VIDÉO. Fabius n'est pas un ministre normal

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Dans "Politique première" sur BFMTV, Anna Cabana, grand reporter au "Point", décrypte pourquoi l'ex-Premier ministre entend être le deuxième visage de la France

 08:17 - Modifié le 21/01/2013

Laurent Fabius, chef de la diplomatie française. © Olivier Hoslet / Maxppp

Vous voulez nous parler de Laurent Fabius. Vous étiez ce samedi avec lui à Abidjan pour le sommet extraordinaire - consacré au Mali - des États d'Afrique de l'Ouest. Ce n'est pas facile pour Laurent Fabius d'exister sous François Hollande, surtout depuis que le président est devenu un chef de guerre...

Laurent Fabius entend être le deuxième visage de la France engagée dans la guerre contre le terrorisme. Le deuxième, parce que Hollande est le premier. Mais, attention, pas question pour l'ancien Premier ministre d'être le subordonné du président. Je vais vous raconter une anecdote : vendredi soir, à minuit, dans le salon 500 de l'aéroport d'Orly, une petite délégation attendait Fabius pour monter dans le Falcon qui devait nous emmener à Abidjan. Tout le monde était là, sauf la conseillère Afrique de l'Élysée, qui était à Roissy, et non à Orly, car le lieu de décollage avait changé au dernier moment et qu'elle ne l'avait pas su à temps. Quand Fabius arrive, son équipe lui dit que la conseillère de Hollande ne sera là que dans quarante-cinq minutes, le temps d'arriver de Roissy sous la neige.

Qu'a-t-il répondu ?

Il a simplement dit à son équipe : "Appelez-la. Dites-lui qu'on va partir." Aucun autre ministre n'aurait décollé sans attendre le conseiller de la présidence de la République. Ça, c'est Fabius ! Il ne sera pas dit qu'il est un ministre comme les autres. Et au cas où ce ne serait pas clair pour tout le monde, il n'hésite pas à le souligner, comme hier, sur Europe 1 : "Vous vous rappelez que j'ai été Premier ministre ?" Il ne rate pas une occasion de signaler qu'il est aguerri. À Abidjan, samedi, il était ravi de pouvoir dire "je vais voir les collègues", alors qu'il s'agissait d'un sommet au niveau des chefs d'État et de gouvernement... Il fallait le voir prendre un président africain par l'épaule, en embrasser un autre. Il les tutoie, les connaît tous. Mieux que Hollande...

Mieux que Hollande ?

J'ai assisté à une scène édifiante, en octobre, à Kinshasa. Hollande se rendait au 14e Sommet de la Francophonie. À l'arrivée au Palais du peuple, sur le tapis rouge, devant les caméras du monde entier, Hollande serre la main d'Abdou Diouf. Juste derrière, Fabius, lui, claque la bise à Abdou Diouf. L'effet contraste était presque humiliant pour Hollande. Le message est limpide : Fabius n'est pas un ministre normal !

Ça se passe comment entre Hollande et lui ?

Fabius ne le traite plus de "fraise des bois" ! Écoutez ce qu'il dit désormais. C'était hier sur Europe 1 : "Il est pleinement à la hauteur de sa mission." Hors micro, dans l'avion de retour d'Abidjan, il s'est montré un peu moins emphatique, mais tout de même positif : "Je le vois agir, je crois qu'il fait ce qu'il faut, ce qu'il doit faire." Il y a quelques mois, il nous confiait : "Le lien avec Hollande se fait très bien. Il ne peut pas tout faire. Ça me laisse de l'espace." Les mariages de raison sont parfois les plus pérennes.

La video : ICI

Chaque matin, à 6 h 50 et à 7 h 50, Anna Cabana, grand reporter au Point, décrypte sur BFMTV les coulisses de la politique.