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21 décembre 2012

A propos du départ de Marc Dolez..

 

Sur PARTI DE GAUCHE 75

Marc Dolez a choisi d'annoncer son départ du PG dans une interview à Libération. Ce départ s'explique par de réelles divergences politiques. Nous nous étonnons de la forme de cette annonce aussi soudaine que médiatique. Ces divergences auraient largement pu s'exprimer dans le cadre du Conseil national lançant notre congrès. Cela n'a pas été le cas. A minima, Marc aurait pu réserver aux militants du PG la primeur des raisons de son départ.

 

Ce choix est dans le droit fil d'un travail solitaire que nous ne pouvons que regretter. Si le PCF assume le statut d'autonomie de ses élus, et notamment de ses parlementaires, Marc a adopté le même principe avec le PG sans que nous ayons pu en discuter collectivement. Nous nous sommes ainsi retrouvés avec notre seul député faisant des choix différents de son parti sans que nous n'ayons pu en débattre. Cela a été le cas du vote en faveur des emplois d'avenir, de la BPI ou encore de l'abstention lors du vote final du budget. De ce point de vue, son regret que "l’élaboration de (notre) contre budget s’est faite sans concertation avec les groupes parlementaires" pourrait paraître pour du second degré quand on sait qu'aucun des groupes de parlementaires en question, Marc Compris, n'a cherché à se concerter avec le FDG ni le PG.

 

Venons-en au fond. Marc exprime des désaccords. Il nous reproche d'être devenus trop écologistes, trop dur avec le gouvernement et d'assumer notre confrontation avec le FN. C'est vrai, ce sont des divergences et nous les revendiquons.
Voyons-les plus en détail.
 

 

Vis à vis du PS et du gouvernement
Marc explique que le "PG s’est éloigné des fondements qui prévalaient lors de sa création" et nous accuse d'être trop dur avec le gouvernement et le PS. "L’objectif doit rester de faire bouger les lignes à gauche, déplacer son centre de gravité et la mettre sur une orientation qui permette de sortir de la crise. Je veux que la gauche réussisse. Je ne me résoudrai jamais à considérer que le gouvernement va échouer et que nous serons là à ramasser les morceaux. Si la social-démocratie devait s’effondrer, je crains que ce ne soit au profit de la droite extrême."

 

Nous sommes-nous éloignés de ce que nous disons en 2008 ?". Marc en tous en cas oui. Lisons sa déclaration avant le congrès du PS en 2008, à quelques semaines de sa sortie : "Nous ne pouvons que rejeter une nouvelle « déclaration de principes », (...) qui entérine le ralliement des socialistes français au capitalisme et leur alignement forcé sur la social-démocratie européenne (...) L’enjeu du congrès n’est pas de peser un peu à gauche sur une ligne social libérale. Notre tâche est de tout mettre en œuvre pour faire front contre la droite et le MEDEF, pour combattre leur politique de destruction sociale, pour offrir un débouché aux luttes et à la colère sociale, pour créer dès que possible les conditions d’une véritable alternative à gauche, d’un gouvernement rompant enfin avec les logiques libérales."

 

Résumons : le départ de Jean-Luc Mélenchon et de Marc Dolez s'explique donc par l'évolution sociale libérale du PS sur lequel, du coup, les deux responsables n’estimaient plus possible de peser. A cette évolution radicale du PS, ils en concluent à la nécessité d’opposer une véritable alternative à gauche. D'où la création, plus tard, du PG.

 

Que faisons-nous d'autre que d'appliquer aujourd'hui cette déclaration à un gouvernement PS qui met en application cette politique sociale libérale ?

 

Oui nous revendiquons de nous opposer à sa politique d'austérité et de chercher à construire une majorité alternative, deux termes repris aujourd'hui par l'ensemble du FDG.

 

C'est donc Marc qui a changé de ligne (cela explique peut-être d'ailleurs cette réponse étonnante sur les raisons qu'i l'empêchent aujourd'hui de retourner au PS : "parce que je l'ai quitté"...). A moins de considérer que ce gouvernement n'appliquerait pas aujourd'hui une politique sociale libérale ? Si Marc pensait cela nous serions du coup là aussi en désaccord. Mais nous relevons que Marc a du voter contre le TSCG (tout aussi grave que l'acceptation du traité de Lisbonne qui, pour Jean-Luc Mélenchon et lui, avait été le révélateur ultime de l'évolution sociale libérale du PS), la loi de programmation, le pacte de compétitivité etc... A priori donc Marc admet bien ce caractère social libéral. Dès lors peut-il faire comme si ce n'était pas le cas, comme si Ayrault appliquait cette politique parce qu'il serait davantage poussé par le MEDEF que par le mouvement social - il suffirait dans ce cas de pousser plus fort que MMe Parisot - et non du fait qu'il s'agit tout simplement de sa politique et celle de M. Hollande ?

 

Enfin, il induit que nos critiques radicales de cette politique sociale libérale favoriseraient un éventuel retour de la droite. C'est confondre les causes et les effets. D'ailleurs là aussi, cette fois dans la déclaration de sortie du PS cosignée avec Jean-Luc Mélenchon, Marc Dolez se faisait plus lucide en 2008 commentant le résultat du congrès socialiste d'alors : "Ainsi, les orientations qui dominent la social-démocratie européenne l’ont emporté alors qu’elles conduisent partout à l’échec". S'il y a risque de retour de la droite voir de l'extrême droite c'est bien en raison du contenu de cette politique sociale libérale du gouvernement et non des critiques qui lui sont faites. La majorité alternative anti-austérité que nous proposons de construire est justement faite pour éviter cette issue funeste.

 

Et puis il faudrait savoir : Marc Dolez ne peut nous reprocher de critiquer davantage le président (qui est au pouvoir), que la droite (qui ne l'est pas), et en même temps dénoncer que nous nous en prenions trop frontalement au FN...
 

 

Sur Hénin Beaumont et le FN
Sur Hénin Beaumont là encore nous ne sommes pas d'accord. Marc explique le fléchissement observé aux législatives par la seule campagne de JL à Hénin Beaumont. Nous pourrions lui dire que les 21 % obtenus au premier tour, soit, et de loin la meilleure progression d'un candidat FDG non sortant par rapport au résultat de la présidentielle, ne constituent pas un échec. Nous pourrions lui demander pourquoi il n'a pas contribué à une campagne nationale du FDG qui nous a, en effet, manqué à ce moment là. Mais surtout que propose Marc ? Sa réponse, là encore solitaire et contradictoire avec ce que disait alors son propre parti nationalement et sur place, est sans doute dans l'interview donné au JDD en octobre : à propos de l'éventuelle élection partielle à Hénin Beaumont (qui n'aura finalement pas lieu), Marc proposait que nous nous rangions au premier tour derrière le candidat socialiste sortant ! Nous aurions donc été amenés à supporter à la fois la politique sociale libérale et d'austérité du gouvernement en même temps que les pratiques délétères du PS local... La voie rêvée pour Marine Le Pen... En effet nous n'avons pas dans ce cas la même vision de ce qu'il faut faire pour s'opposer au FN.

 

L'écologie
Enfin, et oui nous le revendiquons,  le PG est bien un parti "écologiste, socialiste et républicain" comme affirmé depuis sa création. Et nous le mettons en pratique avec l'écosocialisme qui ne consiste pas à donner la priorité à l'écologie au détriment du social pour quiconque accepte de nous écouter ou lire sans oeillères. Faut-il rappeler à Marc que les changements et catastrophes climatiques et la pollution concernent souvent en premier lieu les classes populaires que rien ne vient protéger des dégâts sociaux et écologistes du capitalisme et du productivisme ?
 
Jean-Luc et le PG inaudible ?
Finissons-en sur le caractère supposé "inaudible" de Jean-Luc et du PG qui seraient "cornérisés à l'extrême gauche". Pour un parti inaudible et cornérisé, il y a eu pire que l'année 2012 non ? 12000 adhérents contre 2000 à sa création, 11% pour son co-président à la Présidentielle, à propos de laquelle Marc rend quand même hommage à Jean-Luc, et des retours divers qui n'indiquent pas cette marginalité. A ce titre, et avec toutes les précautions d'usage, le sondage qui met Jean-Luc à égalité avec Manuel Valls en tête des personnalités politiques de gauche que les français en général, ainsi que les électeurs de gauche en particulier, aimeraient voir jouer un rôle plus important dans les années à venir (LH2 du 14/15 décembre) montrent qu'il y a bien une concurrence entre les deux lignes à gauche que représentent JL Mélenchon et M. Valls mais en rien une "cornérisation". Je vous passe les différents bilans et classements de personnalités qui font florès en cette fin d'année qui indiquent la même tendance vis à vis de Jean-Luc et donc du PG (même les lecteurs des Inrocks !). Enfin les arrivées récentes de plusieurs socialistes, dont Michael Moglia, président de la commission des finances de la région Nord pas de Calais, montre que le départ de Marc est à contre-temps total.
 

 

Au final, nous comprenons difficilement les raisons de l’évolution de Marc. Nous les regrettons bien sûr. Elle traduit peut-être l'incapacité, ou le refus, au final à faire le saut dans un monde en plein bouleversement et d’en tirer toutes les conséquences.
Par Eric Coquerel
Secrétaire National du PG
Co-fondateur du PG
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Commentaires
B
Au FdG, j'ai remarqué que ceux avec qui je me suis le mieux entendu, ce sont ceux de GU : ils ne sont pourtant pas les plus nombreux.
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M
Il y a quelque chose à clarifier à propos de Moglia et du ralliement à son goupe de 2 FDG dont L Sauvage au détriment du groupe FDG<br /> <br /> Même le PCF de la haut parle de trahison
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B
C'est clair : avec de pareilles déclarations Dolez n'a plus grand-chose à voir avec le front de gauche, et particulièrement avec le PG. Je crains une position uniquement politicienne....
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P
Il me fait penser à Besson en 2007 ! Un socio traitre ..bon vent !
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