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4 février 2013

Réflexions sur l’opération militaire française au Mali

 

Sur FRENCH RUVR

 

 

4.02.2013, 13:53, heure de Moscou
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Photо: EPA

La France vient donc de s’engager dans une opération militaire au Mali malgré les déclarations de son président François Hollande qui affirmait pourtant encore récemment que: « la France n’interviendrait pas au Mali ».

Apres la Libye et la Cote d’Ivoire c’est la troisième opération militaire du pays en moins de deux ans, sous deux majorités présidentielles différentes. L’opération militaire en Libye, était destinée à aider « l’opposition Libyenne » à renverser le tyran Kadhafi alors qu’au Mali, le président français prétend lutter contre les « terroristes ». Une rhétorique identique à celle qui, très curieusement, est reprochée au président syrien Bachar al-Assad, qui lui aussi affirme mener une guerre contre les terroristes, puisque la montée en puissance et l’omniprésence des djihadistes n’est plus aujourd’hui contestée par personne, voir ici, ou encore par exemple. Une seule rhétorique mais deux poids deux mesures ?

La nébuleuse terroriste qui opère dans le nord du Mali et que l’armée française combat comprend deux mouvances distinctes. Il y a tout d’abord une mouvance Touareg transnationale puisque le « Touaregistan » recouvre un vaste espace partagé entre la Libye, l’Algérie, le Nord du Mali, le Burkina Faso et le Niger. Les combattants du MLNA, créé en octobre 2011, ont profité des retombées de la révolution libyenne. Les milliers de Touaregs auparavant enrôlés dans l’armée libyenne se sont en effet réfugiés dans le Sahel à la chute du régime, emportant avec eux leurs armes, et on peut l’imaginer, beaucoup de matériel militaire. Mais dans les faits, les conquêtes militaires de cette nébuleuse Touareg s’est accompagnée de la montée en puissance d’une autre mouvance, salafiste celle-là. Il y a tout d’abord Ansar Dine, un groupuscule armé salafiste créé en décembre 2011 et qui œuvre main dans la main avec Al-Qaïda au Maghreb islamique. Al-Qaïda au Maghreb islamique est une organisation islamiste formée en 2007, anciennement connue sous le nom de Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), qui était issu du GIA algérien. De quelques centaines de membres en 2010, les effectifs de cette nébuleuse salafiste du Nord Mali sont estimés a désormais plusieurs milliers d’hommes selon le centre français de recherche sur le renseignement et bénéficierait du soutien direct du Qatar.

Il s’agit d’ailleurs d’un curieux pied de nez de l’histoire que le vieux rêve de Kadhafi de créer un « Grand Sahara » constitué d’une fédération Touarègue panafricaine, soit actuellement mis en œuvre avec l’aide de ceux-là mêmes qui sont à l’origine de sa chute. En créant la « légion Islamique », le guide à l’époque où il se voyait président des États-Unis d’Afrique avait sans doute déjà commencé à semer les graines du chaos à venir. Le parcours assez surprenant d’Iyad ag Ghali est à ce titre révélateur, tout autant que celui de Mohammed Ag Najem, chef opérationnel du MNLA, et ancien colonel de l'armée libyenne qui a quitté la Libye avec armes et bagages peu de temps avant la mort du colonel Kadhafi.

Il est évident que sans l’intervention française, un nouvel Etat islamiste serait apparu sur la carte du monde, englobant le Mali mais pas seulement : une sorte de « Touaregistan islamique » dont on imagine mal comment sans la présence occidentale il ne finira pas par apparaître, tant le niveau des armées nationales africaines concernées est inapte à faire face à des djihadistes motivés, bien équipés et bien formés. C’est la question qu’il faut sans doute se poser aujourd’hui et que se pose le journaliste Boris Toumanov : le Mali deviendra-t-il l’Afghanistan d’Afrique ? Il est en effet fort plausible que le Nord Mali se transforme en une sorte de grand no man’s land (de 220 000 km2), un no man’s land qu’on imagine mal pouvoir être occupé ou même nettoyé, et duquel la guérilla harcèlera probablement les troupes françaises, attentant patiemment leur départ des villes pour pouvoir les réoccuper.

Ce samedi, lors de la visite de François Hollande au Mali, nombre de voix se sont déjà fait entendre pour exhorter les français à rester au moins plusieurs mois pendant que celui-ci affirmait au contraire que la France n’avait pas vocation à rester. Enfin il est fort possible d’imaginer que la présence de « croisés » au cœur du Mali devienne un motif d’engagement à prendre les armes pour de nombreux djihadistes. Très récemment du reste, des mercenaires salafistes qui combattent en Syrie contre l’Etat syrien ont affirmé qu’il fallait activement soutenir les frères d’Islam maliens. Est-ce le début d’un grand Jihad en Afrique noire contre la décroissante présence militaire française en Afrique ?

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