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11 janvier 2013

Pas de Porte à vendre

Sur @si

 

 

09h15 le neuf-quinze

Par Daniel Schneidermann le 10/01/2013

400 000 euros. C'est la somme que vient de refuser Didier Porte, notre Didier Porte, pour une campagne publicitaire de Peugeot. Il s'agissait (c'est lui qui le raconte, et dans Le Monde, rien que ça) d'être "la voix de Peugeot", dans les pubs radio, tout au long de l'année. La proposition de départ était plus modeste: 340 000. Mais comme l'indique Didier, cette proposition était une base de négociation.

400 000 euros, 20 000 euros l'heure de travail, 50 euros le poil de barbe, cela met la valeur marchande de Didier quasiment à celle d'un demi Dany Boon (le point de comparaison étant le cachet de Dany Boon pour quelques minutes dans le dernier Astérix). Pas mal, pour un type qui n'est même pas Chti, a été viré de presque partout, et n'a trouvé refuge que sur Mediapart et chez nous -ainsi que sur RTL, il est vrai. Re-visionnez toutes les chroniques de Didier, et songez que vous dégustez un produit de luxe (et qui se bonifiera avec le temps). Et dire que nous vous proposons cette chronique chaque semaine (ou presque, hum, le produit de luxe prend beaucoup de vacances) pour un tarif d'abonnement dérisoire !

La question qui s'impose à mon esprit mal placé est: mais pourquoi cette firme automobile est-elle allée chercher Didier Porte, alors que le marché est encombré de gagmen, de sketcheurs, de chroniqueurs, de comédiens plus ou moins rigolos, qui se baladent du plateau de Drucker à celui de Ruquier, sans parler des footballeurs, des tennismen ou des coureurs automobiles, et qui auraient accepté à toutes jambes ? Pourquoi lui ? Qu'est-ce que Peugeot (outre son immense talent bien entendu) est prêt à payer si cher en achetant la "marque" Didier Porte ? Peugeot vise-t-il le segment des automobilistes bougons et crypto-gauchistes, seuls susceptibles désormais d'acheter gaulois, et de résister à la concurrence coréenne ? Ou, plus simplement, Peugeot, qui peut se payer tout le monde, rêve-t-il d'acheter la seule substance, la seule valeur qui ne soit pas à vendre: l'intégrité ?

Sans réponse évidente à cette question torturante, savourons, pour une fois, le plaisir d'être cueillis au réveil par une bonne nouvelle. Comme le rappelle ces jours-ci le fameux manifeste de la revue XXI, qui déchaine toute la profession (et sera le sujet de notre émission de la semaine), le bras d'honneur, le franc et joyeux bras d'honneur, est une réponse parfaitement possible à l'emprise de la pub. Et peut-être bien la seule.

Coluche bras d'honneur

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