dans une réunion où je ne commence pas par me demander si on est dans l’opposition », Laurent a demandé à ses partenaires d’un soir de « cesser de fonctionner dans la gauche comme si le débat était clos au-delà des seuls 60 engagements de François Hollande ». Rendez-vous dans quelques années pour savoir s’il a été entendu.

 

 

 

Mon commentaire: étrange réunion. Dont l'ordre du jour a été changé?

 

Autre commentaires qui me semblent pertinents, prélevés sur le site MEDIAPART:

Cette rencontre est une minute de vérité,

non pas parce que le PS après avoir tantôt tapé à boulets rouges, tantôt méprisé hautainement la gauche, tente maintenant par ses éléments alibis de l'amadouer et mettre en poche dans le même train, 

mais parce que cela pourrait clarifier de part et d'autre un paysage où plane encore du non-dit.

Il y aura sans doute un résultat :

   -     Ou bien un pan du FDG va perdre son âme en ralliant implicitement et indirectement le troupeau des météores internes ou externes d'un PS en décomposition et qui tourne le dos à l'héritage de gauche,

   -   ou bien le FDG va se délester ouvertement de ceux qui sur fond électoral sont sensibles au chant des sirènes qui déjà les a en partie broyés aux législatives ... Il y perdra en nombre et en potentiel mais gagnera tellement en image que son attrait pourrait enfin attirer la masse de ceux qui ne croient plus en ces politiques traditionnelles.

   -   ou bien il franchira la passe sans qu'aucun  ne cède à la tentation et pourra cheminer vers ce Front du Peuple que tant attendent explicitement et qui est l'espoir latent de bien des découragés qui ne s'expriment plus dans cette sphère. Les éléments de "gauche" internes à ce parti centriste ne chercheront plus à l'attirer mais ou bien le rejoindront ou bien continueront leur stérile "collaboration" (stérile pour le pays, pas pour leurs sièges !).

 

L'absence de Mélenchon qui appelle un tel rassemblement de ses voeux signifie que ce rassemblement doit se faire non en appellant l'extérieur dans le train en marche, ce qui ne peut que renforcer le train déjà bien lancé, mais en accueillant à l'extérieur ceux qui sauteront du train , façon de le mettre en panne et de l'obliger à changer de voie .

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Commentaires
V
oui, en effet drôle de réunion ! faut-il l'oublier ou s'en rappeler ultérieurement, moi je mets sous le coude car jamais je n'avais vu une réunion changer d'ordre du jour comme çà !
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