"Tu es Chavez", proclame le slogan officiel. "Nous sommes tous Chavez", reprend la foule immense venue manifester devant le Palais présidentiel de Miraflores son soutien au président vénézuélien, ce jeudi 10 janvier. Réélu pour la troisième fois consécutive en octobre dernier, Hugo Chavez, 58 ans, aurait dû prêter serment pour un nouveau mandat de six ans. Mais il est depuis un mois hospitalisé à Cuba.
"Uh ah, le commandant ne s'en va pas", scandent les dizaines de milliers de manifestants en t-shirt rouge, couleur de la révolution bolivarienne. Sur l'estrade, discours et orchestres se succèdent. Trois chefs de l'Etat latino-américains, l'Uruguayen José Mojica, le Bolivien Evo Morales et le Nicaraguayen Daniel Ortega assistent à cette cérémonie d'investiture symbolique, organisée par le Parti socialiste unifié du Venezuela.
"CONTINUITÉ ADMINISTRATIVE"
Le vice-président Nicolas Maduro lit une "déclaration collective de loyauté à Chavez et à la patrie", reprise en chœur phrase par phrase par la foule. Mercredi, le Tribunal suprême de justice (TSJ) a autorisé le report de la prestation de serment "à une date ultérieure", au motif qu'Hugo Chavez est un président réélu. En vertu "du principe de la continuité administrative", l'actuel gouvernement et le vice-président Nicolas Maduro ont été autorisés à rester en place.
L'Assemblée nationale a pour sa part autorisé le président Chavez à prolonger son absence "aussi longtemps que nécessaire". De source officielle, le chef de l'Etat, qui lutte contre un cancer, est dans un état "stationnaire". Il souffre depuis plusieurs jours d'une insuffisance respiratoire, conséquence d'une grave infection pulmonaire. Au nom du respect de la "vie privée" du chef de l'Etat, le gouvernement refuse d'en dire plus.
"J'ai voté Hugo Chavez en octobre dernier. Je suis là pour faire respecter mon vote et la Constitution, explique Tibisay Villalba, assistante sociale, en brandissant le petit livre bleu de la loi fondamentale. Si la droite croit qu'elle va pouvoir se débarrasser de Chavez parce qu'il est malade, elle se trompe". Ministres, gouverneurs, toutes les figures du chavisme sont sur l'estrade. Lors des élections régionales du 16 décembre, le PSUV a remporté 20 des 23 états que compte le pays.
ATTITUDE CONCILIANTE
"Nous sommes là pour rappeler que nous sommes la majorité", résume José Peña, militant du PSUV. Selon le leader de l'opposition et ex-candidat présidentiel Henrique Capriles, le TSJ a interprété la Constitution "pour faciliter les choses au gouvernement". Tout en jugeant la décision "regrettable, parce que les institutions ne devraient pas être au service d'un parti", il a exclu d'appeler l'opposition à se mobiliser contre la décision du TSJ. "C'est maintenant à vous d'assumer la responsabilité du pouvoir", a lancé M. Capriles à M. Maduro, reconnaissant de fait la légitimité du gouvernement actuel.
Une partie de l'opposition lui reproche son attitude conciliante avec le régime. "Personne ne conteste qu'Hugo Chavez a été élu. Mais ce n'est pas lui qui gouverne aujourd'hui. Moi, j'appelle cela un coup d'Etat", résume un militant de la Table d'Unité démocratique (MUD) qui réunit tous les partis d'opposition. Ce qu'il voudrait ? "Une preuve de vie" du président.